Lettres DE MON MOULIN
Publié le 23/01/2019
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Lettres DE MON MOULIN, recueil de nouvelles d'A. Daudet (1869), publiées d'abord dans l'Événement (1866). Sans unité ni sur le plan topologique (la Corse et l'Algérie y sont évoquées aussi bien que la Camargue), ni au niveau de l'action et de la tonalité (le tragique côtoie la farce), ni dans l'élaboration d'un réseau thématique (malgré un certain culte de la nature méditerranéenne et une pitié diffuse pour les faibles), l'œuvre fonde sa réussite sur la présence marquée du narrateur, ses interventions désinvoltes. Dans cette mosaïque de récits malicieux et tendres (la Chèvre de M. Seguin, la Mule du pape, les Trois Messes basses, l'Arlésienne), l'humour et la mélancolie peuvent parfois sembler un peu factices : paradoxe d'un style éminemment oral qui contribue au bonheur de la narration tout en l'enserrant dans le registre d'un mode mineur.
«
EXTRAITS
A Fontvieille, près
d'Arles, on peut visiter
un moulin qui aurait
été celui de Daudet ; en
fait, l'auteur séjournait
chez des amis, et
c'est
à Paris qu'il écrivait ses
Lettres (1866-1869).
Mais, avec lui, il est
permis de rêver .
Dans Installation, qui sert de préface
aux
Lettre s, Daudet décrit le moulin
dans lequel
il est cen sé écrire
Ce sont les lapins qui ont été étonnés ! . ..
Depuis si longtemps qu'ils voyaient la porte
du moulin fermée, les murs et
la plateforme
envahis par les herbes, ils avaient fini par
croire que
la race des meuniers était éteinte,
et, trouvant la place bonne, ils en avaient
fait quelque chose comme un quartier gé
néral, un centre d'opérations stratégiques.
(.
..
)La nuit de mon arrivée, il y en avait
bien, sans mentir, une vingtaine, assis en
rond sur la plate-forme, en train de se
chauffer les pattes à
un rayon de lune ...
Le
temps d' entr' ouvrir une lucarne,frrt ! voilà
le bivouac en déroute,
et tous ces petits
derrières blancs
~
·, , qui détalent, la
~ ·~ ,.
~ queue en l'air,
( 1 j(,J~ :t .
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dans le fourré.
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J'espère bien / '1 // .
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qu'ils revien-
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étonné aussi,
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'11~~ ' > h,-' 1 penseur, qui habite !;.-/ /~/ ~....
-~ 1
1(fa.t' , ' /, le moulin depuis
t,,..-:,,.-..-- 1 1·1_~ 11' ~ 1 '.
j plus de vingt ans.
~ 0 7 f ..: Installation _,.
-"Y '..{ :0 .
-~
,, / '- .
' · -~// Notre pays, mon bon
1 ~ Monsieur, n'a pas tou-
Le sous-préfet aux ch a mp s
jours été un endroit mort et
sans renom, comme
il est au
jourd'hui.
Auparavant,
il s'y faisait
un grand commerce de meunerie.( ...
) Tout
autour du village, les collines étaient cou
vertes de moulins à vent.
De droite et de
gauche, on ne voyait que des ailes qui viraient
au mistral par-dessus les pins ( ...
).
Ces moulins-là, voyez-vous.faisaient la joie
et
la richesse de notre pays.
Malheureuse
ment, des Français de Paris
eurent l'idée d'établir une
_,.,- -
( ~ i
viers.
Pourtant, au milieu de
la dé-
bâcle,
un moulin avait tenu bon et continuait
de virer courageusement sur sa butte, à
la
barbe des minotiers.
C'était le moulin de
maître Cornille .
Le Secret de maître Cornille
L'une après l'autre, les étoiles s'éteignirent.
Blanquette redoubla de coups de cornes, le
loup de coups de dents ...
Une lueur pâle
parut dans l'horizon ...
Le chant d'un coq
enroué monta d'une métairie.
-
Enfin! dit la pauvre bête, qui n'attendait
plus que le jour pour mourir ; et elle s' al
longea
par terre dans sa belle fourrure
blanche toute tachée de sang
...
Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et
la mangea .
La Chèvre de monsieur Seguin
_)
)
Le poète Mistral
NOTES DE L'ÉDITEUR « L 'œuvre de Daudet, en révélant l'âme
meridionale aux Parisiens, aurait-elle pour
but de prévenir cette méprise
et cette
incompréhension ? Il ne le dit pas
explicitement, mais les
Lettres de Paris et
du village, les Lettres de mon moulin, les
Lettres à un absent sont comme les notes
d'un correspondant de presse qui tantôt
s'adresse de Provence aux
Parisiens pour
leur peindre la vie provençale avec ses
grandeurs
et ses petitesses, tantôt écrit de
Paris à ses compatriotes provençaux que
l'éloignement de la capitale risque
d'amener à porter des jugements faux
sur les événements de
Paris.
»
« Vers la fin de l'année, il avait cessé
d'écrire au
Figaro et faisait paraître chez
Hetzel un recueil de
Lettres de mon moulin,
un an exactement après Le Petit Chose.
Le nouveau volume, tiré à deux mille
exemplaires, se vendit assez péniblement.
Daudet se consolait facilement du médiocre
succès de ses livres.
La carrière qu'il
entendait poursuivre,
c'était celle d'auteur
dramatique ...
»
G.
Benoît-Guyod, Alphonse Daudet, 1947.
1 Sipa-lcono 2, 3, 4, 5 dessins d'André Villebœuf , Librairie de France, Paris, 1930
Y.-E.
Clogenson, Alphonse Daudet, peintre
de la vie de son temps, 1946.
« A part ces Lettres brillantes, appréciées
dans un milieu restreint de lettrés
et de
connaisseurs -mais
c'était pour lui le
succès -, il ne publie rien encore cette
année-là (1865).
»Lucien Daudet,
Vie d'Alphonse Daudet, 1941.
DAUDET05.
»
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