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LÉLIA. Roman de George Sand (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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LÉLIA. Roman de George Sand, pseudonyme d'Aurore Dupin, baronne Dudevant (1804-1876), publié à Paris chez Dupuy-Tenré en 1833 ; réédition augmentée chez Perrotin en 1842.

Ce troisième livre signé George Sand (après Indiana et Valentine), tiré d'une nouvelle (Trenmor) refusée par l'éditeur Buloz, fit grand bruit lors de sa publication : les révélations scandaleuses que la romancière était censée y faire sur sa vie amoureuse accélérèrent incontestablement la vente (1 000 exemplaires en moins de dix jours). Les éditions suivantes ne remportèrent, en revanche, aucun succès.

Première partie. Sténio se plaint à Lélia des souffrances qu'elle lui inflige en refusant de répondre à son amour. Il lui avoue aussi qu’il est jaloux du mystérieux Trenmor : Lélia lui raconte la vie de cet ancien joueur, que le bagne a assagi et qui est devenu son confident Atteinte du choléra, Lélia appelle à son chevet les deux hommes devenus amis ; Trenmor sauve Sténio du suicide. Malgré l'impuissance de la médecine (avec le Dr Kreyssneifetter), de la religion (avec le moine Magnus). de l’amitié (avec Trenmor) et de l’amour (avec Sténio), elle échappe cependant à la mort Un mois après. Sténio rencontre dans la montagne Magnus, qui lui avoue son amour réprimé pour la jeune femme.

Deuxième et troisième parties. Sténio continue de se désespérer. Elle l’éloigne pour un mois : seule, elle médite sur l'importance de la douleur et décide de retourner dans le monde pour y souffrir. À un bal, elle retrouve sa sœur Pulchérie, devenue courtisane. Elle lui confie ses déceptions, sa frigidité, sa retraite durant deux ans dans les ruines d'un monastère, des décombres duquel Magnus la sauva, l'échec enfin d'une liaison platonique.

Quatrième partie. Elle s’offre à Sténio, lui aussi présent à ce bal, mais au moment ultime, elle se fait remplacer par Pulchérie. Détrompé, le jeune homme maudit Lélia.

Cinquième partie. Pour oublier son chagrin, Sténio se livre à la débauche. Mais Trenmor réussit à l'emmener au couvent des Camaldules, où il le laisse avec Magnus. Sténio. désespéré, se suicide la veille du jour fixé pour le retour de Lélia et de Trenmor. La jeune femme arrive seule : étranglée par Magnus égaré par la passion, elle périt sur le cadavre de Sténio, auquel elle se fiance pour l'éternité. Trenmor survient mais trop tard.

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« ô mon bien, ô mon espoir ! », et ses imprécations : " Maudit sois-tu, don Juan ! >> ; exposé philosophique enfin, avec ses dialogues et ses monologues, occasions pour les personnages de développer idées et théories.

Œuvre romantique, en tout cas : on s'y promène au clair de lune, dans une nature «sauvage et grandiose "• on y goûte la solitude · d'une " vaUée déserte», on y connaît des situations extravagantes -Lélia se retire pendant deux ans dans une abbaye « nue et dévastée » -, on s'y livre aux transports excessifs de l'amour et du désespoir­ « Il devint pâle, son cœur cessa de bat­ tre » -, qui conduisent aux extrêmes : la débauche et le suicide.

Les invrai ­ semblances de cette intrigue sentimen­ tale dissimulent mal un roman person­ nel où l'on eut vite fait de relever des résonances autobiographiques au par­ fum scandaleux : déceptions amoureu­ ses, frigidité.

Pourtant, plus que des «faits circonstanciés et précis», Lélia rapporte l'« histoire d'un cœur mal­ heureux».

Avec ce roman, George Sand a voulu écrire une biographie morale et intellectuelle : la sienne, mais aussi celle d'une génération ron­ gée par un mal du siècle qui reste pro­ che d'une inquiétude métaphysique à la Chateaubriand (*René, 1802) et ne se teinte pas encore de frustration politi­ que, comme chez Musset (la *Conf es­ sion d'un enfant du siècle, 1836).

Dans cette méditation sur la condition humaine- qui tourne par fois à la dis­ se rtation -les personnages s'avouent comme types : à peine dotés d'un pré­ nom, d'un physique incertain (Sténio a les cheveux tantôt noirs, tantôt blonds), ils évoluent dans un cadre flou et fictif (Monte-Rosa, la villa Viola, Monteverdor).

Peu importe : ils sont destinés à incarner différentes « formes de l'esprit et du cœur"· Sténio symbo­ lise la naïveté et la poésie ; Magnus, le désir réprimé ; Trenmor, la sagesse gagnée par l'expiation; Lélia, le doute; Pulchérie, les sens ...

Et la George Sand de 1833 rejoint Balzac (la *Peau de cha­ grin, 1831), Senancour (*Obennan, réé­ dité en 1833) et Nodier (dont les Œuvr es complètes paraissent en 1832) à travers ce constat désabusé : dans cette « vie de désenchantement et de lassi­ tude », où tout est vanité, rien - ni amour, ni connaissance, ni progrès - n'est possible.

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En · 1839, les circonstances ont changé : Lélia aussi.

George Sand, en procès avec son mari, supprime du roman tout détail scandaleux (et donc le thème de la frigidité).

Sa liaisoà avec M.

de Bourges, son amitié avec Pierre Leroux l'incitent à transformer cette œuvre née du doute en un acte de foi e n Dieu et ·dans le progrès : Lélia devient mère abbesse et Trenmor chef d'une vente [groupe] carbonariste.. »

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