L’Île du docteur Moreau de Wells
Publié le 06/04/2013
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Après des études de biologie, Herbert George Wells (1866-1946) publie dans les années 1890 des articles dans des revues scientifiques ; c'est à une immobilisation due à la maladie qu' il doit d'écrire son premier roman, immédiatement sui vi de L'ile du docteur Moreau (1896). Sous le titre Island of Lost Souls ( 1932), le réalisateur américain Erie C. Kenton est l'auteur d'une adaptation de L'ile du docteur Moreau, avec Charles Laughton dans le rôle du savant et Bela Lugosi.
«
~------- EXTRAITS
Quand, en 1896, Wells
publie ce
livre , so n
nom est célèb re depuis
l a parution, l'année
précédente, de son
premier ouvrage,
La
Machin e à explor er l e
t e mp
s.
Well s peut
revendiquer avec Jules
Verne
la paternité du
roman d'
anticipat ion,
qu' on appelle de nos
jour s la sc ience-fiction.
« D'autre s faces à demi
anima l es sortaient,
inquiète s ...
»
Un homme de science sans conscience
Tandis que je le suivais des yeux , il me re
vint en tête , par quelque procédé mental in
conscient, une phrase qui
fit retourner ma
mémoire de dix ans en arrière.
Elle flotta
imprécise en mon esprit pendant un mo
ment, puis
je revis un titre en lettres
rouges: LE
DOCTEUR MOREAU, sur
la
couverture chamois d'une brochure révé
l ant des expériences qui vous donnaient ,
à les lire, la chair de poule.
(.
..
) C'était
un physiologiste
fameux et de première
force, bien connu dans les cercles scienti
fiques
pour son extraordina ire imagina
tion et la brutale franchise avec laquell e
il ex posait ses opinions.
Était-ce le même
Moreau que je venais
de voir
? Il avait fait
connaître, sur la trans
fusion du sang, cer
tains
faits des plus
étonnants et, de plu s, il
s'était acquis une
grande réputation
par
des travaux sur les fer
mentations morbides.
Soudain, cette belle
carrière prit
fin; il dut
quitter l'Angleterre.
Un journaliste s'était
fait admettre à son l a
boratoire en qualité
d'aide, avec l'intention
bien arrêtée de sur
prendre
et de publi er
des secrets sensa tion
nels ; puis,
par suite
d'un accident désa
g réable -si ce
fut un
accident -sa brochure révoltante acquit
une notori été énorme.
Le jour même de sa
publication, un misérable chien, écorc h é
vif et diversement mutilé, s'échapp a du la
boratoire de Moreau.
L'effroi de Prendrick
Au même instant, j'étais
hors de la hutte , mon bâton
de chai se à la main , trem
blant de tou s mes membres.
Devant moi, j'avais les dos
mal bâtis d'une vingtaine
peut-être de ces bipèd es,
leurs têtes difformes
à demi
enfoncées dans les omo
plates.
Ils ges ticulai e
nt
avec animation.
D'autr es
faces
à demi animales sor
taient, inquiètes, des autres
hutte
s.
Portant mes re
gar ds dans
la dir ection
vers laquelle ils étaie
nt
tournés, je vis, venant à
trave rs la brume, sous les
arbr
es, au bout du passage
des tanières,
la silhouette
\,~q,E DU ~OCTEUR
~ OREAU ..
sombre et la terrible tête blanche de
Moreau .
Il maintenait le chien qui bondis
sait,
et, le suivant de près, venait Montgo
mery, le revolver au poing.
Un instant, je
restai frappé de terreur.
La confession de Moreau
« Pui s je pris un gorille que j'avais , et avec
lui , tra
vaillant avec le plus grand soin, ve
nant
à bout de chaque difficulté, l'une
après l'autre,
je fis mon premier homme.
Toute une se maine,
jour et nuit, je le fa
ço nnai ;
c'était surtout son cerveau qui
avait besoin d'ê tre retouché ;
il fallut y
ajouter grandement
et le changer beau
coup.
Quand j'eus fini et
qu'ilfut là, de
vant moi,
lié, band é, immobile, je jug eai
que c'était un beau spécimen du type né
gro ïde.
Je ne
le quittai que quand je fus
ce rtain qu'il survivrait, et
je vins dans cette
pièce, où je trouvai Montgomery dans un
état assez semblabl e au
vô tre. »
Traduction Henry-D.
Davray
Couverture d'une édition de 1905
NOTES DE L'ÉDITEUR
«Nous n'avo ns pas besoi n de savoir qu'il
fut
un scientifiqu e, nou s l 'aurion s de v iné.
Dès qu 'il se ntit le besoi n d 'écr ire, il ne
s'a ttarda pas aux douceur s de la culture ,
mai s alla tout droit a
ux choses et aux faits.
Il prend une loi naturelle , (
...
)il en suit qualité
si l'on sait voir l'intention morale, la
cr itique des mœur
s, la grande manière
h éritée de Swift.
Grâce à ses dons, Wells a
pu aborder le roman proprement dit ; et
c'est pour ces qualité s seules que nous
aimon s ses roman s.
»Valery Larbaud ,
Domaine anglais, Gallimard , 1936.
des
causes, plein du se
ns de la complexité
des réactions vitales, mais aussi
du pouvoir
que l'expérimentateur a sur elles.
La vision
professionnelle, les plis d'imagination que
l
'étude des tissus, des fonctions et des
organes a donné à un biologiste sont à la
so urce de la divination remarquable qui a
fait de H.
G.
Well s sur bien des points du
champ tout entier de la civilisation humaine
un précurseur ou un inventeur.
»
le développement et en montre les
conséquences.
Voilà pour ses contes : de s
fantaisies à peine supérieures à
celles de
Jule s Verne ,
si l'on ne co nsidèr e que Je
style et la la n g ue , m ais d'une tout autr e
«Rien n'adoucit donc la clair voya nce
cruelle de son regard
...
En outre il applique
a ux que stion s morales et
au problème de
l
'or dre dont la socié té est susceptible, le
réalisme
d'un homme habitué à l'ana lyse
1 M a rt-Violle t 2 .
3.
4 dess ins sa ns no m .
Fam ous F antasric Myste ries (19 46) 5 J.-L.
C harme l / E xplore r
E .
Legouis et L.
Cazamian, Histoire de
la littérature anglaise, Hachette.
WELLS 03.
»
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