Léon Frapié: La Maternelle (Fiche de lecture)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document


«
Rose doit revenir sur certains préjugés et doute du pou voir libérateur de l'école qui avalise le déterminisme socialNormative, l'éducation délivre à tous le même message alors qu'elle devrait s'adapter à chacun, surtout dans lequartier des Plâtriers.
Les enfants ont à 'subir les difficultés dues à h pauvreté, les violences des parents, les taresfamiliales..
Alors, faire de la morale, n'est-ce pas prêcher dans le désert Ne faudrait-il pas développer la personnalitésentimentale de enfants plutôt que leur imposer des modèles abstraits: Comment inciter des enfants à bien seconduire lorsqu'ils sont constamment affrontés à l'injustice du monde?
La montée de la tension
Rose refuse d'admettre son attirance pour le délégué cantonal.
Lui, il s'intéresse à cette fille qui n'appartient pas aumilieu où elle évolue.
Il a fait faire une enquête pour satisfaire sa curiosité.
De son côté, la narratrice est persuadéede mieux connaître les petits.
Tous les jours, chacun apporte son panier, même vide.
On a sa dignité ! Beaucoup nemangent pas à leur faim.
Quelle ironie que de leur enseigner la morale des manuels rédigés par des auteurs biennourris, bien au chaud! Et pourtant, les institutrices ne manquent pas de dévouement.
Simplement, elles ignorent laréalité vécue.
Le printemps survient.
Rose s'éprouve déchue.
Un jour, elle avoue à Mme Pantin qu'elle était « une demoiselle du monde ».
Alors, pendant un mois entier, le délégué cantonal cesse ses visites à l'école.
Que faut-il en penser? Malheureuse, Rose s'oublie jusqu'à frapper un enfant.
Mais quoi, il faudrait établir un code de l'enfance ! Empêcherque ces petits ne soient la proie des mauvais traitements.
Or, les pauvres ne cessent de procréer et doivent menerleur progéniture à la dure.
Un jour, Rose reçoit une convocation de son oncle et elle comprend que, au fond, elle n'a cessé de refuser enparoles ce qu'elle désirait profondément.
Mais elle ne veut pas abandonner les enfants et ne saurait se persuaderque les pauvres ne lui savent pas gré de son sacrifice.
Puis, c'est le drame : une mère s'est jetée dans le canalavec ses deux enfants, que l'on n'a pu repêcher.
Atterrée, Rose reçoit alors une bordée d'injures, celles d'une mèrequi refuse d'envoyer sa fille dans une école où on lui enseigne son devoir moral.
« L'intérêt c'est de bouffer...
J'y ai été à l'école, moi, est-ce que ça m'a empêchée de crever la misère?...
» Autant dire que cette mère d'élève, en colère, incite Rose, découragée, à quitter l'école.
Commentaire de l'oeuvre
La Maternelle interroge l'école et soulève deux problèmes: d'abord, peut-on prétendre dispenser à tous le même savoir? Ensuite, comment s'effectue le recrutement des enseignants? Ce questionnement s'inscrit dans un contexteplus général, celui du déterminisme social propre au naturalisme, 'nais il renvoie à des réalités toujours aussiéclatantes aujourd'hui.
Le fondement égalitariste de l'école
La Maternelle met à mal le principe égalitariste qui fonde l'Instruction publique française.
Si, au XIXe siècle, il pouvait sembler légitime d'instituer une école laïque, obligatoire et gratuite pour tous, très vite, il convient des'interroger sur le caractère planificateur d'un système qui arase les individualités.
Certes, nous ne saurions tropfaire l'éloge des « hussards noirs » de la République, des instituteurs dévoués à leur tâche qui élevèrent desgénérations d'enfants.
Mais comment ne pas reconnaître que chacun est différent d'autrui? Tout individu possèdeses qualités propres et ne saurait recevoir la même éducation qu'un autre.
Au départ, il s'agit de dispenser le même enseignement à chacun.
La formule est louable, mais elle repose sur ladéfinition, abstraite, et de l'élève et du savoir qu'il est censé assimiler.
On fait l'impasse sur la réalité vécue au nomde quoi? Au nom d'une idéologie qui privilégie le principe d'égalité sur celui de la liberté.
Autre problème : la « capacité ».
Pour les marxistes, l'homme est fortement déterminé par son milieu social.
Ilsrécusent la notion de dons, de qualités innées.
En poussant un peu loin le principe, on peut dire que tout individu qui reçoit une bonne éducation, selon des méthodes d'échauffement qui commencent dès la vie intra-utérine, peutdevenir un génie.
Or, même des jumeaux possèdent une individualité.
Le ridicule du postulat éclate à l'évidence sil'on se place non plus du point de vue intellectuel, mais sur le plan physiologique: qui croira que le milieu peuttransformer une physionomie? Peut-être une bonne hygiène de vie, une meilleure alimentation permettront undéveloppement physique harmonieux.
Allez dire cela à un féroce adepte de la religion égalitariste ! Pas question de remettre en question le credo qui arasetoutes les différences et crée des malheureux pour le présent, des chômeurs pour le futur.
Certains ne veulent pasreconnaître l'existence des inégalités naturelles.
Or, il existe des différences entre les êtres, dès l'origine; elless'accentuent à cause des inégalités de droit dont l'individu, devenu citoyen, peut avoir à pâtir.
L'école de latroisième République a simplement prouvé que les égalités de droit n'impliquaient pas l'égalité des chances.Accordant à chaque enfant le même droit à l'éducation et les mêmes possibilités de progresser par le savoir, ellevisait, de manière fort louable, à pallier les handicaps sociaux.
Or, c'est ce que remet en question La Maternelle: à la base même de l'enseignement devrait donc être prise en compte la diversité des classes sociales.
«Je ne saurais trop approuver l'importance donnée à l'éducation morale, mais j'entrevois une difficulté: chaque.
»
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