Les Déracinés (1897) Maurice Barrès - Résumé et analyse
Publié le 26/03/2015
Extrait du document
Barrès décrit un groupe, un apprentissage collectif du monde, embrassant des vies d'abord soudées et qui finissent par se disjoindre. Les deux premiers chapitres se déroulent en province, au sein de la même classe d'un lycée, et traitent simultanément les personnages. Puis, avec l'arrivée à Paris, Barrès s'attache successivement à chacun d'eux. Les amours de Steurel occupent tout le chapitre 4, le chap. 7 est consacré à Roemerspacher et à son article sur Taine, tandis que Racadot et Mouchefrin sont le centre des chapitres 15 et 16. Le dernier voit Suret-Lefort occuper le devant de la scène en devenant le secrétaire de Bouteiller.
Renaudin, qui évolue dans le milieu trouble du journalisme parlementaire, propose à ses amis de reprendre un journal, La Vraie République, et d'unir ainsi leurs forces inemployées. La décision est prise aux Invalides, devant le tombeau de Napoléon. Racadot dirige l'entreprise et investit dans l'affaire son héritage maternel. Suret-Lefort, Roemerspacher, Steurel en sont les rédacteurs. Un mois plus tard, le premier numéro sort. Mais l'inexpérience, la générosité idéaliste des jeunes gens conduit le journal à la faillite.
«
juste rompue par deux types de procédés: d'une part une série de retours en arrière
destinés à
éclairer le passé des personnages; d'autre part les interventions du
romancier dans le récit pour commenter et juger l'attitude des protagonistes ou la
situation politique.
Ces intrusions portent l'empreinte des convictions politiques de
Barrès et font de ce roman un
roman d'apprentissage à thèse.
La
narration est exclusivement menée à la troisième personne: le narrateur y est
omniscient, sur le modèle balzacien.
Romancier tout puissant qui n'ignore rien du passé,
des émotions, des idées de ses personnages, Barrès s'érige à maintes reprises en mora
liste, jugeant du haut de ses
a priori idéologiques le comportement de ces derniers.
Une narration~~!' de.'!~.!.~~~
Une succession de onze chapitres décrit dans un premier temps la vie de sept
jeunes provinciaux quittant leur Lorraine natale pour tenter leur chance à
Paris, jux
taposant une série de scènes-types du roman d'apprentissage et
qui ne constituent
pas une véritable intrigue.
Aussi faut-il attendre le douzième
chapitre pour voir les fils de ces sept destins
se rejoindre et se nouer autour
d'un projet commun : lancer un journal, La Vraie
République,
qui exprimerait les attentes de la jeunesse.
Désormais le rythme du récit
s'accélère, les événements se précipitent, tous reliés au journal que dirige
Racadot.
Sept chapitres vont décrire les préparatifs du lancement et la parution du
premier numéro ( chap.
12, 13 ), l'entreprise étant en proie aux difficultés financières,
la dislocation du groupe (chap.
14, 15), le geste de Racadot aux abois qui, par un
meurtre, tente de sauver le journal de la faillite (chap.
15, 16), enfin l'arrestation de
celui-ci et son exécution (chap.
17 18).
Le tout n'a pris qu'une année: la décision de
fonder un journal est prise le 5 mai 1884, le premier numéro parait le 25 juin; le
21
mai 1885, Steurel rencontre Mouchefrin et Racadot en compagnie d'Astiné.
Le
même soir, celle-ci est assassinée.
Le 31 mai, Racadot est arrêté.
Il -L'ORIGINALITÉ DE BARRÈS
~~-i\PP~~!lti~~a~e collectif
Barrès décrit un groupe, un apprentissage collectif du monde, embrassant des
vies d'abord soudées et qui finissent par se disjoindre.
Les deux premiers chapitres
se déroulent en province, au sein de la même classe d'un lycée, et traitent simulta
nément les personnages.
Puis, avec l'arrivée à Paris, Barrès s'attache successive
ment à chacun d'eux.
Les amours de Steurel occupent tout le chapitre 4, le chap.
7
est consacré à Roemerspacher et à son
article sur Taine, tandis que Racadot et
Mouchefrin sont le centre des chapitres
15 et 16.
Le dernier voit Suret-Lefort occu
per
le devant de la scène en devenant le secrétaire de Bouteiller.
Cet agencement narratif reflète la démonstration de Barrès: unis par un même
enracinement dans une terre provinciale, un même passé, un même moule (le
lycée), les jeunes gens voient se fissurer cette apparente unité au contact des réali
tés parisiennes: les problèmes
d'argent vont séparer Racadot et Mouchefrin de
leurs camarades plus fortunés ; Renaudin, contraint de travailler, fait cavalier seul
en
n'hésitant pas à trahir le journal de ses congénères ; Steurel, Suret-Lefort et
Roemerspacher démissionnent de
La Vraie République dont ils désapprouvent les
compromissions.
Au fond, ce que montre Barrès,
c'est qu'ils ne forment pas une
communauté mais une association artificielle produite par
un milieu social artifi
ciel: le lycée puis l'université.
D'où l'illusion de vouloir, à Paris, reconstituer un
groupe authentique,
à l'ombre du tombeau de Napoléon.
En séparant l'homme de.
»
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