LÉON BLOY: La Femme pauvre.
Publié le 23/10/2012
Extrait du document
«
Léon Bloy, dans ce
roman comme dans
Le Désesp éré , a
mis beaucoup de
lui -même dans
Marchenoir et dans
Léopold, mais
il s'int éresse
davantage à la
Femme et à la
pauvreté , laquelle
est nécessaire pour
progresser
spirituelleme
nt.
>
EXTRAITS
Clotilde Maréchal
Clotilde Maréchal, « la fille à Isido re » ,
comme on disait dans Grenelle, apparte
nait à
la catégorie de ces êtres touchant s
et tristes dont la vue ranime la constan ce
des suppliciés.
Elle était
plutôt jolie que belle , mais sa
haute taille, légèrement voûtée aux épaules
par le poids des mauvais jours, lui donnait
un assez grand
air.
C'était la seule chose
qu'elle tînt de sa mère, dont était le re
poussoir angélique, et qui cont
rastait avec
elle en disparat es infinies.
Ses magnifiques cheveux du noir le plus
éclatant, ses vastes yeux de gitane captiv
e,
«d'où semblaient couler les ténèbres »,
mais où flottait 1 'escadre vaincue des
Résignation s, la pâleur douloureuse de
son visage enfantin dont les lignes , modi
fiées par de très savantes angoisses,
étaient devenues presque sévères, enfin la
souplesse voluptueuse de ses attitudes et
de sa démarche lui
avaient
valu la réputa
tion de posséder ce que
le s bourg eois de
Paris
appellent entre eux une
tournure espagnole.
Chapitre IV, partie I
Vers la lumière
Rui sselant de perles ou
d 'o rdur
es, le vêtement
de la
femme n'est pas
un voile ordinaire.
C'est
un symbole très mys
tiqu e de l'imp énétrab le
Sagesse où
l'Amour
futurs' est enseveli.
L 'amou r seul a le droit
d e se dépouiller lui
même et
la nudité qu'il
n'a point permise est toujours une trahi
son.
Cependant ,
la dernière des prostituées pourra toujours
en appeler de
la Justice la
plus rigoureuse, en alléguant qu'après
tout elle n'a pas dénaturé son essence et
que les saintes Images
n'ont pas été dé
placées
par elle, puisqu'ellen 'était qu'un
simulacre de femme à la dévotion d'un
simulacre d'amour.
La
nature même de l'illu
sion
qu'elle offrit aux
hommes peut, en déses
poir de cause, arracher
à Dieu son pardon.
Chapitre VII, partie I
La métamorphose
de Clotilde
Pui s, changement
soudain.
Elle reçoit,
dans un éclair, lacer
titude qu'elle est
exaucée admirable
ment.
Ruisselante de
larmes, son action de
grâces remonte des
profondeurs.
- Je
n'ai demandé
qu'une chose, murmure-t-elle, c'est
d'habiter la Maison de Dieu, tous les
jours de ma vie, et de voir la Volupté du
Seigneur !
(.
..
)
Bi en.
des fois, depuis son enfance , et
même dans les heures les plus troublées ,
bien des fois, elle a senti le voisinage de
Celui qui brûle, mais
jamais elle n'a été
si atteinte.
Cela
commence par des étincelles vo
lantes
et rapides qui la font pâlir.
Ensuite
les grandes flammes s'élancent ...
Déjà, il
n '
est plus temps de fuir, si elle en avait
seulement la volonté.
Imp ossible de
s 'échapper,
soit à droite, soit à gauche,
soit
par en haut , soit par en bas.
Chapitre XXVI, partie II
« Je n'ai demandé qu'une chose,
murmure-t-elle,
c'est
d'habiter la
Maison de Dieu ..
.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR la Sainte Vierge sur la mont agne de la
Salette.
» Albert Béguin , Léon Bloy,
l'Impatient, Fribourg, Egloff, 1944.
« Le mouvement vrai du roman est dans
«Le progrè s dans la spiritualité, hors
duquel rien
ne lui importe , il [Léon Blo y]
l'a recherché dans une multiple et constante
œuvre d'exégète, expliquant( ...
) par de
pr écises méthod es tou s les aspects du réel,
et orientant sa quête de
1' Absolu selon les
m êmes objets de contemplation : so uffrance
de Jés us crucifié, espérance de l'avèn ement
final
du Saint-Esprit, plaintes et menace s de
1 Sipa-lcono 2 .
3, 4 dess ins de Ch .
B esso n, éd .
B esso n.
1 926/ Sipa-lcono
« C'est cette atti tude de souffrir et de
so uffrir encore pour compléter ce qui
manque
à la Pa ssion du Christ, qui forme le
centre lumineux de la poétique et de la
my stique de Léo n Bloy .
»Hubert Juin,
Léon Blo y, la Colombe,
éditions du Vieux-Colombier, 1957.
ce
passage des ténèbres à la lumi ère, des
apparences à la réalité, où les deux parties
(on pourrait faire apparaître de subtil es
correspondances) s'opposent moins qu'elles
se répondent.
»Jacques Petit, introduction
de
La Femme pauvre, Œuvres complètes,
Mercure de France, 1972.
BLOY 02.
»
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