Devoir de Philosophie

Légende d'Ulenspiegel (la). (analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

Extrait du document

Légende d'Ulenspiegel (la).

 

Ouvrage de Charles De Coster (Belgique, 1827-1879), dont le titre complet est : la Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs, publié à Bruxelles chez Lacroix, Verboeckhoven et Cie en 1867.

 

Divisée en cinq livres, l'ouvrage constitue une vaste épopée mêlant deux types de récit : une histoire collective, celle des Pays-Bas au xvie siècle, et l'aventure privée d'un personnage (Thyl) et de sa famille.

 

Ulenspiegel (ou Eulenspiegel), un des grands types folkloriques du Moyen Âge, eut, dès la Renaissance, un immense succès populaire dans la plupart des pays germaniques où sa célébrité accompagna la diffusion de la doctrine luthérienne. Son caractère facétieux et léger, ses traits décochés aux ecclésiastiques, aux nobles et aux bourgeois incarnaient les aspirations,

les rancunes ou les haines d'un peuple qui voyait en lui la figure de la revanche. Selon l'hypothèse la plus probable, Eulenspiegel (orthographe allemande), ou son mythe, serait issu de Basse-Saxe. Sa vie et ses péripéties firent l'objet de nombreuses brochures, avant de trouver une empreinte définitive sous la plume de Charles De Coster.

 

Étrangement, le texte fut accueilli en 1867 avec une totale indifférence; il aurait pourtant pu répondre à la vaine quête du génie national qui occupait les lettres belges depuis la révolution de 1830 puisqu'il proposait, de l'aveu même de l'auteur, un « composé d'esprit latin et de sensibilité germanique ». Traduite dans presque toutes les langues européennes, illustrée à de nombreuses reprises, la Légende d'Ulenspiegel a également inspiré des compositeurs comme Richard Strauss, ou des chorégraphes comme Nijinski. Considéré à l'étranger, et notamment en Russie, comme un classique, ce texte reste relativement peu connu dans sa langue originale, le français.

 

Thyl Ulenspiegel naît à Damme en 1527 sous le règne de Charles Quint, la même année que Philippe II : «Tandis que croissait en gaie malice le fils vaurien du charbonnier, végétait en maigre mélancolie le rejeton dolent du sublime empereur. » Sa jeunesse est insouciante ; farces, impertinences, vagabondages (c’est du nom propre Ulenspiegel qu’est né le mot « espiègle ») traduisent la bonne humeur de son milieu familial et populaire : Claes, le père, vaillant charbonnier. Soetkin, la mère, « bonne commère, matinale comme l’aube et diligente comme la fourmi », Nele, la douce fille de Katheline, Lamme Goedzak, le compagnon au robuste appétit Un univers qui contraste singulièrement avec le monde des puissants. Avec les « placards » de l’Empereur, s’ouvre l’ère des dénonciations : il est désormais interdit de lire, d’imprimer, de posséder ou de soutenir les écrits de Martin Luther, de Joannes Hus ainsi que les Nouveaux Testaments imprimés par Adrien de Berghes, Christophe de Remonda et Joannes Zel. Dénoncé comme hérétique. Ulenspiegel est banni du pays de Flandres pour trois ans sous condition d’effectuer un pèlerinage à Rome et d'en revenir avec l'absolution du pape ; Katheline, la voisine, accusée de sorcellerie, est condamnée au feu et devient folle ; Gaes, arrêté pour hérésie, est jugé et déclaré coupable de simonie. Ulenspiegel rentre à Damme la veille de la condamnation de son père. Soetkin meurt de ses souffrances, le trésor familial disparaît volé par le mystérieux « diable froid » dont Katheline s'est éprise. Désormais. Thyl portera autour du cou un sachet de soie contenant les cendres de Gaes qui réclament vengeance. Les sortilèges de Katheline inspirent une vision à Thyl et à Nele ; par la bouche des esprits, leur est communiquée l'énigme : « Par la guerre et par le feu I Par la mort et par le glaive / Cherche les Sept »

 

À partir du livre II commence la quête d'Ulenspiegel qui se mêle aux luttes de libération des Pays-Bas. Avec Lamme qui ne cesse de manger « pour chasser [ses] tristes pensées » et qui recherche sa femme enfuie. Thyl sillonne le pays ; observateur attentif, il sent monter la révolte et venir la répression. Au livre III, l'affrontement est ouvert : le pouvoir exécute ceux qui se sont opposés à lui. Lorsque ses pérégrinations le ramènent à Damme, la région est bouleversée par la présence d'un loup-garou que Thyl s’engage à capturer. Le monstre n'est autre que le poissonnier, Josse Grypstuiver. qui autrefois avait dénoncé son père et incarne le mal absolu. En l'envoyant au bûcher, Thyl venge ûaes en même temps qu'il libère son pays. Au livre IV, la lutte se porte sur mer. Thyl prend place parmi les combattants, tandis que Lamme est engagé comme cuisinier. La liberté de pensée et d'action de Thyl est sur le point de le conduire à la potence lorsque Nele arrive pour le sauver. C'est désormais un trio qui combat pour la liberté. Le nord des Pays-Bas, où la déchéance de Philippe II a été proclamée, obtient son indépendance. Lamme retrouve enfin sa femme enlevée par un moine fanatique. Thyl et Nele se retirent à la lisière des pays libérés et c'est alors qu’une seconde vision vient éclairer l'énigme du livre I : les Sept ne sont autre chose que les sept péchés capitaux qu’il faut brûler et remplacer par les sept vertus cardinales et théologales.

