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Léonard et Gertrude

Publié le 12/04/2013

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Pédagogue suisse d'expression allemande, Pestalozzi (1746-1827), influencé par les idées de J.-J. Rousseau, consacra sa vie à l'amélioration de l'éducation des classes laborieuses. Il préconisait un enseignement spécialisé, agricole et professionnel. L'école d'Yverdon, qu'il fonda et dirigea de 1805 à 1825, le rendit célèbre. Outre Léonard et Gertrude, roman en quatre parties (1781- 1787), il a rédigé des traités : Recherches sur la marche de la nature dans le développement du genre humain (1797), Le Livre des Mères (1803).

« EXTRAITS Bâtiments de la Neuhof àBirr La femme de Pestalozzi Gertrude demande à ses enfants de se recueillir à l'heure de la prière Quel vacarme vous faites, mes enfants ! dit Gertrude ; lorsqu'il vous arrive quel­ que chose d'heureux, pensez toujours à Dieu qui vous l'envoie ; alors votre joie n 'au­ ra rien d'impé­ tueux ni de désordonné.

Vous savez que je me réjouis volontiers avec vous, mes bien­ aimés ; mais lorsqu'on se livre avec violence au plaisir ou à l'affliction, on perd le calme et le repos du cœur ; et sans un cœur tranquille, on n'est point heureux.

C'est pour cela que nous devons toujours avoir Dieu devant les yeux, et le prier soir et matin, afin de trou­ ver un frein à notre joie, et des consolations dans nos chagrins.

Soyez donc calmes et paisibles à l'heure de la prière.

Voyez, mes en­ fants, lorsque vous re­ merciez votre père bien tendrement, vous lui sautez au cou sans beaucoup de paroles, et si vous êtes vraiment touchés, les larmes vous viennent aux yeux.

Il en est de même en­ vers Dieu ; quand vous vous réjouissez du bien qu'il vous fait, quand vous l'en remerciez du fond du cœur, vous ne poussez pas de grands cris, vous ne faites pas de longs discours, mais vous avez les larmes aux yeux en pen­ sant que votre père céleste est si bon.

Le pasteur critique la superstition L'homme, dans sa simplicité naturelle, sait peu de chose ; mais ce qu'il sait est bien ordonné; son attention est fortement dirigée sur ce qui est à sa portée ; il ne met point son orgueil à savoir ce qui, pour lui, est inutile et incompréhensible.

Mais lorsqu'il est livré à une sotte superstition, sa science n'est que désordre ; il se glorifie de savoir des choses que cependant il ignore et qu'il ne peut comprendre, et donne à l'éclat pas­ sager de cette apparence de savoir les beaux noms de sagesse et de lumière d'en haut.

L'homme simple et innocent fait usage de tous ses sens, ne juge point sans réflexion, voit tout tranquillement et de sang-froid, souffre la contradiction, est zélé pour ce qui est besoin, mais non pour ce qui n'est qu 'opi­ nion ; il agit toujours avec calme, avec bienveillance.

Mais le superstitieux op­ pose son opinion à ses propres sens et à ceux de tous les hommes ; il ne trouve de repos que dans le triomphe de sa présomp­ tion ; il est emporté comme par un tourbillon, qui ne lui laisse pour le reste de sa vie, ni douceur ni humanité.

L'homme dans sa simplicité primitive est dirigé par un cœur pur auquel il peut se confier en toute assurance, et par ses sens encore à l'abri du trouble et des illusions.

Mais le superstitieux est conduit par son opinion à laquelle il sacrifie son cœur et ses sens, sou­ vent même son Dieu, sa patrie, son prochain et son avenir.

Traduit par Mme la baronne de Guimps Mémorial de Pestalozzi à Yverdon NOTES DE L'ÉDITEUR « De tous les éducateurs et philosophes de l'éducation, Pestalozzi est probablement le seul qui soit connu dans les cinq continents, le seul qui ait atteint à la grandeur mythique d'un Beethoven : le génie pédagogique.

On le considère communément comme le réformateur ou le promoteur de l'éco le populaire.

Ce n'est pas faux; mais c'est insuffisant.

Pour employer un mot qui revient souvent sous sa plume, Pestalozzi est une force originelle de la nature, ou plutôt de la sumature.

Il a joué, en son temps et au-delà des limites de son pays, un rôle de premier plan ; et l'on ne saurait écrire l'histoire de la civilisation en Europe occidentale, à la fin du xvme et au début du x1xe siècle, sans évoquer ses écrits ou ses actes.

» L.

Meylan, Henri Pestalozzi, PUF, Paris, 1961.

les puissants et que divisent les convoitises, peuple qui vit dans l'obscurité et l'avilissement de la pauvreté- tous ceux-là étaient ses enfants, étaient ses frères, étaient ses sœurs.

Le seul but de ses pensées, le seul désir de son cœur, ce fut de leur venir en aide.

Lui qui a longuement médité sur l'incomparable personnalité de Jésus-Christ, n'a-t-il pas été l'un de ses plus fidèles disciples ? » Ernst Aeppli, Pestalo zzi, sa vie, sa pensée, son action au service du peuple, Labor et Fides, Genève, 1946.

« Enfants abandonnés, adultes dépravés, peuple ignorant et désemparé , qu'oppriment 1.

2 , 3 , 4 , 5 illu stration s tir ées des Œuvres ch oisies de Pes ta lozzi.

B .

G.

Teubn er éd iteur.

Leipzig , 1909 I B.N.

PEST A LOZZI 02. »

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