L'INDIGENT PHILOSOPHE DE MARIVAUX (résumé et analyse)
Publié le 17/01/2015
Extrait du document


«
la mauvaise idée d'être déserteur -
délit
pour lequel on encourait la peine
de
mort - ainsi que celle de ne pas sur vivre à son succès.
En effet, si son his
toire est celle d'une ascension sociale,
sa situation de gueux au moment de sa
narration évoque une chute peu glo
rieuse.
Ainsi l'itinéraire des deux hom
mes se croise et se ressemble dans leur
devenir miséreux
et pourtant peu misé
rable.
Etc' est là que commence la sub
version ...
Est-il pensable qu'un homme
déchu soit heureux?
Car ces compères sont effectivement
heureux malgré leur
dénuement; les
gambades qu'ils
se rendent en guise de
politesse, les pintes de vin qu'ils boi
vent, moins pour être joyeux que parce
qu'ils le sont, cette satisfaction que
le
philosophe tire d'un rien sont autant
d'insultes
à la conception que les lec
teurs ont du bonheur.
L'indigent phi losophe ne regrette pas d'avoir dilapidé
son bien et
sa pauvreté ne le mène pas
sur
le chemin de la nostalgie:« je suis
pauvre au souverain degré, et même un
pauvre
à peindre, car mon habit est en
loques ( ...
) Dieu soit loué, cela ne
m'empêche pas de
rire», ni sur celui
du repentir :
« si j'avais à recommen
cer, si on me remettait dans mon pre
mier état, j'aimerais mieux faire des
folies ruineuses, qui seraient du moins
gaies pendant qu'elles
dureraient».
De même sa pauvreté, au lieu de lui
être source de souffrance parce que
source de privations, lui apporte une
nouvelle façon de voir le monde plus
lucide, parce que plus dépouillée et
débarrassée de la vanité.
« Ce n'est pas
le
tout d'être pauvre( ...
), il faut savoir
en faire son profit :
et tel que vous me
voyez,
je ne prise l'estime des hommes
UN PRÉCURSEUR DE JACQUES LE FATALISTE
que ce qu'elle vaut.» Ceci dit, le nar
rateur rappelle que la pauvreté n'est
pas
obligation: «la pauvreté est une
cérémonie que l'on peut retrancher ».
L'indigent philosophe, en évacuant le
mythe de Diogène, s'éloigne à nouveau
d'une pensée établie.
Suprême scandale, quand le
narra
teur indique qu'il doit sa vertu à
l'obligation où il s'est trouvé d'être
vertueux! Désargenté, ayant perdu
fière allure, il ne plaît plus :
il devient
chaste par la force
des choses, et s'il
s'abstient de toutes sortes
de plaisirs,
c'est faute de
pouvoir se les offrir.
Sa
conduite vertueuse est une véritable
insulte
à la vertu du monde, parce
qu'elle dénonce sur
un mode grotes
que ses propres mécanismes.
« Pour
moi, qui n'ai pas le sou, l'inutilité de
me laisser tenter m'est démontrée; je
brise avec la tentation, et je me dévoue à la continence par force; de là, je
tâche de m'y dévouer par vertu; et
ainsi, de main
en main, et pour ainsi
dire par cascade, j'arrive à traiter cet
article-là assez
chrétiennement; on
appelle cela faire son salut cahin
caha.»
À ce personnage extravagant, et à
maints égards insoutenable, répond
une écriture désinvolte qui affiche son
insouciance et
sa liberté.
Il s'agit
d'écrire avant
tout pour se faire rire
soi-même :
le lecteur est tant discrédité
qu'il en devient superfétatoire.
Le texte
protéiforme
se désigne sous la plume
même du narrateur comme
une rhap
sodie, rhapsodie dont
le fil conducteur
serait
le thème de la vanité.
Et plus
qu'une épine dorsale, la vanité consti
tue la base de la pensée et donc du style
marivaudien.
173.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- DOUBLE INCONSTANCE (La) Marivaux (résumé & analyse)
- La Fausse Suivante de Marivaux (résumé & analyse)
- ÉPREUVE (L') Marivaux (résumé & analyse)
- ENTRETIEN D’UN PHILOSOPHE AVEC LA MARÉCHALE DE *** Denis Diderot (résumé & analyse)
- La Vie de Marianne ou les Aventures de Mme la comtesse de *** de Marivaux (résumé & analyse)