L'Or, Blaise Cendrars : Fiche de lecture
Publié le 20/11/2018
Extrait du document
L'Or
C’est peut-être le roman le plus représentatif de cette nostalgie du sacré, du conflit entre l’aspiration à un idéal et la nécessité d’accumuler des biens matériels pour survivre dans une société où la loi de la jungle s’est substituée aux valeurs morales : la civilisation américaine issue de la ruée vers l’or en est le symbole.
Synopsis. — 6 mai 1834 : c'est le début de la « merveilleuse histoire du général Johann August Suter». Il vient d'abandonner sa femme et ses quatre enfants en Suisse et s'embarque pour le Nouveau Monde (I). Il vit quelques années près ce Saint Louis, puis réalise soudain tous les biens qu'il a laborieusement amassés, pour se diriger vers l'Ouest (II). Au cours d'un long et dangereux voyage, tous ses compagnons de route meurent ou abandonnent (III). Il arrive cependant à San Francisco (IV), s'y installe (V), et sa prospérité débute par des procédés plus ou moins audacieux et immoraux. Il trouve enfin la richesse et la paix intérieure. C'est alors qu'il rappelle sa famille auprès de lui (VI). Janvier 1848 : on a trouvé de l’or sur ses terres (VII); alors commence la ruée (VIII). La fièvre s'empare de tous, et Johann Su’er se trouve ruiné par les pillages, la folie généralisée, les meurtres, etc. (IX). Au comble de l'abattement, il se réfugie dans une de ses fermes (X), mais, lorsque sa famille le rejoint enfin, il est trop tard : sa chute est consommée (XI). Le procès retentissant qu'il intente à l'État pour recouvre - ses biens, dilapidés par les chercheurs d'or, est voué à l’échec (XII).
«
FICHE DE LECTURE: L'OR De BLAISE CENDRARS
« La merveilleuse histoire du général Johann August Suter ».
Histoire merveilleuse en effet, conquérante etpitoyable, sereine et désespérante ; l'aventure même d'une vie bien trempée.
Né le 15 février 1803 dans le Grand-Duché de Bade, J.-A.
Suter, « banqueroutier, fuyard, escroc » qui a abandonné femme et enfants, décide, à trente-et-un ans, de pacifier la Californie, alors terre mexicaine « infestée » de brigands et d'Indiens, et d'y faire prospérerun immense domaine : La Nouvelle Helvétie.
Colonisateur milliardaire, il se voit ruiné en 1848 par le coup de pioched'un de ses charpentiers : découverte de l'Or, ruée vers l'Or, San-Francisco ! Gong et glas, c'est la déroute dugénéral J.-A.
Suter, l'humiliation, la ruine, l'Apocalypse.
Justice ne sera jamais rendue au vieux fou qui harcèle leCongrès de Washington ; il meurt à soixante-dix-sept ans, croyant néanmoins triompher, bafoué — une dernière fois— par de jeunes voyous.
Chronique d'une vie exceptionnelle, épopée d'un nouveau monde, cette biographie, ce conte, Blaise Cendrars l'aécrit en une suite de courts tableaux, tels les morceaux d'une rhapsodie follement « lévitée ».
Travaillant sur desnotes rédigées à Paris en 1910, 1914, 1917, il composa la version définitive de « L'Or » en un mois (du 22-11-24 au31-12-24) au Tremblay-sur-Mauldre (Ile de France).
Œuvre fabuleuse qui, loin de rendre hommage à l'or et ses «pauvres pouvoirs », salue un individu, sa liberté, son combat, ses rêves.Lire « la merveilleuse histoire du général J.-A.
Suter », c'est retrouver une chanson de geste, populaire, fervente,glorieuse jusqu'en ses défaites.
Né, assure-t-on, non à la Chaux-de-Fonds (Suisse) mais à Paris en 1887, Blaise Cendrars a délibérément brisé avecla tradition de l'homme de lettres.
Poète aventurier, « tournant dans la cage des méridiens », il était, insatisfaitautant qu'agité et lucide, un contemplatif, « espèce de brahmane à rebours ».
Ce témoin du monde moderne,défricheur de terres, bâtisseur de livres, maître et ami des artistes, des auteurs les plus révolutionnaires du siècle,laisse une oeuvre de poète (La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, 1913), de romancier(Moravagine, 1926), d'autobiographe (Bourlinguer, 1948).
La vieillesse, simplement bohème et travailleuse, de BlaiseCendrars — décédé à Paris en 1961 — a été celle d'un homme accusant la folie meurtrière du temps : uneamputation, deux guerres, la mort d'un fils.
