Lettres philosophiques de Voltaire (résumé)
Publié le 12/11/2018
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Lettres philosophiques
Au départ, conçu à Londres même en 1726-1727, le projet d’une sorte de reportage sur l’Angleterre moderne. Repris au retour en France, et repensé au long d’une genèse de plus de quatre années, l’ouvrage fut exécuté dans un esprit tout différent. Transcendant le détail des oppositions nationales, l’enquête s’inscrit dans la perspective d'une dynamique générale de l’histoire : en Angleterre s’annoncent et s’amorcent des temps nouveaux, définis par de nouveaux rapports de l’homme et du monde, par un nouvel ordre de valeurs et de finalités. D’« anglaises », les « lettres » projetées devenaient « philosophiques », évolution parachevée par l’adjonction, tardive mais essentielle, de « Remarques sur les Pensées de M. Pascal » (Lettre XXV). Au moment de publier l’ouvrage, Voltaire joua de cette polyvalence même, en le donnant sous trois titres : Letters concerning the English Nation (préoriginale, Londres, août 1733), Lettres écrites de Londres sur les Anglais et autres sujets (originale, Londres, avril 1734) et Lettres philosophiques (Rouen, avril 1734, première édition augmentée de la Lettre XXV) — prudent camouflage, renforcé par l’anonymat, plutôt qu’astuce de lancement.
Synopsis. — Sept lettres d'enquête religieuse, dont quatre sur la secte des quakers, si nouvelle et si curieuse : leur doctrine et les « singularités » de leur façon d'être (I), leurs pratiques (II), expliquées par un sage vieillard; leur histoire aussi, développée depuis « le patriarche Fox » (III) jusqu'à Penn, le «législateur» américain — les quakers anglais s’assimilant peu à peu au protestantisme (IV). Défilent ensuite les anglicans, « Église dominante », mais soumise à la loi laïque (V), puis les presbytériens, les sociniens, etc. — toutes sectes tolérées et donc, par force, tolérantes (VI-VII).
Quatre lettres sur l’ordre et l’esprit publics : les pouvoirs du souverain, des seigneurs et du peuple sont réglés par une Constitution (VIII), expression d’une liberté nationale laborieusement dégagée au prix de longues luttes (IX). La puissance de l'État est assurée par la prospérité d'un grand négoce, auquel s’associe la noblesse (X); et la même émancipation à l'égard des anciens préjugés a fait adopter aussi, l'exemple venant de haut, l'inoculation de la variole, nouveauté décisive pour la santé publique (XI).
«
française
fut jeté en prison, puis interdit.
Prévenu à
temps, Voltaire trouva refuge en Lorraine, où il essaya
de se faire oublier- mais une dizaine d'éditions pirates
se succédèrent en deux ans.
Le scandale diminuant, Paris
lui fut rouvert, et même la Cour après quelques années.
Mais contre l'auteur d'une telle «bible de l'impiété»
(!), tous les réfutateurs bien-pensants le rappelaient com
plaisamment, la sentence de 1734 restait exécutoire.
D'où l'étrange clandestinité du livre après 1739 : il sur
vécut comme texte, mais toujours morcelé, au fil des
éditions collectives, entre plusieurs sections des
«Mélanges»; l'œuvre, elle, avait disparu, et ne devait
retrouver sa forme originelle qu'en 1818 avec la réédi
tion de Beuchot.
Autre anomalie pourtant, et non la
moindre : dans le même temps, les fameuses « lettres
philosophiques, politiques, critiques, poétiques, héréti
ques et diaboliques », comme Voltaire aimait à les appe
ler, restaient lisibles dans l'une des trois traductions
anglaises dont il s'imprima plusieurs dizaines de milliers
d'exemplaires entre 1734 et 1778.
BIBLIOGRAPHIE En attendant la nouvelle édition de Christiane Mervaud et
David Williams, à paraitre dans les Œuvres complètes, l'édition
de Gustave Lanson garde toute sa valeur (Didier, «Textes litté
raires français », nouveau tirage en 1964, avec des notes complé
mentaires d' A.-M.
Rousseau).
-Deux études font le point sur
la genèse et le projet, dans les Studies on Voltaire, vol.
CLXXIX
(1979).
l'une de René Pomeau, p.
Il à 24, l'autre d'André
Michel Rousseau.
p.
25 à 46.
-Les perspectives thématiques et
les conditions d'interprétation de l'œuvre ont été clairement
posées par A.-M.
Rousseau dans une «Introduction à une lecture
des Lettres philosophiques », dans l'Information littéraire, XIX,
1967, n• l, p.
10 à 16..
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