Les Aventures de M. Pickwick
Publié le 05/04/2013
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Le premier épisode.des Aventures de M. Pickwick parut le 2 avril 1836 (Dickens avait alors vingt-quatre ans) ; à la fin de l'année, les ventes se montaient déjà à quarante mille exemplaires. En février 1837 paraissait la première livraison d'Oliver Twist. En Angleterre, en 1836, la future reine Victoria a dix-sept ans et s'apprête à monter sur le trône (1837).

«
~Ir.
Pickwick ~n pique-nique.
~ ------ -EXTRAITS
M.
Pickwick est dans une situation bien
embarrassante.
Assistant à des
.
manœuvres militaires, il est contraint
de fuir et perd son chapeau.
Il y a peu d'instants dans /'existence d'un
homme où
il éprouve plus de détresse
visible, où il excite moins
de commiséra
tion que lorsqu'il donne la chasse à son
propre chapeau.
Il
faut avoir une
gran
de dose de sang
froid, un jugement
bien sûr pour le
poÙvoir rattraper.
Si
l'on court trop vite,
on passe par-des
sus ; si /'on se bais
se trop lentement, au
moment où l'on croit
le saisir, il est déjà
bien loin.
La meil
leure méthode est de
trotter parallèlement
à
l'objet de votre
poursuite, d'être
prudent et attentif,
de bien guetter
l'occasion, de ga
gner les devants par
degrés, puis de plonger rapidement, de
prendre votre chapeau par
la forme, et de .
le planter solidement sur votre tête, en
souriant gracieusement pendant tout ce
temps, comme si vous trouviez
la plaisan
terie aussi bonne que tout le monde.
Il faisait
un petit vent frais, et le chapeau
de M.
Pickwick roulait comme en se
jouant devant lui.
Le vent soufflait et
M.
Pickwick s'essoufflait ; et le chapeau
roulait, et roulait aussi gaiement
qu'un
marsouin en belle humeur dans un cou
rant rapide ; il roulerait encore, bien au
delà de la portée de M.
Pickwick, s'il n'eût
été arrêté par
un obstacle providentiel, au
moment où notre voyageur allait l'
aban
donner à son malheureux sort.
Dickens s'adonne ici avec délectation
à son
art de la caricature, dans un
chapitre intitulé
"Ce qui arriva à
M.
Pickwick dans la prison pour dettes :
quelle espèce de débiteurs il
y vit,
et comment il passa
la nuit".
Ce denier personnage était un magnifique
spécimen d'une classe
de gens qui ne peu
vent jamais être vus dans toute leur per
fection, excepté dans de semblables en
droits.
On les rencontre parfois, dans un
état imparfait, autour des écuries et des
tavernes ; mais ils n'atteignent leur entier
développement que dans ces admirables
serres chaudes, qui semblent sagement
établies par
le législateur dans le dessein
de les propager.
C'était un grand
gai(lard au teint olivâtre,
aux cheveux longs et noirs,
aU(C favoris
épais et réunis sous
le menton.
Le collet de
sa chemise était ouvert, et il n'avait pas de
cravate, car il avait joué à la paume toute
la journée.
Il portait sur la
tête une calotte grecque,
qui avait bien coûté
dix
huit pence et dont le gland
de soie éclatant se balançait
sur
un habit de gros drap.
Ses jambes, qui étaient
fort longues et grêles,
embellissaient un pan
talon collant, destiné à en
faire ressortir la symétrie,
mais qui, étant mis
négli
gemment, et n'étant qu' im
parfaite me nt boutonné,
tombait par une succession
de plis peu gracieux sur une paire
de souliers assez éculés pour lais
ser voir des bas blancs extrêmement
sales.
Enfin
il y avait dans tout ce person
nage une sorte
de recherche gros
sière et de friponnerie impudente qui
valaient un monceau d'or.
Le qualificatif de
"rocambolesque"
s'applique parfaitement
aux aventures de
M.
Pickwick.
Il s'agit
en effet d'aventures
extravagantes et
extra
ordinaires, et le mot
vient de Rocambole,
héros d'une trentaine
de romans-feuilletons
publiés en 1853, par
Ponson du Terrail.
Alfred Jingle
NOTES DE L'ÉDITEUR
«C'est aussi à la tradition comique roma
nesque et théâtrale que Dickens emprunte
une bonne partie de ses personnages secon
daires, réduits souvent
à un détail qui les
résume entièrement: le
"gros garçon" de
Pickwick, le bedeau d'Oliver Twist,
Mme General dans la Petite Dorrit ou
Mme Wilfer dans
Notre ami commun et les
nombreuses caricatures
d'hommes de loi de Pickwick
à Bleak House.
Caricatures au sens
traditionnel du mot, ils fonctionnent comme
mécanisme de déclenchement du rire,
refai
sant les même gestes ou répétant les mêmes
formules, non .pas certes hors
de propos,
mais hors de toute nécessité propre
à la
structure du récit.
» -J.
Gattégno, Dickens,
Le Seuil, 1975
Les Aventures de M.
Pickwick furent
publiées en vingt numéros mensuels, avec des
illustrations, d'avril 1836 à novembre
1837.
L'éditeur de Dickens, après le premier
succès des
Esquisses de Boz (recueil de
textes parus dans le
Monthly Magazine), lui
demanda d'écrire des textes pour des
vignettes sportives, comme
s'il relatait les
aventures
d'un club de Nemrod dont les
membres iraient
à la pêche, à la chasse, etc.
Ce cadre était sans doute trop étroit pour
l'imagination de Dickens, qui lui préféra le
club de M.
Pickwick.
Photos (a) FPG Intematinal /Explorer; (b.
d) illustrations F.
Barnard/ Mary Evans Picture Library /Explorer ; (c.
e) illustrations Kyd/ Mary Evans Picture Library /Explorer DICKENS02.
»
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