Le Tambour
Publié le 05/04/2013
Extrait du document
Le Tambour apporta à Günter Grass la gloire, que la liberté de ses idées et parfois aussi la crudité de son style semblaient devoir lui refuser. Ce roman « de jeunesse «, écrit lors d'un séjour à Paris, fit l'effet d'une bombe dans les milieux littéraires allemands, puis dans le monde entier (il fut traduit en onze langues). Grand amateur de gigot d'agneau aux lentilles, Grass, tel Rabelais, dévore la vie avec autant de vivacité et de force qu'il en donne à son langage étourdissant.
«
~-- - ---- EXTRAITS
Günter Grass expose un trait
caractéristique de cette Allemagne
qu'il raconte
Tandis que Jan perdait de sa concentration
au skat , Kobyella , quand il n'était pas sur
le point de s'écrouler et
n 'avait pas besoin d'une
bourrade dans le s côtes,
était toujours dans le
c oup .
Il ne
jouait pas
aussi mal qu 'on aurait
cru à le voir.
Il s' écrou
lait toujours
quand il
avait gagné un coup ou
bien c
ontr é, ou bien
quand Jan m' avait
gâché un sans-atout.
Ça
ne
l'intéressait plus de
gagner ou de perdre .
Il
ne jouait que pour jouer .
Et quand nous payions et
repayions il
pendait de
biais dans les bretelles
•'.
d'emprunt et seule sa
pomme d'Adam, qui pis
tonnait terriblement,
«Des cygnes qui avait licence de faire savoir que le concierge
travaillaient en cheville Kobyella n'était pas mort.
avec le photographe ...
»
Le style de Günter Grass
va comme une valse : description,
image et réflexion
Au cimetière à demi rural de Brenntau, avec
ses deux cantons de part et d'autre
de l'allée
d'ormes, avec sa petite chapelle qui res
semblait à un carton plié pour une crèche,
avec son puits, ses
oiseaux vivaces , sur
l'allée du cimetière proprement ratissée,
en tête de la procession
juste derrière
Matzerath,je m'avisai pour la première fois
que me plaisait la forme du cercueil .
Plus
tard, j'ai eu souvent encore l' occasion de
laisser glisser mes regards sur du bois noir,
brunâtre , utilisé à des fins dernières .
Le cer- c
ueil de
ma pauvre maman était noir.
Il
allait se rétrécissant vers
le pied avec une
merveilleuse harmonie.
Y a-t-il au monde
une forme qui réponde mieux aux propor
ti ons de l'homme
?
Le. narrateur n'a qu'un moyen
d'expression: son tam bou r
Il n'est pas si simple , couché que je suis
dans le lit de métal désinfecté de
ma cli
n ique, tenu à
l' œil par le judas et par celui
d e Bruno , de retracer les traînantes fumées
d 'un feu de fanes en Kachoubie, ainsi que
les rayures d'une
pluie d'octobre .
Si je
n 'avais pas mon tambour, qui dit tout quand
on sait
s'y prendre et me souffle tous les
à -côtés utiles d'une relation écrite, et si
je
n'avais pas reçu de l'établissement l'auto
risation de tambouriner trois ou quatre
h eures par jour,
je serais un pauvre homme
sans grands-parents certains.
En tout cas mon tambour dit : en cet après
midi d'octobre de l'an quatre-vingt-dix
n euf, tandis
qu'en Afrique du Sud l'oncle
Kruger se débrous
saillait les sourcils,
entre Dirschau et
Karthaus, proche de
la briqueterie de Bis
sau , sous quatre jupes
d e
même couleur,
parmi la fumée, les
angoisses, les sou
pirs , sous une pluie
oblique et avec ac
compagnement d'une
litanie kachoube,
malgré les questions
stupides et les
regai 'ds enfumés de deux
ge ndarmes , le petit mais large Joseph
Koljaiczek engendra ma mère Agnès.
Traduit de l'allemand par Jean Amsler,
Le Se uil, 1980
Vo lker Sc hlündorff a
adap té
à l'écran ce très
bea u roman en 1979.
« Ne va pas te figurer qu e je man gerai de
l' a nguill e.
Du poi sson, je n'en mangerai plu s, et des an guille s en core ·m oin s.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Günter Grass sait, comme un Rabelais ou
un Grimmelshausen, allier
à un attachement
profond au terroir le sens aigu de
l'universalité à laquelle prédisposent ses
origines à la fois allemandes, polonaises
et kachoubes.
( ...
)L'union constante du
parodique et de l'horrible, servie par une
saisissante truculence verbale, suggère un
rapprochement avec Céline, mais un Céline
sans amertume.
»Julien Hervier, cité dans
l' Encyclopœdia universalis, 1984.
« Les considérations sociales, religieuses
et politiques, sont étroitement mêlées dans
l'œuvre de Günter Grass.
A la lumière des
expériences qu'il a vécues,
il lui apparaît
que la solution des problèmes humains
repose
sur! 'indépendance soutenue par la
raison et une profonde connaissance de
!'Histoire.
» Docteur George A.
Everett,
Burt Franklin Publishers, 1974.
co
nscience in q
uiète de ses comp atr iot es.
Par des sarcas mes morda nts, des a llégor ies
tranchantes
et un humo ur ra bela isie n, il a
fait voler en écla ts l'éti nce la n te faça de
d'une Allemag ne ric he po ur ex poser le
profond sentiment de c ulp abilit é et de pe ur
du peuple allemand.
» Robin son
Donald ,
Les 100 Personnes les plus importantes du
monde d'aujourd'hui, Putn am , New York,
1970.
1 Edim é dia 2, 3, 4 gra vur es de Günte r Grass/ Pro Litt e ris
«En tant qu'écrivain allemand le plus
important de l'après-guerre, Günter Grass
a été profondément marqué par la
GRASS 02.
»
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