Les Cent Vingt Journées de Sodome du marquis de Sade (résumé et analyse)
Publié le 13/10/2018
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Les Cent Vingt Journées de Sodome
Rédigé à la Bastille en 1785, le manuscrit a été sauvé d’une destruction dont l’auteur était persuadé — et se désolait — et publié en 1904, dans une édition extrêmement fautive, par un psychiatre berlinois. C’est l’œuvre la plus radicale de Sade. Quatre libertins, représentant les couches privilégiées de l’Ancien Régime (la noblesse d’épée, le haut clergé, la noblesse de robe et la finance) et les quatre complexions de la médecine traditionnelle (sanguin, bilieux, phlegmatique et mélancolique), s’enferment dans un château inaccessible avec quatre « historiennes », une vingtaine de victimes des deux sexes et une douzaine d’aides techniques. L’Ecole du libertinage (c’est le sous-titre) fait alterner les récits des historiennes, anciennes maquerelles au courant de toutes les passions humaines, et les travaux pratiques.
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)CENT VINGT JOURNÉES DE SO
DOME ·(Les) ou L'école du liperti
nage.
Œuvre du marquis de Sade (1740-1814).
Édition critique établie sur le manuscrit auto
graphe par Maurice Heine, à Paris, par S.
et C.
aux dépens des Bibliophiles souscripteurs.
1931-
1935, 3 vol.
in-4�.
Cet ouvrage monumental
forme l'assise de l'œuvre de Sade.
Il semble bien
qu'il n'ait pas d'analogue dans aucune littérature.
En tout cas : la plus scandaleuse machine ora
toire de notre langue.
Jean Paulhan le dénomme
,, l'Évangile du Mal)), Qui donc voudrait Y contre
dire ? Toutes les perversions s'y trouvent réunies
en corps de doctrine.
Bref, la lumière qu'il
dégage est insoutenable.
Un Évangile, certes.
mais en forme de roman noir.
Entre tous les
châteaux de Sade, aucun ne nous remplit d'un
malaise plus atroce que celui qui forme le cadre
de l'intrigue de ce roman.
Un certain nombre de
femmes s'y trouvent prisonnières, triées, d'ail
leurs, sur le volet, et livrées à la discréti ?n
d'un maître implacable : le duc de Blang1s.
D'un maître, non, de plusieurs maîtres.
Le duc
associe, en effet, trois de ses amis à son .
entre
prise : un grand Juge de France, un prmce de
l'}�glise, et un ·Financier.
Ces quatre bourreaux,
on le voit, sont des personnes de haut rang,
et comme tels assurés de l'impunité absol��·
Ils pourront combler la mesure en t� ut � q
�
ue
tude
: le comble de la perfection dans 1
abJectiOn.
D'entrée de jeu, le Duc instaure la Terreur
Voici en quels termes il s'adresse à ses belle�
captives : « Examinez votre situation ce que
vous êtes, ce que nous sommes et ' que ces
réflexions vous fassent frémir ...
Vous êtes en
fermées dans une citadelle impénétrable.
Qui que
ce soit ne vous y s:1it, vous êtes soustraites à
.
'
vos amis, a vos parents.
Vous êtes déjà mortes
au monde ...
>> C'est ainsi que débute l'ère des
voluptés criminelles.
Toute terreur implique un
système de philosophie.
On sait que celui de
Sade est des plus simplistes.
11 repose tout .
entier
sur l'égoïsme intégral.
Bousculant la notion de
Dieu, Sade lui substitue celle de la Nature et
dès lors il devient la proie de l'esprit de verÙge.
Pour le · duc de Blangis et ses trois congénères
il est toujours permis de faire violence à tou t
être, et d'accroître ce plaisir par les sévices, par
la tortur � et par le meurtre, De nécessité, dirons
nous, pmsque pour eux, la grande affaire est
de parvenir au maximum de la jouissance : « Tu
ne connaîtras rien, dit Sade, si tu n'as pas tout
connu >>.
Point de place donc pour la honte, pour
le remords ou le dégoût
.
le véritable libertin
étant celui qui est capable de transformer à
tout moment ses répulsions en délices.
Ici la
chair est mise à nu.
II s'agit de l'avilir a�ant
de la faire mourir.
et le supplice marche toujours
par d'ins�nsibles gradations.
On ne fait aucune
merci, car la luxure est une faim qui ne saurait
s'assouvir.
Sitôt que tombe quelque victime on
' • ' ,, t
n asp1 �e .
guere qua en sacrifier vingt autres.
Des victimes ? Non des objets.
S'ils sont égaux
par quelque chose, c'est par leur insignifiance.
En bref, ils sont moins que des ombres.
Car la
Nature veut ici que le Néant soit la mesure de
toutes choses.
Vit-on jamais proclamer un plus
radical mépris de la créature humaine ?
Il serait absurde, pourtant, de ne voir dans
cet ouvrage qu'un amas de divagations.
Sa tex
ture même s'inscrit en faux contre un tel juge
ment.
Ce que le monde médical désigne par le
mot sadisme a été connu de tout temps.
Sade
est loin d'en être le créateur.
S'il se trouve avoir
attaché son nom au triste domaine en question
c'est parce ·qu'il a su l'explorer mieux qu�
personne ,av_ec , un esprit exempt de préjugés.
un coup d œil etonnamment juste et l'art de tenir
la plume.
Réaliste de vocation et de système il
�ait .œuvre de pédagogue selon la méth �de
etablie par les Encyclopédistes.
II s'efforce d'in
ventorier toutes les perversions que peut offrir
la.
vie · � ex ?-elle.
Il dénombre.
il classe, il compare.
Son prmCipal mérite consiste dans la clarté de
la description.
Jamais on ne le voit se départir
de sa rigueur scientifique.
Voilà un fait sans
précédent.
Qu'on le veuille ou non, cet ouvrage
est un répertoire gigantesque de tout ce que
l'homme peut concevoir de plus abject dans
le.
champ de la physique de l'amour.
Autrement
dtt: un traité de pathologie sexuelle.
Tout nous
persuade qu'il s'adresse à un petit nombre de
l� cteurs, « aux élites� · dit Maurice Heine, prépa
rees par leur culture à · recevoir l'expression
absolue de la pensée n.
Nous n'en dirons pas
davantage, et pour cause..
»
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