Les Fleurs bleues (résumé et analyse)
Publié le 10/08/2014
Extrait du document
RÉSUMÉ
En 1264, un chevalier, le duc d'Auge, contemple un paysage fantaisiste et dévasté du haut de son château, puis décide d'aller visiter les tours de Notre-Dame de Paris en construction. Il enfourche alors son cheval Sthène, qui parle. Chemin faisant, le duc s'endort.
Dans un premier enchaînement mystérieux, un bond de sept siècles nous transporte sur une péniche où nous faisons la connaissance d'un personnage moderne et indolent, Cidrolin, qui finit un repas décevant et s'assoupit à son tour.
De retour au Moyen Âge, nous assistons au réveil du duc : il arrive à une ville sur son cheval, demande le gîte et le couvert et plonge à nouveau dans le sommeil.
C'est à une autre rencontre que nous sommes ensuite conviés, grâce à un nouveau saut dans le temps : Cidrolin est réveillé de sa sieste sur sa péniche par un couple de touristes qui parlent un mélange de toutes les langues européennes ; ceux-ci finissent par s'en aller. Cidrolin commente alors rapidement leur passage avec sa fille Lamélie, s'interroge cavalièrement sur le rêve et la vie éveillée, puis finit par se rendormir.
COMMENTAIRE
Un programme ludique de lecture
L'entrée dans Les Fleurs bleues se fait par des seuils successifs. C'est d'abord le titre à valeur mystérieuse, qui est repris au cours de ce premier chapitre dans une référence au poème de Baudelaire « Moesta et
errabunda « des Fleurs du Mal (détournement du vers « Loin ! Loin ! Ici la boue est faite de nos pleurs «, p. 15) ; c'est ensuite la prière d'insérer qui explique la construction du roman (p. 7) ; puis l'épigraphe du Théétète de Platon qui signifie : « En échange de ton songe, écoute le mien « (p. 11) ; c'est enfin la première page qui s'apparente à tous les phénomènes de déplacements et de condensation d'un rêve historique sur les grandes invasions et les incertitudes du Moyen Âge (p. 13). On entre ainsi avec diverses modalités dans le roman : le rôle de tous ces seuils est de nous permettre de passer de l'existence hors du livre à l'existence dans le livre, de la réalité à la fiction. Tout le roman va s'employer à interroger cette transition sous des formes diverses : mise en scène de l'activité endormie ou éveillée, de ce qui est vécu ou de ce qui est raconté, de ce qui est senti ou de ce qui est imaginé. Pour une étude plus précise de l'ouverture du texte (titre, épigraphe, première page), on se reportera à L'Épreuve de lettres, collection « Faire le point «, Hachette Livre, « Comment analyser le début des Fleurs bleues ? «, pp. 198 à 201.
En outre, la construction narrative du roman, dès les premières pages, se met en place. On note une alternance des temps traditionnels du récit (imparfait/passé simple) et de passages au présent, représentés notamment par le présent des dialogues. On a ainsi l'impression d'une narration simultanée (les événements seraient rapportés au fur et à mesure de leur déroulement). Cette narration simultanée nous offre ainsi une série discontinue de scènes, où tout est montré plus que raconté, dans la suite d'un mouvement jusqu'à son interruption.
Cette illusion du pur spectacle de deux représentations en alternance (univers historique/univers moderne) est à nuancer. Le conteur est bien présent ici : il ne cesse de montrer sa présence vivante par son langage étonnant et décalé ; il entre aussi facilement dans la psychologie des personnages : le lecteur partage successivement les pensées du duc d'Auge, au début du chapitre, et celles de Cidrolin, à la fin du chapitre. C'est
«
errabunda » des Fleurs du Mal (détournement du vers
« Loin ! Loin ! Ici la boue est faite de nos pleurs », p.
15) ;
c'est ensuite la prière d'insérer qui explique la construc
tion
du roman (p.
7) ; puis l'épigraphe du Théétète de
Platon qui signifie : « En échange de ton songe, écoute le
mien » (p.
11) ; c'est enfin la première page qui s'appa
rente à tous les phénomènes de déplacements et de
condensation
d'un rêve historique sur les grandes inva
sions et les incertitudes
du Moyen Âge (p.
13).
On entre
ainsi avec diverses modalités dans le roman : le rôle de
tous ces seuils est de
nous permettre de passer de l'exis
tence hors
du livre à l'existence dans le livre, de la réa
lité à la fiction.
Tout le roman va s'employer à interroger
cette transition sous des formes diverses : mise
en scène
de l'activité endormie ou éveillée, de ce qui est vécu
ou
de ce qui est raconté, de ce qui est senti ou de ce qui est
imaginé.
Pour une étude plus précise de l'ouverture du
texte (titre, épigraphe, première page), on se reportera
à
L'Épreuve de lettres, collection « Faire le point »,
Hachette Livre, « Comment analyser le début des Fleurs
bleues?
»,pp.
198 à 201.
En outre, la construction narrative du roman, dès
les premières pages, se
met en place.
On note une alter
nance des temps traditionnels
du récit (imparfait/passé
simple) et de passages
au présent, représentés notam
ment par le présent des dialogues.
On a ainsi l'impres
sion d'une narration simultanée (les événements
seraient rapportés au fur et à mesure de leur déroule
ment).
Cette narration simultanée
nous offre ainsi une
série discontinue de scènes, où tout est montré plus que
raconté, dans la suite d'un mouvement jusqu'à son
interruption.
Cette illusion
du pur spectacle de deux représenta
tions en alternance (univers historique/univers
moderne) est à nuancer.
Le conteur est bien présent ici :
il ne cesse de montrer sa présence vivante par son lan
gage
étonnant et décalé ; il entre aussi facilement dans
la
psychologie des personnages : le lecteur partage
successivement les pensées du duc d'Auge, au début du
chapitre, et celles de Cidrolin, à la fin du chapitre.
C'est.
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