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Les Caves du Vatican

Publié le 05/04/2013

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Gide ne voulait pas être considéré comme un romancier. Il qualifie Les Caves du Vatican (1914) de « sotie «, c'est-à-dire de satire, de divertissement, et ses autres livres seront des « traités «, des « récits «. André Gide tira lui-même de ce roman une pièce de théâtre fort curieuse qui fut jouée pour la première fois en 1951.

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« La rupture entre Claudel et Gide fut consommée après la publication des Caves du Vati can (1914).

Claudel reprocha à l' auteur certains passages sur l'homosexualité mais surtout lexaltation du crime gratuit , qui s'oppo se aux principe s catholiques de l' auteur du Soul ier de satin .

Prolos r--------- EXTRAITS Lafcadio apprend qu' il est le tils · du comte de Baraglioul Lafcadio Wluiki, reprit Juste-Agénor quand il fut redressé, mes instants sont comptés ; je ne lutterai pas de finesse avec vous ; cela me fatiguerait.

Je consens que vous ne soyez pas bête ; il me plaît que vous ne soyez pas laid.

Ce que vous venez de risquer annonce un peu de braverie, qui ne vous messied pas ; j'ai d'abord cru à de l'impudence, mais votre voix, votre maintien me rassu­ rent.

Pour le reste , j'avais demandé à mon fils Julius de m'en instruire ; mais je m'aperçois que cela ne m'intéresse pas beaucoup, et m'importe moins que de vous avoir vu.

Maintenant, Lafcadio, écoutez-moi : aucun acte civil, aucun papier ne témoigne de votre identité.

J'ai pris soin de ne vous laisser les possibilités d'aucun recours.

Non, ne protestez pas de vos senti- ments, c'est inutile; ne m'in­ , terrompez pas.

Votre silence jusqu'aujourd'hui m'est ga­ rant que votre mère avait su garder sa promesse de ne point vous parler de moi.

Le hasard décide de la mort de Fleurissoire « Un crime immotivé, continuait Lafcadio : quel embarras pour la , police ! Au demeurant, sur ce sacré ~ talus, n'importe qui peut, d'un com- partiment voisin, remarquer qu'une portière s'ouvre, et voir l'ombre du chinois cabrioler.

Du moins les ri­ deaux du couloir sont tirés ...

Ce n'est pas tant des événements que j'ai cu­ riosité, que de soi-même.

Tel se croit capable de tout, qui, devant que d ' agir; recule ...

Qu 'il y a loin, entre l'ima­ .

gination et le fait ! ...

Et pas plus le droit de reprendre son coup qu'aux échecs.

Bah ! qui prévoirait tous les risques, le jeu perdrait tout intérêt! ...

Entre l'imagination d'unfait et ...

Tiens ! le talus cesse.

Nous sommes sur un pont, je crois; une rivière ...

».

( ...

) « Là, sous ma main, cette double fermeture - tandis qu 'fi est distrait et regarde au loin devant lui -joue, ma foi! plus aisément en­ c ore qu'on eût cru.

Si je puis compter jusqu 'à dou z e, sans me presser, avant de voir dans la campagne quelque feu, le tapir est sauvé.

Je commence: Une; deux ; trois; quatre ; (lentement ! lentement ! ) cinq ; six ; sept ; huit ; neuf.

..

Dix, un feu ! ...

» Ap rès le geste impulsif viennent les doutes « Et moi qui commençais de vous aimer! . ..

» C'était dit sans méchante intention.

Lafcadio ne s'y pouvait méprendre.

Mais, pour inconsciente, cette phrase n'en était pas moins cruelle, et l'atteignit au cœur.

Il releva la tête, raidi contre l'angoisse qui brusquement l'étreignit.

Il regarda Julius : « Est-ce là vraiment celui dont hier je me sentais presque le frère ? se disait-il.

» Il promena ses regards dans cette pièce où, l'avant-veille , malgré son crime, il avait pu causer si joyeusement ; le flacon de parfum était encore sur la table, presque vide ...

Gallimard, 1980 Décors pour l'adaptation théâtrale des C aves du vatica n, j ouée à la Comédi e­ Fran ça ise le 13 décembre 1950 NOTES DE L'ÉDITEUR Le personnage de Lafcadio deviendra une référence pour beaucoup de jeunes gens de l'entre-deux-guerres: « Être soi ," s'exiger tel qu'on est ", libre de la société , libre de son passé, infiniment disponible, ces thèmes, qui figuraient déjà dans Les Nourritures, sont repris en 1914 dans Les Caves du Vatican, roman( ...

) qui devra surtout son immense influence au personnage de Lafcadio, vivante et fascinante illustration de la théorie de l'acte gratuit, c'est-à-dire de l'acte qui n'a pas de cause, ne sert à rien, n'est fait que par plaisir pur, et où l'on peut voir comme l 'apogée de la disponibilité gidienne.

» Jacques Patry, Dictionnaire des auteurs, Laffont, 1957.

secondaires: il ne s'agit que de faire rire, et que ce rire, comme celui que déclenchaient les soties médiévales, soit libérateur.

La scène n'est habitée que par des fantoches, à l'exception de celui qui apparut le héros gidien par excellence : Lafcadio.

» Claude Martin, Gide , Seuil, 1974.

L'opposition entre le pèrsonnage de Lafcadio et le ton général de la pièce est frappante : «Le sujet est de grosse farce, inspiré d'un fait divers réel et rocambolesque, mais l'anecdote importe peu, et ses vertus anticléricales ( ...

.) sont Gide lui-même tentera de définir l'acte de Lafcadio : «L'homme agit soit en vue de, et pour obtenir ...

quelque chose ; soit simplement par motivation intérieure ...

» Gide, Lettre sur les faits.

divers.

L portait par J.

E.

Blanche, Musée des B eaux Arts, Roue n I Roge r-Viollct 2.

3, 4, 5 Catalogue de l'exposition Jean Denis Malclès 4( Théâtres » édité par la Mairie de Paris.

G!D E03. »

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