Les Consolations de Saint-Beuve (analyse)
Publié le 13/10/2018
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Les Consolations
Au succès immédiat et unanime que rencontra ce recueil lors de sa parution, en 1830, succéda un prompt oubli. La diversité thématique de Joseph Delorme se réduit ici à l’intimité et à l’amitié, véhiculées par une forme unique, l’épître (si l’on excepte quelques sonnets) : triomphe complet de la subjectivité effusive à laquelle la contrition pieuse sert d'alibi.
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)CONSOLATIONS
(Les).
Poésies de
Ch�rles · Augustin Sainte -Beuve
(1804-1869).
publiées en 1830.
Les Co·nsola ,tions, cette unique
saison heureuse de ma vie -ainsi que les appe
lait Sainte-Beuve dans .1l1es poiso-r!S (*) -sont
nées sous le signe de l'an1itié de l'auteur pour les
Ht1go : cette amitié fut, à ses débuts du Illoins,
con1me un réconfort et une compensation à la
longue· solitttde qui lui avait inspiré la Vie, les
poésies et les pensées de J ost ph Delo-rme (*).
Comme après un long hiver de maladie, lui
revient l'amour de la vie et renaissent les espé
rances et la foi de l'adolescence.
C'est à cette
époque que se sittte sa con version au catholi
cisme (ou du moins au christianisme).
l""'1'est
ai11si que les Consolat�ions nous montren- t un
Sainte-Beuve rejoignant la religion « par le sen
tier de l'art et de la poésie )) ou, pour mieux
dire, de I'an1itié et de l'amour : la lettre-préface
dédiée à Victor Hugo, l'explicite pleinement.
La guérison du poète est trop · récente, et sa religion
trop fraîchement acquise, pour qu'il
puisse être question d'une certitude profonde :
pour le Inon1ent, la religion est ce que le titre
exprime bien, la saison de l'âme consolée.
Toutes
ces poésies témoignent du senti1nent que l'auteur
nourrissait déjà à l'égard de Mme Hugo, qui le
recevait, seule, chaque après-midi ; de son côté,
au delà de son bonheur d'épouse et de mère,
Adèle Hugo sentait naître au plus profond de
son cœur un soupir de tendre insatisfaction
(«A Madame ''· H.
>,).
Soumis au charme de ce
visage qu'il vénère encore de loin, il semble au
poète qu'il faille porter devant Dieu cette amitié
même, qu'il faille simplement et innocemment
aimer ( « A Ernest Fouinet >>) et cesser.
pour un
instant au moins, d'être ce rêvèur inquiet.
Mais la
religion ne jaillit pas attssi facilemeht du cœur
et surtout d'un cœur malade de volupté.
Les
textes religieux mis en épigraphes à chaque
poési é (extraits, le plus souvent, de Saint Augus
tin et de l'Imitatio-n) disent assez clairement
...
comment Sainte-Beu�v·e chercha à fortifier en lui
le sentiment religietlX.
Mais déjà, on peut déceler,
cà et là, ce sens douloureux du péché qui sera
la véritable matière religieuse de Volttpt é (*).
On retrouve enfin certains thèmes de poésie
réaliste et familière, un ton doux et suave de con
versation («A Mademoiselle ...
n), tels qu'ils étaie11t apparus
dans l'œuv re précédente Joseph Delorme.
Les Consolations reflètent ce compromis entre
l'amour et .la religion que conBut alors .la vie de
Sainte-Beuve, compromis qui ne pouvait durer
et qui lui valut six n1ois de bonheur.
Avec le
Livre d' Amo1tr et les Pe·nsées d' Aoû.t, publiées en
1837, on assistera au déclin du poète.
A� côté
de quelques effusions content1es qui ne sont
certes pas dépourvues d'un modeste lyrisme,
prévaudra.
dans ces dernières œuvres, une poésie
tout à fait humble, prosaïque, as.sez confuse et,
à tout pren-dre, terre à terre.
Du reste, Sainte
Beuve, sait bien qu'il est désormais • un poète
mort jeune, à qui l'homme survit»..
»
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