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L’île des esclaves de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (analyse détaillée)

Publié le 22/10/2018

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marivaux
ÉPOQUE DE L’ACTION
 
Par convention, l'Antiquité grecque.
 
PERSONNAGES PRINCIPAUX
 
Iphicrate ; Arlequin, son esclave ; Euphrosine ; Cléanthis, son esclave ; Trivelin, gouverneur de l’île.
 
RÉSUMÉ DE L’ACTION
 
Iphicrate et Arlequin ont fait naufrage sur une île où on réduit les maîtres en esclavage tout en libérant les esclaves (sc. 1). Trivelin, accompagné de deux autres naufragés, Euphrosine et Cléanthis, ordonne que soit opéré le renversement (sc. 2). Cléanthis et Arlequin sont invités à faire le portrait d'Euphrosine et d'Iphicrate qui, après quelques réticences, admettent les critiques de leurs valets (sc. 3-5). Les anciens valets imaginent ensuite de tomber amoureux de leurs anciens maîtres (sc. 6). Euphrosine arrête les déclarations d’Arlequin et le touche par le rappel de son malheur (sc. 8). Arlequin décide de rendre ses habits à son ancien maître (sc. 9) ; Cléanthis finira par faire de même (sc. 10). Trivelin se réjouit que les esclaves ne se soient pas vengés et que les maîtres aient compris la leçon (sc. 11). Passages-clés : le portrait d’Euphrosine (sc. 3), la révolte de Cléanthis (sc. 10), la leçon de l’épreuve (sc. 11).


marivaux

« THÈMES DOMINANTS • La relation maître-valet est le thème moteur de la pièce.

Par l'inversion des conditions sociales, il introduit une critique des mœurs de l'époque.

Peu subversif cependant, il plaide pour une reconnaissance de l'humanité des serviteurs plus que pour un bouleversement des rapports sociaux.

Le serviteur en sort pourtant plus généreux que le maître : Car je ne te res­ semble pas, moi; je n'aurais point le courage d'être heureux à tes dépens.

(sc.

9) • L'épreuve complète le thème principal.

Par le biais d'une leçon infligée aux maîtres et aux serviteurs (nous aurions puni vos vengeances comme nous avons puni leurs duretés [sc.

11]), par le moyen du théâtre dans le théâtre, Marivaux tente une thérapie sociale : vous êtes moi11s nos esclaves que nos malades (sc.

3).

• La révolte, surtout exprimée par Cléanthis -les paroles de femmes sont plus virulentes que celles des hommes chez Marivaux-, permet d'op­ poser les valeurs de la richesse à celles de la bonté (sc.

11).

Discours sou­ terrain qui n'éclate pas, il donne à la pièce un écho prérévolutionnaire.

• La coquetterie introduit une critique ironique de la société aristocratique et des femmes au XVIIIe siècle.

Affectation, stratégie guerrière, « comédie de l'amour» (Premièrement, vous ne m'aimez pas, sinon par coquetterie, comme fe grand monde [sc.

6]) en sont les manifestations les plus visibles.

STYLE • L'art du portrait -la phrase courte : Qu'on m'habille! Niadame verra du monde aujourd'hui (sc.

3) -la phrase elliptique : des yeux battus, un teint fatigué (sc.

3) -l'anaphore :Madame se tait, Madame parle; elle regarde, elle est triste, elle est gaie (sc.

3) • L'art du dialogue -une progression par reprises de mots : TRIVELIN.

[.

..

] que pour le corriger de son orgueil.

ARLEQUIN.

Oui, oui, corrigeons, corrigeons ! (sc.

2) -le contraste des langages de classe : EUPHROSINE.

Laissez-moi, je vous prie.

ARLEQUIN.

Eh! là, là, regardez-moi dans l'œil pour deviner ma pensée.

(sc.

8) -des jeux de mots : les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé.

(sc.

1) SOURCES ET INSPIRATION Des sources philosophiques et littéraires.

Mise à la mode par Thomas More en 1516 (Utopie), reprise par Rabelais dans le Quart Livre, puis par Fénelon dans les Aventures de Télémaque, l'utopie, « endroit qui n'existe nulle part »1 est souvent une île où évolue une société idéale.

Quant au per­ sonnage d'Arlequin, il est emprunté au théâtre de foire.

Le goût pour les voyages et l'exotisme, initié au XVIIe siècle par Tavernier et Chardin, s'exprime au XVIIIe siècle par exemple dans le thème de l'embarquement pour Cythère (Watteau).. »

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