L'Eventail de lady Windermere de Wilde
Publié le 06/04/2013
Extrait du document
Écrite et jouée en 1892, la pièce s' intitulait originellement A good woman, soit « une femme de bien «. Le soir de la première, les spectateurs, enthousiastes, réclament l'auteur qui monte sur la scène et déclare: « Je vous fé licite sur la manière dont vous avez tenu votre rôle, cela m' assure que vous avez de cette pièce une opinion presque aussi bonne que la mienne. «
«
EXTRAITS
Les bons offices de la duchesse
LADY WINDERMERE.
-Mon mari ? Qu'a
t-il donc à faire avec une femme de cette
espèce?
LA DUCHESSE.
-Ah ! « quoi », vraiment ?
C'est là le hic !
Vous me le demande z et je
vous le demande.
Il va la voir continuelle
ment, reste chez elle ainsi parfois durant des
heures, et,
pendant qu'il est là, personne
n'est reçu.
Bien peu de femmes vont la voir,
oui, mais beaucoup d'hommes discrédités,
et mon propre frère en particulier, comme
je
vous l'ai déjà dit.
Et c'est là ce qui rend la
chose si fâcheuse pour Windermere.
Nous
le
considérions comme un mari modèle ...
Le
pis de tout c'est qu'on m'a rapporté que
cette femme doit tirer des masses d'argent
de quelqu'un car il paraît qu'elle est venue
à Londres, il y a six mois, n'ayant pour ainsi
dire rien !
Et maintenant, elle possède en
plein quartier chic cette maison charmante,
elle conduit au
Parc tous les après-midi, et,
tout cela, bref, tout cela depuis qu'elle
connaît ce pauvre Windermere !
LADY WINDERMERE.
-Oh ! je ne puis le
croire!
Le réveil de la fibre maternelle
MME ERLYNNE .
- (.
..
)Non, lady Windermere ,
retourne
z, retourne z au mari qui vous aime,
qui vous aime et que vous aime
z.
Vous avez
un
enfant: retournez à l'enfant qui même
maintenant, dans
la peine ou la joie, pour
rait vous appeler.
LADY WINDERMERE (se levant).
- Mon fils ...
MME ERLYNNE.
- Dieu vous a donné cet
enfant.
Il vous demandera si vous lui avez
fait une belle existence, si vous avez veillé
sur lui.
Quelle réponse ferez-vous,
si, de par
votre faute, sa vie est ruinée ? Alle z donc,
lady Windermere , allez, votre mari vous
aime.
Il n 'a jamais profané un instant cet
amour qu'il vous porte.
Aurait-il mille
autres amours, vous devrie z rester avec
l'enfant,
quand même.
S'il était dur pour
vous, vous devriez rester avec l'enfant.
(Lady Windermere éclate en sanglots et se
cache la figure dans ses mains.
Émue, Mme
Erlynne va vers elle) Ô lady Windermere !
LADY WINDERMERE (lui tendant les mains,
sans défense, comme un enfant).- Ramenez
moi chez moi, ramenez-moi chez moi.
Acte III, Scène II
Propos de célibataires
• DUMBY.
-Alors, réellement , elle ne vous
aime pas, elle ?
LORD DARLINGTON.
- Elle ne m'aime pas.
DUM BY.
-Je vous en félicite.
En ce bas
monde, il
n'y a que deux tragédies :· L'une
est de ne pas atteindre à ce que l'o n désire ,
et l'a utre est
d'y atteindre.
La première est
la pire, la dernière est la vraie, la seule tra
gédie.
Donc elle ne vous aime pas ? Ça
m 'intéresse de l'apprendre.
Combien de
temps, Cecil, pourrie z-vous aimer, vous,
la
femme qui ne vous aimerait pas ?
CECIL GRAHAM.
-Une
femme qui ne m'aime
rait
pas ? Oh ! Oh !
toute ma vie !
DUMBY.
-Moi de même,
Cecil.
Mais
c'est si
malaisé que
d'en ren
contrer une !
LORD DARLINGTON.
-
Comment pouvez-vous
donc, Dumby, être si
fat ?
Acte III, Scène III
«MME ERLYNNE.
-Ce soir,
en parlant, j'ai pris par mégarde l'éventail de votre
femme à la place du mien.
Voilà toute l'explication,
lord Windermere.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
« L'Éventail de lady Windermere est la
première bonne comédie représentée à
Londres depuis
L 'École de La médisance un
siècle plus tôt.
Le ton en est celui
d'une
société de loisirs, l'esprit celui de Wilde ,
car il ne refusera à aucun de ses
personnages ses propres mots
soigneusement enregistrés.
Cette pièce et
celles qui suivront se déroulent dans des salons
genre dix-huitième mais avec
beaucoup de plantes vertes, d'abat-jour et,
bien sûr, derrière des paravents, de ces
meubles capitonnés justement appelés
" confidents " pour la scène des aveux.
»
Philipp e Jullian , Oscar Wilde, Librairie
Académique Perrin, 1967.
« Dans le lourd ciel victorien, il apparut
comme un météore.
plaisent
tout autant au lecteur français, le
surprennent beaucoup moins.
Il y reconnaît
une tournure
d'esprit qui lui est proche.
Et il
est peut-être plus sensible à l'humour de
Wilde, précisément pour les mêmes raisons
de nouveauté et,
si l'on peut dire,
"d'exotisme", qui rendent son esprit si
séduisant pour un Anglais.
» Robert Merle,
Oscar Wild e, Librairie Académique Perrin,
1984 .
Les brillants dialogues de Wilde, s'ils
1 coll.
part ..
Archives Snark / Edim é dia 2, 3 lithograp hies de J .
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B aco n.
A.
R.
Keller and Co ..
1 907 / B .N.
WILDE05.
»
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