Le Vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepulveda
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
Shuars.
La femme du vieux mourut.
Il partage alors la vie des Shuars, apprend leur langue, leurs méthodes dechasse et subit même une épreuve initiatique en survivant à la morsure d'un crotale.
« Tant qu'il vécut chez lesShuars, il n'eut pas besoin de romans.
pour connaître l'amour.» Il vivait, en effet, l'amour le plus libre qui soit.
Lacolonisation progresse et les Shuars se déplacent vers l'Orient mais les aventuriers ne respectent pas leur milieunaturel.
Un jour, ils tirent sur Nushino, l'ami du vieux : celui-ci veut payer la dette contractée quand les Indiens leguérirent de la blessure de serpent.
Mais il ne tue pas l'étranger selon les règles qui permettraient à l'esprit deNushino de reposer noblement.
Cette mésaventure met un terme à la vie du vieux chez les Shuars.
A El Idilio, iltente de s'opposer à l'entreprise de désertification menée par les colons qui détruisent la forêt amazonienne.
Ildécouvre son amour pour la lecture à la faveur du passage d'un missionnaire et s'en ouvre au docteur, médusé,avant de fixer son dévolu sur les histoires d'amour.Mais l'ocelote fait une nouvelle victime : un chercheur d'or.
Puis apparaît la mule de Miranda, qui tient un comptoird'aguardiente à sept kilomètres d'El Idilio.
Que s'est-il passé ? Le maire décide une expédition pour le lendemain.
Levieux devra servir de guide.
Lui se rappelle les quatre Américains qui s'étaient aventurés dans la jungle, chargés d'unmatériel photographique qui attira les ouistitis et entraîna la mort de l'un d'eux.
Décidément, bien peu connaissentles lois de la forêt.
Mais revenons à l'expédition.
Le maire ralentit la progression du groupe, qui finit par découvrir lescadavres de Miranda et d'un de ses amis.
Le maire décide ensuite de laisser le vieux sur place et de retournerprotéger le village.
Le vieux attend la bête : dotée d'une intelligence supérieure, elle lui « demande » de donner lecoup de grâce à son mâle qui agonise.
Puis le vieux se sauve mais l'ocelote, devenue folle, s'attaque à lui et il latue.
Il jette alors son arme et retourne à ses romans d'amour.
L'ANALYSE
Le regret nostalgique d'une harmonie perdue
Le récit commence à la manière d'un roman policier et s'achève sur l'évocation, haletante, d'une traque.
Il témoignedonc d'une grande maîtrise technique.
Cependant, par son style sobre, très dépouillé, mais réaliste, Le Vieux qui lisait des romans d'amour se rapproche de l'épure.
Il recèle une morale mais il ne la développe pas à des fins didactiques et, comme le remarque Pierre Lepape, l'auteur se garde bien d'exploiter le mythe du bon sauvage.Proche de l'allégorie, le roman semble définir un genre nouveau, celui du document poétique.
En fait, l'auteur adopteun parti-pris d'objectivité tout en laissant infuser la magie naturelle de l'Amazonie.
Et c'est en cela que son livrerecèle les qualités d'un chef-d'oeuvre : dédaignant les ressources de la rhétorique ou les projections del'intellectualisme, il donne à voir une nature riche de vérité.
Cette authenticité se fonde sur la perception d'un ordre : l'harmonie cosmique, voilà la dynamique de l'univers,semble nous dire le vieux, figure mythique parce que chargée d'expérience et d'humanité.
En effet, par sa simplicité,par son caractère d'évidence même, ce roman renoue avec les principes de la philosophie grecque, avecl'ordonnance cosmologique qui fonde la vraie relation de l'homme au monde.
Ignorer le message de cette natureuniverselle, c'est nier sa propre vérité.
En fait, cette « leçon » découle logiquement de la narration et la constituecomme un mythe moderne dans la mesure où elle reprend, sur un plan symbolique, un mode de fonctionnementpropre à la société moderne : à la perte des repères dont témoignent les gringos, les colons et les aventurierss'oppose l'intuition du vieux, aiguisée et affinée par son compagnonnage avec les Shuars.
Le Vieux qui lisait des romans d'amour ne se contente donc pas de militer en faveur de l'écologie universelle : il suggère que l'amour constitue la vérité du monde et il le définit non pas comme une relation égoïste avec l'Autremais comme la perception d'une logique immanente, qui préexiste à toute expérience vécue et avec qui il convientde se mettre en phase pour parvenir au vrai bonheur.
L'auteur distingue les Shuars des Jivaros : ceux-ci sont d'anciens Shuars qui ont subi l'influence des gringos etaccepté l'appellation espagnole jibuaro, « sauvage ».
«La différence était immense entre un Shuar hautain et orgueilleux, qui connaissait les régions secrètes de l'Amazonie, et un Jivaro tel que ceux qui se réunissaient sur lequai d'El Idilio dans l'espoir d'un peu d'alcool.» Autrement dit, les Shuars sont des Indiens authentiques qui refusèrent les prétendus bienfaits d'une civilisation à bien des égards dégradante.
Deux ordres inconciliables
L'harmonie entre le monde et l'homme, le récit la donne comme perdue.
Le texte évoque plusieurs types deperturbation.
D'abord, les institutions politiques de l'Équateur exercent une autorité lointaine, complètementdéphasée par rapport aux réalités vécues.
En témoigne le maire, personnage taré, figure traditionnelle du romand'évasion parce qu'il doit remplir le rôle du faire-valoir ignorant et sûr de lui.
Il impose une autorité arbitraire et necherche qu'a lever des taxes sur tout.
Dès lors s'impose la critique radicale de toutes les institutions humaines : ledocteur est donné comme un anarchiste.
Il assume brièvement ce rôle parce que, d'une certaine manière, le vieuxne peut être qualifié de quoi que ce soit qui relèverait d'un système d'appréciation fondé sur des critères humains.Le vieux est, et voudrait pouvoir se contenter d'être, sans se référer jamais aux catégories artificielles de l'avoir.Cependant, et là s'affirme l'ironie de l'Histoire, c'est au moment où on lui impose d'exercer son droit de vote, qu'ilrencontre un missionnaire découragé, et connaît la révélation de la lecture.Ensuite, apparaissent les aventuriers, les chercheurs d'or, uniquement mus par l'intérêt financier.
Puis, lesphotographes américains cèdent à une curiosité malsaine, celle d'anciens colons partant à la recherche d'unprétendu paradis perdu.
Ils s'aventurent dans la jungle sans en connaître les lois et provoquent les singes avec leurattirail moderne.
Enfin, les colons cèdent à l'illusion propagée par le gouvernement.
De même que le vieux au débutde sa vie, ils apparaissent comme des victimes prises au piège des illusions politiques.
Mais ils contribuent à la.
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