LocKE : Lettre sur la tolérance - Deux Traités sur le gouvernement civil - Essai sur l'entendement humain
Publié le 14/10/2013
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C'est pourquoi Locke compare le savoir moral avec les autres savoirs. Il existe deux ordres de savoir : d'abord le savoir qui résulte des idées, qui progresse par analyse de ces idées et par mise en rapport expli¬cite des composants ainsi dégagés — à peu de chose près ce que l'on appellera plus tard la connaissance analytique ; l'autre forme de savoir réunit des idées que l'expérience nous pousse à associer mentalement (nous les trouvons unies dans la réalité) — ce savoir correspond à peu de chose près à ce que l'on appellera plus tard le savoir synthétique. Or, de ces deux formes de savoir, seule la première peut être démonstrative, et donc certaine ; la seconde repose sur des constatations factuelles, occasionnelles, non généralisables : le savoir courant, les sciences naturelles, la physique et la pru¬dence morale relèvent de cette forme de savoir seule¬ment probable. Pour être démontrable, la morale théorique doit donc suivre la première méthode, celle que Locke appelle connaissance au sens strict, et qui ne se trouve, selon Locke, que dans la géométrie. Tout l'enjeu de l'ouvrage, et surtout du livre IV, est ...
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414 GRADUS PHILOSOPHIQUE
ressant de découvrir que nos thèses modernes avaient
un fondement bien classique.
Comprendre Locke,
c'est comprendre, par différence, notre propre tolé
rance,
notre propre libéralisme, et notre propre façon
d'être empiriste.
Délaissant les
Pensées sur l'éducation, deux traités
économiques et des études bibliques, délaissant aussi
les écrits
de circonstance appelés par son travail de
gestionnaire
de colonies américaines ou son travail de
médecin,
nous nous en tiendrons à la lecture de la
première de ses
Lettres sur la tolérance (1689), des Deux
Traités sur
le gouvernement civil ( 1690), de l 'Essai sur
l'entendement humain
(1690).
Pour comprendre l'orientation de ces œuvres, il est,
pour une fois, utile de prendre une perspective biogra
phique.
Locke a fort mal vécu
en effet les troubles
politico-religieux
qui ont secoué l'Angleterre entre
1641 et 1689 ; aussi a-t-il souhaité réfléchir sur ces
événements, intervenir
sur leur cours; et c'est dans
cet esprit qu'il rédige.ses œuvres, comme un amateur
qui se spécialise pour traiter jusqu'à la racine le mal
qui l'afflige.
Un véritable philosophe, en somme.
Cent cinquante ans avant la Révolution française, la
première Révolution anglaise
met en procès et exécute
un roi, et dans ce conflit se joue la primauté du roi ou
du Parlement.
Mais'le conflit a aussi des caractères de
guerre
de religion -conflit entre d'un côté une Église
établie, avec sa hiérarchie, sa
conception du salut et
des rites obligatoires, et de
l'autre une religion du
cœur forcément individualiste, puisque chaque
croyant possède en lui seul l'inspiration divine et l'au
torité pour juger de tout comportement moral, reli
gieux et politique.
Et enfin, pour compliquer le tout,
politique
et religion se mêlent en conflit de pouvoirs :
entre le roi, le
Parlement et la hiérarchie religieuse,
qui a autorité pour gouverner l'Église ? Entre une
organisation sociale qui impose une pratique religieuse
uniforme
et un spontanéisme individualiste qui accroît
les rivalités, le clivage est aussi bien religieux
que poli
tique, moral qu'épistémologique.
Après la phase révo-.
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