Devoir de Philosophie

Les Destinées de Vigny (résumé & analyse)

Publié le 12/11/2018

Extrait du document

vigny
Les Destinées
 
Cet ouvrage, assurément le plus lu et le plus étudié aujourd’hui parmi ceux de Vigny, celui qui compte les poèmes les plus célèbres, a provoqué la déception de la critique du temps. Si Sainte-Beuve parle de « déclin » et Leconte de Lisle de « décoloration », c’est que leur préférence va nettement au premier recueil.
 
Vigny, pourtant, inscrit les onze poèmes des Destinées dans la perspective des Poèmes antiques et modernes, dont ils sont, à bien des égards, la suite et l’approfondissement. « Paris », la dernière pièce du précédent recueil, évoquait « la souffrance et la mort »; « la Mort du loup » dégage pour l’homme une leçon morale qui se résume en cette formule : « Souffre et meurs » :
 
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
 
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
 
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler.
 
Vigny, qui a réfléchi à plusieurs plans possibles, ne s’est jamais arrêté à un ordre précis. Paul Bénichou a même démontré le caractère interchangeable de la place des poèmes. C’est que l’unité est à chercher non dans le plan, mais dans la substance même des poèmes, qui tournent tous autour de la même préoccupation. Le titre de « Poèmes philosophiques » est le premier auquel a songé Vigny. Il adopte, en 1849, celui de Destinées. Le thème central est, en effet, celui de la destinée humaine, avec pour corollaire la solidarité avec les créatures malheureuses. Vigny pensait diviser le recueil en deux parties; les « destinées envoyées par la fatalité » devaient

vigny

« précéder les «destinées envoyées par la grâce».

Cette bipartition se retrouve dans le poème éponyme du recueil.

Mais, si Je plan n'est pas définitivement explicable dans ses détails, l'ensemble laisse toutefois apparaître un mouvement clair qui va du désespoir à l'espoir, des destinées subies et exécrées à leur dépassement volon­ taire et heureux par l'esprit pur, à l'appel aux futurs lecteurs qui, « de dix en dix années », assureront à l' œu­ vre l'immortalité.

Étudiés dans leur ordre chronologique, les poèmes montrent l'évolution d'une conscience aux prises avec les questions qui d'emblée se donnent à elle pour capita­ les.

De 1838 à 1841, Vigny écrit «la Mort du loup», « la Colère de Samson» et « le Mont des Oliviers » : c'est le temps du refus, l'apologie du silence et du stoï­ cisme.

Une période d'ouverture suivra, qui correspond à la candidature académique : des poèmes, comme « la Sauvage », font entendre l'éloge sans réserve de la civili­ sation.

Enfin, la sérénité s'affirme progressivement, de 1845 à 1863, la confiance en l'humanité s'épanouit.

Il faut souligner ici l'importance centrale de «la Maison du berger» : avant ce poème, les rimes sont continues; après, domine la forme strophique.

Renouveau de la technique poétique, donc, mais aussi concentration très ouvragée de la pensée : " J'aime la maje sté des souffrances humaines».

Ce vers est le sens de tous mes poèmes philosophiques.

L 'esp rit d'hu mani té ; l'amour entier de l'humanité et de l'amélioration de ses destinées.

(Journal, 1844) A cette fermeté spirituelle correspond une forme déli­ bérément choisie et longuement travaillée.

A l'idée de froide pesanteur, par exemple, convient au mieux, dans « les Destinées », la terza rima, héritée de Dante, image même de l'enchaînement fatal.

L'utilisation du dialogue, du monologue, du récit, l'effet calculé -et le plus sou­ vent, réussi -de l'enjambement et de la rime témoi­ gnent d'une technique parfaitement maîtrisée de la forme dramatique.

L'alexandrin n'est pas disloqué gratuite­ ment, mais exploité dans toutes ses ressources et subor­ donné à la plus juste expression du tableau ou de la pensée.

Mais le vers ne resterait qu'un instrument de démonstration laborieux, avec des faiblesses et des limi­ tes que la critique a souvent signalées, s'il ne s'échappait parfois vers un art dépouillé de tout souci d'expressivité, vers Je chant d'une langue qui à ell e seule est toute la poésie, comme dans « la Colère de Samson», « le Mont des Oliviers» ou. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles