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Les Croix de bois

Publié le 05/04/2013

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Les Croix de bois a concouru pour le Prix Goncourt en 1919, mais n'obtint que 4 voix sur 10 (au profit de Marcel Proust avec A l'Ombre des jeunes filles en fleur). Il reçut par contre le Prix de la Vie heureuse (Fémina) la même année en gui se de « réparation « . « La guerre ... Je vois des ruines, de la boue, des files d'hommes fourbus, des bistrots où l'on se bat pour des litres de vin, des gendarmes aux ag uets, des troncs d'arbres déchiquetés et des croix de bois, des croix, des croix ... Tout cela défi le, se mêle, se confond . La guerre ... «

« EXTRAITS ~ ~~~~~~~ « Des morts, il y en avait partout : accrochés dans les ronces de fer, abattus dans l'herbe, entassés dans les trous d'obus.

» Le régiment parcourt la plaine en direction d'autres lignes de combat et le paysage, où se dessinent les premières croix mortuaires, est décrit en ces termes Ons' était battu en septembre dans ce pays, et, tout l e long de la route, les croix au garde-à-vous s 'a li­ gnaient, pour nous voir défiler.

Près d'un ruisseau, tout un cimetière était groupé ; sur chaque croix flottait un petit drapeau , de ces drapeaux d'enfant qu'on achète au bazar, et ce la tout claquant donnait à ce champ de morts un air joyeux d'escadre en fêt e.

Sur le bord des fossés, le ur file s'allongeait, croix de hasard , faites avec deux plan che s ou deux bâtons croisés.

Parfois toute une section de morts sans nom, avec une seule cro ix pour les gar der tous.

« Soldats fran­ ça is tués au cham p d'honneur », épelait le régiment.

Autour des fermes, au milieu des cham ps, on en voya it partout: un régiment entier avait dû tomber là.

Du haut du talus encore vert, ils nous regardaient passer, et l'on eût dit que leurs croix se penchaient, pour choisir dans nos rangs ceux qui, de­ main, les rejoindraient.

Pourtant, elles n 'étaient pas tristes, ces premières tombes de la guerre.

Rangées en jardins verdoyants, encadrées de feuilla ge et couronnées de lierre, elles se donnaient encore des airs de charmille pour rassurer les copains qui partaient.

Puis , à l'é car t, dans un c hamp nu, une croix noire, toute seule, avec un calot gris.

- Un Bo che! cria quelqu'un.

Et tous les nouveaux se bousculèrent pour regarder: c'était le premier qu'ils voyaient .

Entre deux combats, goûtant une nuit de répit, les soldats s'entretiennent sur la notion de bonheur - Il a fallu la guerre pour nous apprendre que nous é tions heureux, dit Berth ier, toujours grave.

- Oui, il a fallu connaît re la misère, approuve Gilbert.

Avant, nous ne savions pas, nous étions des ingrats ...

Maintenant, nous savourons la moindre joie, ainsi qu'un dessert dont on est priv é.

Le bonheur est partout : c'es t le gourbi où il ne pleut pas, une soupe bien chaude, la litière de paille sale où l'on se couche, l'his­ toire drôle qu'un copain raconte, une nuit sans corvée ...

Le bonheur ? mais cela tient dans les deux pages d'une lettre de chez soi, dans un fond de quart de rhum.

Par eil aux enfants pauvres, qui se co nstruisent des palais avec des bouts de planche, le soldat fait du bonheur avec tout ce qui traîne.

Un pavé, rien qu'un pavé, où se poser dans un ruisseau de boue, c'est encore du bonheur.

Mais il faut avoir traversé la boue, pour le savoir.

Albin Michel, 1919 « Les Boch es ! Tirez, tir ez ...

Visez bas ...

» NOTES DE L'ÉDITEUR «Ce qu' il fallait, c'était se pétrir le cœur, s'assimi l er la guerre jusque dans ses poisons.

Et de ces deux êtres ne plu s faire qu'un : !'éc rivain et le so ldat.

Je n'avais pas e ncore pensé nettement à un livre, mais sa ns que je l'eusse vou lu, il s'édifiait de lui­ même .

( ...

) Mais , regardant toutes ces croix dont les mains se joignaient, et tous ces jeunes hommes dont chacun portait sa plaque individuelle au cou, pour reconnaître l e cadavre, j 'ai brusquement compris que, mort s ou vivants, nous ne formions qu'une immense armée, sous un unique emb lème : des croix de bois, rien que des croix de tragique .

Il n'y a pas de chemins de fer qui coupent la fresque , ni de darnes à bouquets qui en adouc isse nt la beauté simple.

( ...

) Vous n'attendez pas de moi que je catalog ue vos dons, la puissance de l'im age.

( ...

) J'aime mieux vous remercier d'avoir fait un beau livre simple comme n otre époque et qui m'émeut comme elle.

» Lettre de Max Jacob du 1er avril 1919 dans Roland Dorgelès .

D e Montmartre à l'Aca démie Goncourt, Paris , Bibliothèque Nationale, 1978.

1 Harlin guc-Viollct 2.

3.

4 .

.5 0 .R .

bois ...

Mon livre avait trouvé son nom.

» Roland Dorgelè s, Souvenirs sur les Croix de bois, Paris, A la Cité des livres, 1929 .

« Mon ch er Dorgelès , Votre livre est le premier qu'on ait écrit sur la guerre pour m'émouvoir.

( ...

) Ici rien ne distrait du tableau intime et terrible, grossier et DORGELÈS02. »

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