« tiqu e, Ulenspieg el est banni du pays de Aandres pour t rois ans sous cond ition d'effectuer un pèle­ rinage à Rome et d'en rev enir avec l'absolution du pape ; Katheline.

la voisine, accusée de sorcel ­ lerie, est condamn ée a u feu et devient folle ; Oaes.

arrê té pour hérésie , est jugé et déclaré coupabl e de simon ie .

Ulen spi e gel rentre à Damme la veille de la condamnat i on de son père.

Soe tkin meurt de ses so uff ran ces, le trésor familia l dispa raît.

vo lé par le myst érieu x « d iable froid» dont Kathe lin e s 'est éprise.

D ésonn ais , Thyl portera autou r d u cou un sach et de soie con tenant les cendre s d e Oaes qui réclam ent vengea nce.

Les sortil èges de Kath eline insp irent une visio n à Thyl et à Nele ; par la bouche des e sprits.

leur e st commu niquée l'énigm e : « Par la guerre et p ar le feu 1 Par la mo rt et par le glaive 1 Cherc h e les Sept.

» À parti r d u liv re Il commence la qu ête d'Ui e nspieg el qui se mêl e a ux luttes de libération des Pays-Bas.

Avec Lamme qui ne cesse d e man ­ ger « pour chasser [ses] tristes pensées » et qui recherch e sa femm e e nfu ie, Thyl sillonne le p ays ; o b serv ate ur attentif , il sent mo nte r la révo lt e et venir la répression .

Au livre Ill, l'aff rontement est ouvert : le powoir exé cute ceux qu i se sont o pp osés à lui.

Lorsque ses péré grinatio ns le ram ènent à Damme , la région est boul eversée par la présence d 'un loup-garou que Thyl s'engage à cap tu re r.

Le monstre n'est autre que le poissonnier, joss e Grypstuiver.

qui autrefois avait dénoncé son père e t incarne le mal abso lu.

En l'envoyant au bûch er , Th yl venge Oaes e n mêm e t em ps q u'il libère son p ays.

Au l ivre IV, la lutt e se porte sur mer.

Thyl pre nd place panni les combatta nts, tandis que Lam m e est engagé comme cuisini er.

La libert é de pensée et d'a ction d e Thyl est sur le point de le condui re à la potence lorsqu e N ele arrive pour le sauver.

Cest désonnais un trio qui comba t pour la liberté.

Le nord des Pays -Bas.

o ù l a déchéance de Philippe Il a été p roc lamée.

obtie nt son indépendance .

Lam me ret row e enfin sa femme enl evée par un moin e f anat ique.

Thyl et Nel e se retirent à la lisière des p ays libéré s et c'est a lo rs q u'une seconde vision vient éclai rer l'énigme d u liv re 1 : les Sept ne sont autre chose que les sept péchés capitaux qu'il faut brûle r et remplacer par les sept vertus cardinales et théologales Charles De Coster fait d'Ulenspiegel un héros d'épopée, libérateur des Flan­ dres dont il incarne l'éveil et le refus de l'oppression étrangère : toutes les far­ ces traditionnelles du pers onnage sont d 'ailleu rs di .rigées contre le s Espagno l s.

Ulensplegel participe du bateleur, du clown et du rôdeur, mals ce person­ nage de farce est aussi un héros tragi ­ que, vengeur de son père assassiné par l'Inquisition et défenseur du peuple flamand martyr.

So ldat, marin, il lutte sur tous les fronts et devient le défen­ seur de l'innocence opprimée.

La légende s'organise autour d'une série de quêtes qui toutes possèdent une double dimension- individuelle et collective - et se structurent par.

des oppositions de personnages et de situa­ tions qui renvoient à des affronte­ ments fondamentaux de valeurs.

Ainsi Thyl possède-t-il un do uble antithéti­ que en la personne de Philippe II : si Ulensplegel incarne la liberté, Philippe représente la tyrannie.

Leurs deux vies para llèles so nt vouées, pour l 'un au salut de son peuple, pour l'autre à sa damnation.

Ulenspiegel possède un second faire-valoir en la personne de Lamme, son omb re bienfaisante, son c ompagn on fidèle qui incarne les sens , les plaisirs simples du ventre tandis qu e Thyl est l'homme de l'intelligence, des joutes de l'esprit.

Le personnage de Lamme n'est pas sans évoquer celui de Sancho Pança, dont Charles De Coster s' est pr obablement inspiré.

Le foisonnement narratif, l'abon­ dan c e verbale et l es arch aïsmes de l 'ouvrage s'inscrivent dan s une tradi­ tion relevant de la littérature mé­ diévale, rabelaisienne ou burlesque.

Répétitions, inversions, recours à des pro cédés d'almanachs populaires ( de scription de l'état de la nature pour év oquer une époque de l'année ), jeux verbaux - " le pèl erin pèlerinant ,.

- cr éent une langue de légende que son rythme et sa tournure apparentent souvent à la poésie.

Avec Ulenspiegel, c 'est une sorte de miroir de l'huma­ nité (Ulenspiegel signifie mot à mot :. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles