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Les Aventures de Télémaque - Histoire de la littérature (fiche de lecture)

Publié le 25/01/2018

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histoire
Télémaque est aussi à l'origine de plusieurs romans didactiques comme Les Avantures de Néoptolème par Chansierges (1718), Les Voyages de Cyrus par Ramsay (1727), Sethos par l'abbé Terrasson (1731), Le Repos de Cyrus par l'abbé Pernetti (1732), Le Voyage du jeune, Anacharsis par l'abbé Barthélemy (1788), auprès desquels on peut nommer l'Emile de Jean-Jacques Rousseau (1762). Le genre romanesque n'y a pas gagné grand-chose et il y a peu de rapport de ces Voyages de Cyrus ou de ce Repos de Cyrus au Grand Cyrus leur lointain ancêtre baroque. Par Télémaque, la filiation est pourtant certaine, le roman de Fénelon étant à la fois l'œuvre d'un poète et celle d'un précepteur. Fénelon a voulu présenter au duc de Bourgogne, pour l'instruction duquel le livre est écrit, un tableau du monde à l'époque d'Homère et un arrangement de quelques légendes antiques; à un niveau plus élevé, il a voulu lui faire aimer et cultiver la sagesse, la modération, la justice, la résistance à l'entraînement des passions, les vertus individuelles et les vertus politiques, lui montrer quelle doit être la conduite d'un roi dans la guerre et dans la paix; à un niveau plus élevé encore, il a voulu lui faire entendre, dans la mesure où une fable profane le permettait, quel bonheur une âme pouvait attendre de Dieu et comment elle devait se préparer à la grâce. Les discours de Mentor font languir l'intérêt romanesque, mais à tout prendre ils sont mieux liés au sujet, qui est l'apprentissage de Télémaque, que les conversations mondaines ne le sont à l'action de la Clélie, et ils traitent des questions plus graves.
A ces invectives, les défenseurs de Fénelon répondaient en refusant le terme de roman et en revendiquant celui de poème pour désigner Les Aventures de Télémaque; l'édition de 1717 est précédée d'un Discours de la poésie épique et de l'excellence du poème de Télémaque, par Ramsay. L'épopée ne se définit pas par l'emploi du vers, mais par le sujet, l'action, le héros, la morale, le style harmonieux et varié, aisé et majestueux, les comparaisons, les descriptions; scandaleuse en effet dans un roman vulgaire, la peinture de l'amour est licite dans une épopée, surtout quand elle a pour but de prémunir le lecteur contre les tentations, et c'est le cas dans Télémaque. Aux modernes qui étaient las d'admirer Homère et Virgile comme des écrivains inégalables, Télémaque apportait la preuve qu'on pouvait rivaliser avec L' Iliade et VEneide; à ceux qui jugeaient la poésie française paralysée par une versification tr(Jp contraignante, il offrait le modèle d'une prose pourvue de toutes les qualités du vers et libérée de ses servitudes $• Mais la distinction des genres était encore si respectée que personne, parmi les novateurs, ne songea à proclamer que Télémaque en tant que roman remplaçait les épopées antiques (alors que l'avenir devait faire du genre romanesque la formule moderne de l'épopée); et en tant que poème, Télémaque n'inspira jamais que des œuvres manquées, du Temple de Cnz'de de Montesquieu aux Martyrs de Chateau­briand. Pour nous aujourd'hui, Télémaque n'est pas un poème, c'est un roman aux fictions et au style un peu artificiels, au didactisme un peu ennuyeux; si nous étions tentés de le placer en marge du genre romanesque, ce serait pour le rapprocher des ouvrages pédagogiques et non de la poésie.
L'opposition entre roman et poésie n'avait sans doute pas de sens pour Fénelon lui-même; à une époque où le roman s'était définitivement séparé de la poésie et où la prétention d'un romancier à être poète risquait de paraître extravagante, Fénelon essayait d'échapper au cloisonnement et créait une œuvre difficile à classer : mais, si original qu'il soit, son dessein devient clair si l'on remarque qu'il adapte à son goût et à ses idées, au goût et aux idées de son époque, la formule du roman hëroïque antérieur à 1660. Pour les romanciers de l'âge baroque, pour Huet qui s'était fait avec quelque retard leur théoricien, un roman est un poème en prose. En écrivant au P. Le Tellier que Télémaque était << une narration fabuleuse en forme de poème héroïque comme ceux d'Homère et de Virgile >>, Fénelon

histoire

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A ces invectives, les défenseurs de Fénelon répond aient en ref usant le terme de roman et en revendiquant celui de poème pour désigner Les Aventures de Télém aque; l'éd ition de 1717 est précédée d'un Discours de la poésie épique et de l'exc ellence du poème de Télémaque, par Ramsay .

L'épopée ne se définit pas par l'emploi du vers , mais par le sujet, l'action, le héros, la morale, le style harmonieux et varié, aisé et maj estueux, les comparaisons, les descriptions ; scandaleuse en effet dans un roman vulgaire, la peinture de l'amour est licite dans une épopée, surtout quand elle a pour but de prémunir le lecteur contre les tentat ions, et c'est le cas dans Télém aque.

Aux modernes qui étaient las d'admirer Homère et Virgile comme des écrivains inégalables, Télémaque apportait la preuve qu'on pouvait rivaliser avec L' Iliade et VEneide ; à ceux qui jugeaient la poésie fr ançaise paralysée par une versification tr(Jp contraignante, il off rait le modèle d'une prose pourvue de toutes les qualités du vers et libérée de ses servitudes 2• Mais la distinction des genres était encore si respectée que personne, parmi les novateurs, ne songea à proclamer que Télémaque en tant que roman remplaçait les épopées antiques (alors que l'avenir devait faire du genre romanesque la formule moderne de l'épopée) ; et en tant que poème, Télémaque n'inspira jamais que des œuvres manquées, du Temple de Cnz'de de Montesquieu aux Mart yrs de Chateau­ briand.

Pour nous aujourd'hui, Télémaque n'est pas un poème, c'est un roman aux fictions et au style un peu artificiels, au didactisme un peu ennuye ux; si nous étions tentés de le placer en marge du genre romanesque, ce serait pour le rapprocher des ouvrages pédagogiques et non de la poésie.

L'op position entre roman et poésie n'avait sans doute pas de sens pour Fénelon lui-mê me; à une époque où le roman s'était définitivement séparé de la poésie et où la prétention d'un romancier à être poète risquait de paraître extravagante, Fénelon essayait d'échapper au cloisonnement et créait une œuvre difficile à classer : mais, si original qu'il soit, son dessein devient clair si l'on remarque qu'il adapte à son goût et à ses idées, au goût et aux idées de son époque, la fo rmule du roman hëroïque antérieur à 1660.

Pour les romanciers de l'âge baroque, pour Huet qui s'était fait avec quelque retard leur théoricien, un roman est un poème en prose.

En écrivant au P.

Le Tellier que Télémaque était qui ne sont pas exactement >.

La composition, I.

FAYDIT, La Téléc omanie, ou la Censure et Critiq ue du Roman intitulé, Les Avantures de Télé maque fils d'Ulysse, ou suite du quatrième Livre de l'Odyssée d'Homère, Éleuteropole, chez Pierre Philalethe, MDCC, pp.

3 à 15.

2.

Voir les citations des uns et des autres dans l'article de Noémie HEPP, «De l'épopée au roman : L' Od yssée et Télé maque "• (La Littérature narrative d'imagin ation, Paris, 1961, pp.

97-I IO).

3· Dans l'article cité à la note précédente.. »

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