Les Fleurs bleues : résumé et analyse
Publié le 10/08/2014
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Le genre des Fleurs bleues n'est pas plus facilement saisissable que son auteur. Le récit témoigne de l'éclectisme de l'écrivain. On peut néanmoins, comme le texte est saturé de références, le rapporter à quatre grandes origines : le genre antique délibératif et sa réflexion sur le rêve, l'épopée fantaisiste et sa réflexion sur la connaissance, des romans de natures diverses, la littérature moderne et sa réflexion sur le temps et sur le langage. Tout cela brouille les limites des genres.
L'argument du rêve est un argument traditionnel des sceptiques remettant en cause nos certitudes. Le rêve (comme les illusions des sens, comme la folie) peut nous faire douter de ce que nous voyons et de ce que nous entendons. C'est le point de départ du récit. L'épigraphe (« En échange de ton songe, écoute le mien «), empruntée à la pensée antique, au dialogue de Platon, le Théétète (le rêve d'un rêve), témoigne de ce questionnement : les sceptiques ont repris les arguments platoniciens sur la fragilité de notre expérience sensible, non pour montrer la prééminence de l'intelligible mais pour nous faire douter de tout accès possible à la vérité. Toute la fiction repose sur la mise en forme narrative
d'un questionnement philosophique, comme Queneau a pu le pratiquer autrement à propos de la philosophie de Descartes dans Le Chiendent ou de celle d'Aristote dans Zazie dans le métro.
Le roman est une manière de transposer dans la fiction, sous forme d'apologue, un raisonnement qui s'effectue ailleurs sous une forme logique ou systématique : c'est un autre aspect de Queneau « traducteur «. Il traduit « romanesquement « une pensée, comme Descartes a pu traduire et rendre accessible une réflexion en la formulant en français dans le Discours de la méthode (grande référence du Chiendent).
On ne s'étonnera donc pas de voir le roman Les Fleurs bleues traversé de références antiques détournées : les mythes homériques à travers le cheval qui parle (pp. 132-133), la musique des sphères reprise au Timée de Platon (p. 149), ou même la pensée présocratique du mouvement, celle d'Héraclite : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve « détournée en « On ne sent pas toujours deux fois les mêmes ordures « (p. 231).
Il est à noter, enfin, que l'argument du rêve a pu servir toute une apologétique chrétienne : sommes-nous si sûrs de tout ce que nous sentons ici-bas ? Il n'est donc pas étonnant de retrouver pêle-mêle des références bibliques à la Genèse, au péché et à la tentation du serpent (p. 151), à Adam (p. 211) et à la tour de Babel (pp. 43-44), à l'arche de Noé (p. 51), à l'épisode du Déluge dans la Genèse (p. 276) : tous les grands épisodes de création et de destruction du monde affleurent subrepticement.
Cette délibération inquiète sur l'existence éveillée qui est celle de Cidrolin dans le roman nous renvoie à la fois à une réflexion chrétienne possible sur la vie qui ne serait qu'un songe (chez Pascal) et à sa figuration théâtrale au début du xviie siècle, communément nommée « baroque « chez de grands auteurs européens (Shakespeare, Calderôn). Ici, dans la prière d'insérer, elle prend le tour oriental d'un apologue chinois, comme pour masquer tout ce fond antique, européen et chrétien : « On connaît le célèbre apologue chinois :
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d'un questionnement philosophique, comme Queneau a
pu le pratiquer autrement à propos de la philosophie de
Descartes dans
Le Chiendent ou de celle d'Aristote dans
Zazie dans le métro.
Le roman est une manière de transposer dans la fic
tion, sous forme d'apologue,
un raisonnement qui s'ef
fectue ailleurs sous
une forme logique ou systématique :
c'est
un autre aspect de Queneau « traducteur ».
Il tra
duit « romanesquement » une pensée, comme Descartes
a
pu traduire et rendre accessible une réflexion en la
formulant en français dans le Discours de la méthode
(grande référence du Chiendent).
On ne s'étonnera donc pas de voir le roman Les
Fleurs bleues
traversé de références antiques détournées :
les
mythes homériques à travers le cheval qui parle
(pp.
132-133), la musique des sphères reprise au Timée
de Platon (p.
149), ou même la pensée présocratique du
mouvement, celle d'Héraclite : « On ne se baigne jamais
deux fois dans
le même fleuve » détournée en « On ne sent
pas toujours deux fois les mêmes ordures
» (p.
231).
Il est
à noter, enfin, que l'argument du rêve a pu ser
vir
toute une apologétique chrétienne : sommes-nous si
sûrs de tout ce que nous sentons ici-bas ? Il n'est donc
pas étonnant de retrouver pêle-mêle des références
bibliques à la Genèse, au péché et à la tentation du
serpent (p.
151), à Adam (p.
211) et à la tour de Babel
(pp.
43-44), à l'arche de Noé (p.
51), à l'épisode du
Déluge dans la Genèse (p.
276) : tous les grands épi
sodes
de création et de destruction du monde affleurent
subrepticement.
Cette délibération
inquiète sur l'existence éveillée
qui est celle de Cidrolin dans le
roman nous renvoie à la
fois
à une réflexion chrétienne possible sur la vie qui ne
serait qu'un songe (chez Pascal) et à sa figuration
théâtrale au début du xvne siècle, communément nom
mée « baroque » chez de grands auteurs européens
(Shakespeare, Calderon).
Ici, dans la prière d'insérer,
elle prend le tour oriental d'un apologue chinois,
comme pour masquer tout ce fond antique, européen et
chrétien :.
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