Les Choses Une histoire des années soixante de Georges Perec (analyse détaillée)

« STYLE • Le réalisme -le conditionnel : Nul projet ne leur serait impossible.

Ils ne connaîtraient pas la rancœur; ni l'amertume ni l'envie.

Car leurs moyens et leurs désirs s'accorderaient en tous points, en tous temps.

(ch.

1) -le point de vue du narrateur : Ils étaient plus fiers encore (mais l'on paie tou­ jours un peu trop cher le plaisir de payer trop cher) d'avoir payé très cher[.

..

] ce qui ne pouvait être que le plus beau, le seul beau, le parfait.

(ch.

4) -l'adjectif possessif : Ils auront leur divan Chesterfield, leurs fauteuils de cuir naturel souples et racés comme des sièges d'automobile italienne, leurs tables rus­ tiques, leurs lutrins, leurs moquettes, leur tapis de soie, leurs bibliothèques de chêne clair.

(Épilogue) - le lexique de la richesse : Ainsi rêvaient -ils, les imbéciles heureux : d'héritages, de gros lots, de tiercé.

La banque de Monte-Carlo sautait i dans un wagon désert, une sacoche oubliée dans un filet : des liasses de gros billets i dans une douzaine d'huîtres, un collier de perles.

(ch.

9) • Un style descriptif - l'imparfait narratif : I.: économique, parfois, les dévorait tout entiers.

Ils ne ces­ saient pas d'y penser.

(ch.

6) -l'accumulation : De station en station, antiquaires, libraires, marchands de disques, cartes de restaurants, agences de voyages, chemisiers, tailleurs, fromagers, chausseurs, confiseurs, charcuteries de luxe, papetiers, leurs itinéraires composaient leur véritable univers : là reposaient leurs ambitions, leurs espoirs.

(ch.

8) -l'absence totale de dialogue SOURCE ET INSPIRATION Une source littéraire.

Flaubert (l'Éducation sentimentale, Madame Bovary) inspire l'idée d'un itinéraire où les héros n'ont pas de prise sur la vie.

ACCUEIL ET POSTÉRITÉ Premier roman publié de Georges Perec, l'œuvre, couronnée par le Prix Renaudot, remporte un vif succès et ouvre à son auteur une carrière litté­ raire.

Elle inaugure un mode de narration inédit fondé sur l'inventaire qui, par sa nouveauté, rejoint les créations du nouveau roman.

POINT DE VUE SUR L'ŒUVRE « Parfois, le propos de Perec a été réduit à la banalité d'un discours sur les méfaits de la société de consommation.

Or son récit tire sa force d'être aussi un hymne à cette beauté multiforme des objets qui circulent à pro­ fusion dans nos villes et nos vies.

L'usage social des objets est décevant, non ces objets [ ...

].

Perec restitue, dans le rythme de ses phrases, dans la façon dont il fait respirer ses énumérations, la charge érotique, émotion­ nelle, esthétique dont l'univers décrit peut être secrètement porteur.

>> C.

Burgelin, Georges Perec, Seuil, 1988.. »