Les Mystères du peuple ou Histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges d'Eugène Sue
Publié le 14/10/2018
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Les Mystères du peuple ou Histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges
C’est en 1849 qu’Eugène Sue commence une œuvre colossale publiée à partir de novembre sous forme de livraisons. A son achèvement, en 1857, l’ouvrage comportera dix-huit épisodes, qui seront répartis en douze volumes grand in-8°, soit environ six mille pages. De 57 av. J.-C. à la révolution de 1848, Eugène Sue nous y raconte l’histoire millénaire de la famille Lebrenn, famille gauloise d’abord libre, heureuse et prospère au sein de la civilisation druidique démocratique, fédéraliste, féministe et fraternelle, puis vaincue, asservie, par les Romains d’abord, par les Francs ensuite, et qui reconquiert petit à petit, au fil des siècles, sa liberté, ses droits et sa souveraineté. Rien n’y manque, ainsi que le souligne Michel Foucault : « L’adolescent qui veille le cadavre semé de fleurs du rival fraternel qu’il a tué, les femmes aux seins nus qui fendent à coups de hache les soudards qui les assaillent, la vente des esclaves avec des enfants impubères palpés par des débauchés exsangues. Tous les classiques, tous les poncifs de l’érotisme historique; les films à péplum, il y a quelques années, étaient beaucoup moins amusants et ne recelaient pas le même intérêt politique ».
«
franc jouissent d'un sort bien peu différent de celui des esclaves -, tantôt comme de sombres bourreaux.
L'épopée Le merveilleux se mêle au vrai, la légende se mêle à l'Histoire, pour célébrer l'âge d'or de notre civil i sation archaïque.
Afin de réveiller ces vieux souvenirs, Eugène Sue empru nte des technique s qu i sont issues de l'épo pée : les Bo ns com battent les Méchants dans de multiples confrontations épiques, répétées d'âge en âge, scandées par les épithètes homé riques qui, désignant ces héros de façon simple, forte et immuable, les haussent à la valeu r de symboles didactiques.
L'ouvrage est fondé sur un manichéisme de base renforcé et dramatisé par des anti thèses hautes en couleur qui lui perme ttent de dénoncer sans ambages et avec une virulence digne de la Légende des siècles ou des Misérables tous les abus et tous les excès de tous les pouvoirs dominants sous toutes leurs formes.
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D ans
cette geste populaire, le romancier donne u ne dimensio n épique au cadre spatio-temporel en transpo sant l'act uali té en termes héroïq ues (i l fait allusion, comm e dan s les épopées antiques et méd iévales, aux grands p roblèmes du momen t présent, reliés à ceux du passé) et en créant un espace épique dans lequel Je réa lisme est de rigueur : le décor est tantô t un lieu fictif, lointain ou imaginaire, comme dans les « gestes » histo riques, tantô t un e r ep résentation mimét ique du monde du lecteur : Paris, par exemple, ou la Bretagne gauloise .
C'est dans cet espace myth ique que les héros affrontent les «adversaires» au cours d 'une lutte qui, no us l'avon s
vu, se révèle sans cesse manichéenne.
L'univers déc r it est un univers providentiel : le roma ncie r, véritable.
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