LETTRES À LUCILIUS, Senecae ad Lucilium epistulae morales, Sénèque - résumé de l'oeuvre

C’est la dernière œuvre de Sénèque, et la plus illustre. Y apparaît le Sénèque le plus humain, beaucoup moins austère et didactique que dans la Constance du sage, par exemple. Cela tient sans doute au genre épistolaire de l’œuvre (Sénèque s’adresse directement à un ami sur le ton de l’intimité), mais aussi à la maturité du philosophe, que la vieillesse a rendu plus compréhensif, peut-être même plus indulgent, aux faiblesses de l’homme. Les Lettres à Lucilius démentent — ou du moins obligent à nuancer — le reproche d’austère inhumanité souvent lancé contre les stoïciens.

On trouve ici tous les thèmes traditionnels de la morale stoïcienne: valeur de la vertu, définie comme souverain bien ; usage de la raison comme moyen d’atteindre le bonheur; invulnérabilité et même indifférence du sage aux vicissitudes de l’existence (thème amplement développé dans la Constance du sage); mépris de la mort (Sénèque, ne l’oublions pas, s’est suicidé). Pour Sénèque, le sage, usant de sa raison, devient semblable à Dieu.

Mais le développement de tels principes ne constituerait qu’un traité à usage scolaire. Les Lettres à Lucilius se caractérisent au contraire par une richesse psychologique exceptionnelle dans la littérature stoïcienne. Elles abondent en remarques concrètes et en préceptes concernant la conduite de l’existence quotidienne, à la manière, par exemple, de la Brièveté de la vie.