C'était l'heure des « Œuvres complètes ».
La journée vient de finir lorsque, le 6 mai 1834, les habitants du petit village de Rünenberg, près de Bâle, voient unétranger pénétrer dans la maison du Syndic.
Johann August Suter en ressort presque aussitôt et disparaît sur laroute qui mène au chef-lieu du canton.
Il vient d'abandonner sa femme et ses quatre enfants.
Il traverse la frontièresuisse; la faim le tenaille et il n'a plus un thaler en poche.
A trente et un ans, ce petit-fils du fondateur de ladynastie des « Suter, papetiers » gagne Paris où, sur présentation d'une fausse lettre de crédit, il empoche unegrosse somme et se dirige vers Le Havre où il embarque à bord de L'Espérance pour New York.
Au pays, onn'entendra plus parler de lui et sa femme restera quatorze ans sans recevoir de ses nouvelles.
A peine arrivé, il sefait embaucher par Hagelstrom chez qui il est garçon livreur, empaqueteur et comptable.
Trois mois plus tard, ilpénètre plus avant dans la ville, exerce quantité de métiers, franchit l'eau, ouvre un mastroquet dans un faubourget se tient au courant de la progression des caravanes du Middle West jusqu'au jour où, deux ans plus tard, il partpour St-Louis, capitale du Missouri.
Il s'installe, ouvre sa maison aux voyageurs, retient leurs récits, les classe, lescompare, jusqu'à l'« illumination »; il faut partir vers l'Ouest, au-delà des territoires des Peaux-Rouges, vers laCalifornie.
C'est un pays d'une richesse incroyable qui n'attire encore l'attention de personne.
Il faut oser...
Sutergagne Fort Van Couver et s'embarque sur le Columbia à destination des Iles Sandwich.
Arrivé à Honolulu, il associequelques trafiquants à son projet d'envoyer de la main-d'oeuvre canaque en Californie et d'y fonder une colonieprospère.
L'affaire faite, il s'embarque sur une goélette russe et après un
voyage épuisant, gagne enfin San Francisco.
Des huttes en terre battue, des cochons bleus qui se vautrent ausoleil, voilà ce que Johann August Suter vient de conquérir.
Le moment est bien choisi.
La Californie appartient auMexique et était, jusqu'en 1832, gérée par les établissements religieux.
Malheureusement, la république de Mexicovoulant s'approprier les richesses des Franciscains déclara leur avoir propriétés de l'Etat, et ce fut le déclin.
Suterse présente au gouverneur Alvarado et acquiert une concession de dix ans.
Les premiers Canaques débarquent.
Enpeu de temps, le héros bâtit ce qu'il appelle la Nouvelle Helvétie.
Un territoire énorme et prospère : 4 000 boeufs, 1200 vaches, 1 500 chevaux, 12 000 moutons.
Les moissons rapportent du 530 %, c'est la richesse.
Il est accréditéauprès des plus importantes banques des Etats-Unis et d'Europe et, en récompense de ses services, se voit offrir un« vingt-deux heures carrées » de terre par le gouvernement mexicain.
Il fait venir des pieds de vigne d'Europe,songe à faire venir sa famille.
Rêverie, calme, repos.
Janvier 1848, le charpentier qui présidait à la construction desmoulins découvre l'or.
Aussitôt, tous les ouvriers commencent à se sauver, les moulins s'arrêtent, les blés sontabandonnés et, au fond de la baie, une ville inconnue s'édifie tandis qu'au large, la mer est pleine de vaisseaux :c'est la ruée vers l'or.
La ruine de Suter.
Tous les jours, de nouveaux gisements sont découverts, les chercheursd'or affluent de partout.
En moins de dix ans, San Francisco est devenue une des plus grandes capitales du monde.La plantation de Suter, son domaine sont au centre des laveurs d'or.
Suter s'est retiré dans son ermitage et, malgréune première révolte, a baissé les bras.
Tous ses hommes, considérant que l'on gagne plus aux mines, l'ont.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- PROSE DU TRANSSIBÉRIEN ET DE LA PETITE JEHANNE DE FRANCE (La) de Blaise Cendrars : Fiche de lecture
- OR (L’) de Blaise Cendrars : Fiche de lecture
- Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, la [Blaise Cendrars] - Fiche de lecture.
- Or, l' [Blaise Cendrars] - Fiche de lecture.
- FICHE DE LECTURE: L'OR De BLAISE CENDRARS