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Livre VI : « La stabilité est assurée » (choix de poèmes)

Publié le 16/03/2015

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RÉSUMÉ

PIÈCE V, « ÉBLOUISSEMENTS «. Le titre du poème est ironique puisque le poète est ébloui par « la perfection « des « gredins immondes « qui peuplent ce règne qu'il a sous les yeux. « Cette bande s'embrasse et se livre à ses joies «, mais dans l'ombre elle commet des assassinats (« Et le soir on entend.../Quelque chose sauter dans des paniers sanglants «), tandis que sur son île, à Jersey, le poète entrevoit « un cheval effaré qui hennit dans les cieux ! «.

PIÈCE VIII, « Aux FEMMES «. Dans ce poème, le poète fait part de son admi-ration pour les « femmes « qui, presque seules, ont osé huer le tyran tandis que le peuple français, jadis invincible, «tremble aujourd'hui, pâlit, frissonne comme l'herbe «. Et ce n'est pas pour rien que « Gloire « et « Liberté « sont naturellement du féminin.

PIÈCE XI, « LE PARTI DU CRIME «. Ce poème est un appel au peuple pour ren-verser Louis Napoléon, cet « assassin de la chose publique « : il faut se sou¬venir de son crime et de la République abattue, des morts et des proscrits. Enfin, le poète et ses amis déclarent préférer voir couler leur propre sang plu¬tôt que de croupir dans la « boue « de l'Empire.

PIÈCE XIII, « JUVÉNAL «. Le poète s'adresse à Juvénal sur un ton ironique et bonhomme ; il le prend comme témoin des nouvelles vérités auxquelles veulent croirent et faire croire les bien-pensants ; ainsi il existe des miracles qui trans-forment le mal en bien (1), le coup d'État de décembre est recouvert par la pros-périté économique (2), la raison et la justice sont deux vieilles qui bougonnent dans un coin (3) ; il faut aussi éviter de faire un absolu de la Vérité (4). Tous ces aphorismes sont diffusés par les prêcheurs hypocrites (5) mais le rôle des poètes-penseurs n'est-il pas de regarder « au-dessus de ce monde « ? (6). Il convient donc de ne pas intervenir dans le siècle puisque « La fange a ses amants et l'ordure ses prêtres « (7) : jadis les aigles criaient aux héros « vous êtes nos pareils «, « aujourd'hui les hiboux acclament Lacenaire « (-Napoléon) (8). Importune est la conscience qui aboie devant tant d'infamies (9).

PIÈCE XIV, « FLORÉAL «. Dans un premier temps, le poète, sensible au renouveau de la nature, se laisse envahir par les « émotions sacrées «, mais il suffit qu'il sorte de sa poche un journal pour qu'il ait sous les yeux le «peuple à la torture « et qu'il dise aux oiseaux de se taire. Enfin, il maudit tous ces bandits qui ont fomenté le coup d'État car ils le tirent de cet état de douceur et remplissent « de haine un coeur qui déborde d'amour «.

PIÈCE XV, « STELLA «. Le poète raconte comment, après une nuit passée près de la grève, apparut devant ses yeux « l'étoile du matin «, semblable à « une âme à travers une perle «, qui perce l'obscurité. L'étoile s'adresse au poète en lui signifiant qu'elle est la « Poésie ardente «, qu'elle annonce un

· monde nouveau (« Je suis ce qui renaît quand un monde et détruit «) et se pré-sente finalement comme celle qui annonce « l'ange Liberté « et « le géant Lumière «.

« F C H E S Œ U V R E S -LA STABILITÉ DU SÉPULCRE La stratégie de Louis Napoléon, selon Hugo, est de faire oublier que son sacre a commencé par un massacre : «Tout à coup des brigands firent une tuerie/( ...

)/ Napoléon-le-Nain en sortit».

Le règne trempe donc dans ce sang versé (VIII).

Un autre moyen de trouver une légitimité c'est, par un renversement hypocrite des rôles, d'accuser les opposants au coup d'État: «C'est nous, proscrits frappés par ces coquins hardis,/ Nous les assassinés, qui sommes les bandits! » (XI).

Enfin, utiliser le nom de Napoléon est encore une manière de se dissimuler en usurpant l'image d'un véritable empereur («Te voilà, nain immonde, accroupi sur ce nom», I).

À l'étouffement de toute vérité imposé par l'homme-sépulcre répond la voix du poète qui ne supporte pas les « crimes sans châtiments » (XIV).

Il -LE MÉLANGE DES TONS Dans ce livre VI, on remarquera à nouveau la variété des tons qui sont sollicités pour appeler la France et son peuple à réagir : la pièce VI, « ceux qui dorment » est donc un appel aux armes.

Mais le poète joue aussi de bien d'autres tonalités : on entend l'hymne pathétique des transportés, proscrits stoïques qui sont séparés de ceux qu'ils aiment (Ill), mais aussi la satire qui tourne à la caricature, en parti­ culier dans la pièce V lorsque les formules de !'excès, où se mêlent termes concrets et abstraits, définissent les débuts de l'Empire ( « Embonpoint de la honte! époque callipyge' »).Plus subtilement dans la pièce XIII,« Juvénal», s'exprime une iro­ nie feutrée ou amère:« Que vient-on nous parler d'un crime de décembre/Quand nous sommes en juin! l'herbe a poussé dessus ».

À l'inverse, dans le style « sé­ rieux », on remarquera surtout le style prophétique de « Stella ».

Mais les poèmes ont généralement plusieurs« couleurs» stylistiques : «Floréal» (XI) mêle l'ironie et le lyrisme bucolique pour se terminer par une malédiction.

Ill -l' ASCENSION Tout un ensemble d'images relève d'un schéma d'élévation et d'ascension avec des intentions diverses.

Il peut s'agir simplement d'images à valeur essen­ tiellement décorative : on voit ainsi !'Océan « chanter un hymne immense à Vénus qui se lève» (mais lui-même est en attente de sa propre« élévation» interne qui est la marée-révolution, IX).

On distinguera par ailleurs des images d'ascen­ sion burlesque où l'on voit Napoléon III faire traîner son fiacre« aux chevaux du soleil » (I) ; de même dans la courte pièce X où !'on voit dans !'alambic « le neveu qui descend pendant que l'oncle monte».

Mais la plupart du temps, comme dans «Luna» (VII) et« Stella» (XV), il s'agit d'ascension symbolique mettant en scène un astre quis' élève solennellement dans les cieux et doit éclairer« demain ».

Sans doute la plus travaillée de ces images est celle d' « Applaudissement » ou la France s'élancera d'autant plus haut qu'elle est, pour lors, au plus profond de l'abîme.

Enfin, dans le même registre d'excellence, on remarque des figures comme« l'ange Liberté» (XV) ou saint Michel archange (VIII).. »

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