L'Eloge des intellectuels de Bernard-Henri Levy
Publié le 22/04/2010
Extrait du document
Signe de la crise que traversent les intellectuels, la faveur dont jouissent les nouvelles stars auprès du public, lorsqu'elles proposent de donner un sens à la vie, fait des restaurants du coeur le prototype des engagements à venir. Comment percevoir et expliquer le sentiment d'irréalité qu'éprouvent les clercs? La question est importante car il n'y " a pas d'exemple d'abaissement des clercs qui n'ait précédé de désastre à grande portée. Le mal n'a que peu à voir avec la faveur dont jouissent les médias, sa cause est plus profonde et due aux intellectuels eux-mêmes. Il y a vingt-cinq ans, le structuralisme et Foucault introduisirent la notion du texte comme valeur en soi avec, comme effet pervers, la banalisation de la culture : Buffon et un auteur insignifiant étaient désormais d'égale importance. A peu près à la même époque, la poétique et le traitement transtextuel (G. Genette) avancent l'idée que le texte sous-tend un autre texte dont les effets peuvent se calculer. Les deux théories combinées à la mise en valeur des foyers de création occultés tels la mode, la publicité ou les créations régionales, tout en introduisant le concept de culture jeune et moderne, précipitent la confusion des genres. Tout devient culture et le mot pris au sens de civilisation tend à s'identifier à l'oeuvre belle.
LEVY (Bernard-Henri), philosophe et écrivain français né en 1948. Son premier écrit est un livre-témoignage (Les Indes rouges, 1973), bientôt suivi par une série d'essais sur le marxisme (La Barbarie à visage humain, 1977), la Bible, le discours fasciste (L'Idéologie française, 1981) dont la justesse de ton et de style se retrouve dans ses romans (Les Derniers Jours de Charles Baudelaire, 1988).
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Le philosophe et l'écrivainNé en 1948, Bernard-Henri Levy entre à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm en 1968.
Elève de JacquesDerrida et de Louis Althusser, il est agrégé de philosophie en 1971.
La même année, il effectue un séjour importantdans le sous-continent indien, et notamment au Bengladesh durant la guerre de la libération contre le Pakistan entant que correspondant de guerre pour le quotidien Combat.
Rentré en France en 1973, il enseigne l'épistémologie àl'université de Strasbourg et la philosophie à la rue d'Ulm.Il débute par un livre-témoignage : Bengladesh, Nationalisme et Révolution (les Indes Rouges).
Membre du groupedes experts de François Mitterrand jusqu'en 1976, il est également directeur de collection aux éditions Grasset et,parmi celles-ci, Figures, où s'exprime la « nouvelle philosophie ».
Il collabore quotidiennement au Nouvel Observateuret aux Temps modernes et, dans le même temps, publie une série d'essais sur le marxisme (La Barbarie à visagehumain, 1977), la Bible et le judaïsme (Le Testament de Dieu, 1979), le discours fasciste et sa version pétainiste(L'Idéologie française, 1981).En 1980, il fonde avec Jacques Attali, Marek Halter et d'autres, Action internationale contre la faim, ainsi que lecomité Droits de l'Homme qui milite en faveur du boycott des jeux olympiques de Moscou.En 1984, il entame une carrière littéraire et publie Le Diable en tête, roman-puzzle fait de la multiplication destémoignages des personnes qui ont côtoyé le héros Benjamin.
Multiplication des genres également puisque le récitcommence avec le journal intime de Mathilde, la mère de Benjamin, se poursuit par l'interrogatoire de l'oncle Jean,quelques lettres de Marie, témoignage d'Alain Paradis...
Après avoir rassemblé tous ces documents, l'auteur proposeau lecteur la confession de Benjamin.
A chaque document correspond une vision de Benjamin, un autre éclairagedont l'ombre laissera planer un voile de doute sur la confession.
Le malaise de l'intelligenceEn 1986, Bernard-Henri Levy retourne à l'essai et publie Questions de Principe Deux, bientôt suivi par L'Eloge desintellectuels (1987).
Divisé en quatre parties (Malaise dans la culture, Réduire la part de comédie, Un monde sansintellectuels, Intellectuels du troisième type), cet essai examine la situation des intellectuels des années quatre-vingts et, face au malaise, se propose de le disséquer pour mieux en comprendre le mécanisme.
Rejetant d'embléecomme excuse mineure l'audiovisuel, il décortique l'historique de la situation pour en arriver à cette conclusionpresque évidente : les grandes théories littéraires et les mouvements d'idées des années soixante-dix ont trop bienréussi.
Poussées à leurs ultimes conséquences, elles ne pouvaient qu'aboutir à la désacralisation de la culture et à laperte de crédit de ses défenseurs, les intellectuels.Le problème se complexifie lorsqu'on pose la question de l'engagement.
Une fois encore, la conclusion s'impose : lapolitique au jour le jour n'est pas affaire de clerc; prendre position à tout prix, quelles qu'en soient les raisons,empêche le recul nécessaire à la métaphysique.
Est-ce à dire que le monde se passerait bien des intellectuels? Loinde là.
L'affaire Dreyfus, le fascisme des années trente se devaient d'être examinés par la métaphysique et Zola* etOrwell* en ont révélé les impasses.
L'engagement se doit d'être examiné; les intellectuels et la carte de l'intelligencene peuvent jamais être laissés de côté.
Demain, les intellectuels se devront d'être présents.
Ils n'auront plus lareligion de l'engagement mais ils ne céderont pas sur la pensée.
Baudelaire...Tout au long de cet essai apparaît la figure de Baudelaire qui, s'il se refusait à l'engagement, s'il protestait contre lavolonté de soumettre les écrivains à la politique, n'a jamais cédé sur l'essentiel : l'écriture.
La littérature est d'abordaffaire de métaphysique.
« Les Fleurs du mal: l'un des livres les plus lourds, les moins gratuits du siècle.
» Baudelaireprécurseur de l'intellectuel du troisième type?1988 marque le retour au roman avec la parution des Derniers Jours de Baudelaire, « autobiographie » de l'agonie dupoète faite de récits multiples aux tons et styles différents en accord avec les personnages qui s'expriment.
L'auteurmêle avec brio les préoccupations de Baudelaire aux siennes propres : goût de l'abstraction, antinaturalismeméthodique, refus du progressisme...
Une vérité ne s'exprime pas nécessairement par le biais d'un essai dogmatique..
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