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Les Femmes savantes de Molière (résumé & analyse)

Publié le 26/11/2018

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Les Femmes savantes
 
Structurellement, les Femmes savantes présentent un diagramme de relations entre les personnages superposable à celui du Tartuffe. Ici, le maître de maison, là la maîtresse de maison ont fait leur dieu d’un intrigant prétendument saint ou génial qui satisfait leur besoin d'être confortés (Orgon quant à son salut, Philaminte quant à son talent) et leur permet ainsi de devenir dieux à leur tour sur une famille tyrannisée. Cet empire absolu se marque par le choix de l’idole comme époux d’une fille déjà amoureuse ailleurs et prête au couvent plutôt qu’à obéir. Dans les deux cas, chaque partie a son ou ses alliés : Madame Pcrncllc dans Tartuffe, Bélise et Armande dans les Femmes savantes pour le camp de l'autorité; et pour le camp de la jeunesse Elmire ou Chry-salc, appuyés l'un et l’autre par une servante et un raisonneur. Deux différences : dans les Femmes savantes, le personnage-obstacle dominateur est, par exception chez Molière, une femme; au demeurant, la configuration des forces n’en est point modifiée : ce n’est pas le sexe qui fait le père, mais l’autorité. D’autre part, l'enjeu de Tartuffe, qui est la ruine de toute une famille, dépasse le péril traditionnel pesant sur le bonheur des seuls amoureux dans les Femmes savantes : au lieu de la royale intervention de 1669, une simple ruse suffit en 1672 à dénouer la crise.


« -------·------------------ ----- ---------- bien regtr la partie animale 1 Et retenir la bride aux efforts du courroux?», Les Femmes savantes, v.

159-161; cf.

Tartuffe, v.

552).

Mais l'instrument privilégié de la démystification réside dans la sexualité.

Les valeurs du corps sont les antivaleurs par excellence pour les prudes et les précieuses, comme pour les dévots hypocrites ou bornés.

Cette «guenille» (v.

539), méprisable fragment de res extensa, n'est là que pour être oubliée ( « Et l'on ne s'aperçoit jamais qu'on ait un corps», v.

1212) : las! si 1' impétuosité du désir charnel éclate en 1' austère Tartuffe et le démasque, il s'insinue par mille travestis­ sements dans l'univers éthéré de nos savantes.

La pauvre Bélise, on le sait, se voit des amoureux partout et Armande, morte de jalousie, finit par s'offrir à Clitandre (v.

1235-1240), mais, plus subtilement, la sexualité fait retour dans cela même qui devait l'exclure - à savoir la «science» : on retranchera des mots les « syllabes sales >> (v.

913) comme Tartuffe couvrait le sein de Dorine, ce qui suppose qu'on les y a d'abord aperçues; on ne fera commerce que d'esprit, mais c'est précisément «l'amour du grec» qui autorise à embrasser Vadius (acte III, scène III); on bannira l'équivoque des œuvres littéraires, quitte à s'y abandonner soi-même à leur pro­ pos (v.

810: «On n'en peut plus - On pâme -On se meurt de plaisir»).

La censure a valeur d'aveu; qu'elle soit saturée de ce qu'elle entendait refouler montre clai­ rement au travail, dans les hautes spéculations de la cote­ rie, le classique processus de la sublimation : ce que Tartuffe cachait aux autres, les femmes savantes se le cachent à elles-mêmes.

Synopsis.

-Armande, qui se pique de philosophie.

reproche à sa sœur Henriette de vouloir s'engager dans les terrestres liens du mariage, et surtout de prétendre épou­ ser son ancien soupirant Clitandre.

Celui-ci tente de gagner la famille à ses nouvelles amours : il échoue d'abord devant les chimères de la tante.

Bélise (acte 1); puis il convainc l'oncle.

Ariste.

et par lui le père.

Chrysale.

Mais l'obstacle décisif est représenté par Philaminte.

mère autoritaire dont la passion pour les se pâment à la récitation des vers ridicules de Trissotin.

Survient le pédant Vadius.

qui échange avec son confrère force flatteries qui se retournent bientôt en injures (acte Ill).

Philaminte s'obstine dans sa décision de marier Henriette à Trisso tin .

malgré une dénonciation de Vadius le présentant comme un coureur de dot: et ce n·est point l'appui du faible Chry­ sale qui peut affermir les espoirs de Clitandre (acte IV).

La confrontation des époux a lieu devant le notaire : Phila­ minte est en passe d'imposer son choix.

lorsque Ariste annonce -faussement -la ruine de la famille.

Trissotin ne voit pas la ruse et se retire.

laissant le champ libre à Clitandre qui.

pour son désintéressement.

obtient la main d'Henriette (acte V).

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