Les Travailleurs de la mer et L'Homme qui rit de Victor Hugo (analyse)
Publié le 08/04/2012
Extrait du document
Cette nature perverse de la société s'inscrit dans les destinées de ceux qui y vivent : « C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches.« Quant au héros. aristocrate et homme du peuple. il fait sur lui l'expérience scandaleuse de l'antinomie sociale. Entrant au paradis des lords, il devient artisan de l'enfer des misérables : du sien propre. Le second cycle de son histoire recommence le premier pour le défaire ; son absence tue Déa pénétrée du même froid mortel dont. enfant. il l'avait sauvée ....
«
flot, la noyade fait de Gilliatt l'égal d'Eschyle, ce «naufragé insubmersible».
·
Confrontée aux textes de William Shakespeare, la
construction du roman aussi désigne en lui un effort pour
penser
et pratiquer derechef les pouvoirs de l'écriture.
Vie
sociale quotidienne, solitude de l'épreuve au sein des éléments, contemplation et sacrifice : les trois parties du
roman correspondent aux «trois aspects du même phénomène» divin: «Humanité, Nature, Surnaturalisme ».
«Ce sont là, dit Hugo, les trois horizons ...
Qui les voit tous
trois est au sommet.
Il est l'esprit cubique.
Il est le Génie.» A
ce titre, Les Travailleurs de la mer identifient le sens de leur
propre existence à celui de leur contenu symbolique.
Gilliatt prie ; le livre aussi est prière et invite à la prière car «l'âme universelle [est] démontrée par les chefs-d'œuvre dans l'art comme par les prodiges dans la création».
Le labeur de Gilliatt et le texte relèvent de la même description : « Double et gigantesque travail, physique' au début, métaphysique à la fin, qui cherche Dieu, et qui trouve le bien chemin faisant.» Le roman est son propre référent d'une dernière façon.
L'écriture des Travailleurs de la mer, en variant les modes d'apparition de leur auteur, mime ce qu'exprime
symboliquement l'aventure du héros: le surgissement du
génie dont le livre procède.
L'Archipel de la Manche postule et
révèle un destinateur vivant, concret et historiquement situé.
Puis la fiction et le décalage temporel effacent l'individualité
d'un narrateur que définissent encore, par ses opinions et ses
goûts,
les allusions autobiographiques, l'angle de perception
des
réalités et le ton.
A la seconde partie, le personnage et la
personnalité disparaissent derrière l'auteur et le penseur: la
«philosophie» des œuvres antérieures s'exprime à nouveau ; affirmations impérieuses et révélations: l'écriture de Hugo est
ici
celle que l'on pastiche.
A la fin la parole est le plus souvent
laissée aux personnages; le récit se fait impersonnel ; la dernière page l'achève dans le silence d'un narrateur disparu.
Condition dernière à
l'accomplissement de sa génialité, le texte procède ainsi à la mise à mort lente de son auteur.
C'est
que l'œuvre idéale, où Dieu et le génie se prouvent l'un l'autre
et se manifestent ensemble, exige que sa propre contingence
soit gommée, que son auteur s'efface.
William Shakespeare le
dit:« Pour qui n'a d'autre action que celle de l'esprit, la tombe est l'élimination de l'obstacle.
Etre mort, c'est être tout.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'homme qui rit. Roman de Victor Hugo (analyse détaillée)
- HOMME QUI RIT (L') de Victor Hugo (résumé & analyse)
- Dissertation littéraire « les travailleurs de la mer »: « La religion, la société, la nature ; telles sont les trois luttes de l'homme. Ces trois luttes sont en même temps ses trois besoins ; il faut qu'il croie, de là le temple ; Il faut qu'il crée, de là la cité ; il faut qu'il vive de là la charrue et le navire. Mais ces trois solutions contiennent trois guerres. » Victor Hugo
- Analyse d'Ursus et Homo, personnages de Victor Hugo dans L'homme qui rit
- Victor HUGO: Les Travailleurs de la mer (Résumé & Analyse)