LETTRES de Descartes à la princesse Elisabeth. Résumé
Publié le 31/08/2015
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LETTRES de Descartes à la princesse Elisabeth. Pendant plusieurs années, de 1642 à la fin de 1649, c’est-à-dire pendant la période de sa vie qui va des Méditations métaphysiques à sa mort à Stockholm, René
Descartes (1596-1650) échangea une correspondance assidue avec la princesse Elisabeth, fille de Frédéric V, électeur palatin et roi de Bohême. Celle-ci, femme fort cultivée et spécialement versée dans les sciences mathématiques, avait lu avec beaucoup d’intérêt et une vive admiration les Méditations métaphysiques. Par un émigré français, ami de Descartes, Palotti, elle avait pénétré plus avant dans la pensée de celui qu’elle considéra bientôt comme son maître. Et dès sa première lettre (mai 1643), elle demande au philosophe quelques explications sur un point de ses Méditations qu’elle ne saisit pas bien : comment peut-il se faire que « l’âme puisse déterminer les esprits (animaux) du corps pour faire les actions volontaires, n’étant qu’une substance pensante « (donc inétendue). Descartes explique pourquoi ce point a pu demeurer obscur dans son exposé. Il y a « deux choses en l’âme humaine, desquelles dépend toute la connaissance que nous pouvons avoir de sa nature, l’une desquelles est qu’elle pense, l’autre qu’étant unie au corps, elle peut agir et pâtir avec lui ; je n’ai quasi-rien dit de cette dernière, et me suis seulement étudié à faire bien entendre la première, à cause que mon principal dessein était de prouver la distinction qui est entre l’âme et le corps, à quoi celle-ci seulement a pu servir et l’autre y aurait été nuisible. « Il entreprend ensuite d’aborder cette difficulté et de la résoudre ; selon lui, elle n’est qu’apparente. Il existe en effet plusieurs sortes de « notions primitives, qui sont comme des originaux sur le patron desquels nous formons toutes nos autres connaissances, et il n’y a que fort peu de telles notions « ; les unes se rapportent à tout ce que nous pouvons concevoir, les autres soit au corps (l’extension), soit à l’âme (la pensée), soit enfin à l’union de l’âme et du corps, qui est la notion de « force qu’a l’âme de mouvoir le corps et le corps d’agir sur l’âme en causant ses sentiments et ses passions «. La difficulté provient donc d’une attribution inexacte, de la part de sa correspondante, d’une notion qui ne se rapporte ni au corps seul, ni à l’âme seule, mais à leur union.
Cette erreur n’a été rendue possible que par le fait que Descartes lui-même a insisté sur la distinction de l’âme et du corps et non sur leur union. Ainsi la question de la princesse lui est-elle une occasion de développer et de compléter son système. Son interlocutrice ne se rend pas facilement aux raisons qu’il lui donne ; elle va jusqu’à dire : « Et pour cela, je pense qu’il y a des propriétés de l’âme qui nous sont inconnues, qui pourront peut-être renverser ce que vos Méditations métaphysiques m’ont persuadé par de si bonnes raisons de l’inextension de l’âme «. Descartes reprend donc patiemment sa démonstration. A dire vrai, le lecteur moderne aurait tendance à pencher assez du côté de la princesse, et trouverait quelque difficulté à admettre qu’il n’y en a pas. Cette discussion, qui est la plus intéressante de toute la Correspondance, occupe toutes les lettres de l’année 1643. Au cours des années suivantes, les problèmes qui se poseront à l’occasion de la parution des œuvres de Descartes (celui-ci les faisait parvenir à son amie et lui dédia ses Passions de Vamour [*]) sont de tous ordres : à propos des Principes de la Philosophie (*), à propos des livres qu’il lui conseille de lire ou sur lesquels elle lui demande son avis, à propos des nouveautés scientifiques, la princesse se fait
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éclaircir et discute certains pointg de physique, de mathématiques, de morale et de métaphysique qu’elle n’a point saisis ou qui lui semblent contestables.
A chaque instant, elle se déclare le fidèle disciple de « Monsieur Descartes « ; il lui semble qu’il est en mesure de résoudre tous les problèmes et de lui expliquer clairement tous les points de science et de philosophie. Son admiration est pleine de confiance : « Mon admiration s’augmente toutes les fois que je relis les objections qu’on vous a fait, comment il est possible que des personnes qui ont employé tant d’années à la méditation et à l’étude, ne sauraient comprendre des choses si simples et si claires, que la plupart, en disputant du vrai et du faux, semblent ne pas connaître comment il les faut discerner et que le sieur Gassendus [Gassendi], qui est en la plus grande réputation pour son savoir, a fait, après l’Anglais [Hobbes], des objections moins raisonnables que tous les autres. « (Passage qui, notons-le en passant, définit assez bien le rôle de Descartes dans la philosophie de son temps). Mais il y a plus que cela, une solide et loyale amitié pour l’homme, quand Élisabeth dit tout bonnement : « Monsieur Descartes, vos lettres me servent toujours d’antidote contre la mélancolie, quand elles ne m’enseigneraient pas, détournant mon esprit des
objets désagréables qui lui surviennent tous les jours, pour lui faire contempler le bonheur que je possède dans l’amitié d’une personne de votre mérite, au conseil duquel je puis commettre la conduite de ma vie. «
Au respect. Descartes répond avec une humi lité, une courtoisie parfois assez alambiquée d’homme bien élevé de son temps; assez maladroit dans ces raffinements de politesse, il tombe souvent dans des louanges fort exagérées et dans certaines préciosités, dont Élisabeth, gentiment, le reprend. Mais, s’il lui dédie ses Passions de l’amour, ce n’est pas seulement pour lui faire hommage, mais parce qu’ils ont souvent agité la question dans leur Correspondance. Cette amitié devait durer jusqu’à la mort de Descartes. Il lui écrit encore de Suède, en lui faisant l’éloge de la reine Christine (octobre 1649).
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