Les Egarements du coeur et de l'esprit ou Mémoires de M. de Meilcour
Publié le 09/04/2013
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Roman inachevé publié en 1736. Comme il l'indique dans sa préface, Crébillon prévoyait en effet trois parties : l'initiation, le temps du libertinage et le retour à la vertu. Seule la première a été rédigée, mais elle contient, en germe, les deux autres.
«
Que le roman rende,
« comme la Comédie,
Je tableau de la vie
humaine
», demande
Crébillon dans la
préface des
Égarement s.
Aussi
tente-t-il , dans ce
roman en forme de
mémoires, de présenter
l e juste miroir des
mœurs de
la haute
société de son temps.
«E lle m'en vit si abattu, si près d 'en verser des larmes , si déconcerté ...
»
EXTRAITS
Dans la célèbre préface des
Égarements, Crébillon fils tente de
donner une dignité morale au genre
romanesque, considéré à lépoque
comme mineur
Le Roman , si méprisé des personnes sen
sées, et souvent avec justice, serait peut
être celui de tous les genres qu'on pourrait
rendre
le plus utile, s'il était bien manié,
si, au lieu de le remplir de situations téné
breuses et forcées, de héros dont les ca
ractères et les aventures sont toujours hors
du vraisemblable, on
le rendait, comme la
Comédie,
le tableau de la vie humaine, et
qu'on y censurât les vices et les ridicules.
Le Lecteur
n'y trouverait plus, à la vérité,
ces événements ex
traordinaires
et tra
giques, qui
enlèvent
l'imagination, et dé
chirent le
cœur ; plus
de héros qui ne passât
....:~.
les mers que pour y
être, à
point nommé,
pris des Turcs , plus
d'aventures dans le sé
rail, de Sultane sous
traite à la vigilance
des Eunuques,
par
quelque tour d'adresse
surprenant ; plus de
morts imprévues, et
infiniment moins de
souterrains : le fait,
préparé avec art, serait
rendu avec naturel.
Ici, pour rendre compte de l'attitude
ambiguë de Mme de Lursay,
Crébillon nous livre
une analyse
des
rapports de la femme à l'amour
Une femme, quand elle est jeune, est plus
sensible au plaisir d'inspirer des passions,
qu'à celui d'en prendre: ce qu'elle ap
pelle tendresse,
n'est le plus souvent qu'un
goût vif, qui la détermine plus prompte
ment que
l'amour même, l'amuse pendant
quelque temps,
et s'éteint sans qu'elle le
sente, ou le regrette : le mérite de s 'atta
cher un amant,
pour toujours, ne vaut pas
à ses yeux celui d'en enchaîner plusieurs.
Plut
ôt suspendue que fixée, toujours livrée
au caprice, elle songe moins à l'objet qui
la possède,
qu'à celui qu'elle voudrait qui
la
possédât ; elle at
tend toujours le plaisir,
et
n'en jouit jamais :
elle se donne un amant,
moins parce qu'elle le
't .
trouve aimable, que
pour prouver qu'elle
l'est ; souvent elle ne
connaît pas mieux
celui qu'elle quitte, que
celui qui lui succède.
Les leçons du libetin
Versac participent
aussi à l'éducation
du jeune Meilcour
C'est une erreur de
croire que
l'on puisse
conserver dans le
monde cette innocence
de mœurs,
que l'on a
communément quand on y entre, et que
l'on y puisse être toujours vertueux, et tou
jours naturel, sans risquer sa réputation
ou sa fortune.
Le cœur et l'esprit sont for
cés de
s'y gâter, tout y est mode et affec
tation.
Les vertus, les agréments, et les
talents y sont purement arbitraires, et
l'on
n'y peut réussir qu'en se défigurant sans
cesse.
Voilà des principes que vous ne
devez jamais perdre de
vue; mais ce n'est
pas assez de savoir que pour réussir il faut
être ridicule,
il faut étudier avec soin le ton
du monde où notre rang nous a placés.
Garnier-Flammarion, 1985
« Enfin tout ce que l'amour a de charmant quand il ne se contraint
plus, se succédait sans
cesse ...
»
NOTES DE L'ÉDITEUR 1777 : mort, à Pari s, de Crébillon.
de ses romans, auxquels il donnait toujours
une portée morale.
Quelques dates :
1707 : naissance à Pari s de Claude Pro sper
Jolyot de Crébillon, dit Crébillon fils.
1720-1725 : éducation de Crébillon fils
chez les jésuites.
Dès 1729 : il participe,
avec son père, aux dîner s de la Société du
Caveau, qui réunit des chansonniers et des
écrivains.
1730 : Le Sylphe.
1734: L'Écumoire.
1742: Le Sopha.
1754: La Nuit et le Moment.
1 portr ait par G.F .
D oye n, Musée des Bea ux-A rts, Roue n I La uros- Giraudon
Les romans de Cré billon fils sont tous
investis
d'un libertinage plus ou mo ins
feutré.
Il fut donc parfois victime de la
censure et passa même quelque temps
emprisonné
au donjon de Vincennes en
1754 pour
L'Écumoire.
Mais, en 1759,
grâce
à la protection de Mme de
Pompadour , il obtint comme son père une
charge de
« censeur royal pour les belle s
lettres
» qui lui permit de protéger l'intérêt
2 , 3, 4 , 5 dess ins de Va nhanme /B .
Nulle ressemblance entre les œuvres de
Crébillon père (1674-1762 ) et celles de
Crébillon fils.
Poète tragique et
académicien, le père fut reçu
à l'Académie
française en 1731 et promu censeur royal en
1733.
Quoique représentant officiel de la
tragédie en France, il sut multiplier le s
principes dramatiques originaux et porter le
pathétique sur scène.
CRÉBILLON FILS 02.
»
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