LE ROMAN chez Marivaux (résumé)
Publié le 24/08/2015
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Le roman en tant que recit autobio- graphique introduit sans artifice le commentaire, et les reflexions parais- sent moins moralistes. L’ecrivain sou- ligne l’attitude reflexive du faux auteur : « Marianne etait retiree du monde, situation qui rend l'esprit serieux et philosophe >>, situation qui n’est pas sans rappeler celle du specta- teur franfais ou de l'indigent philosophe. L’ecrivain est un homme qui regarde le monde, a travers le prisme de sa propre experience. De plus, choisir une femme comme narratrice indique combien l’ecriture sera feminine, c’est-a-dire plus intuitive echap- pant par excellence a toutes sortes de regles.
Enfin, le roman se donne comme le produit d’une correspondance, comme une reponse. Le mode epistolaire, evo- que dans l'avertissement, est repris de fafon systematique au debut de chaque partie. Cette fiction d’un echange, d’un dialogue, prolonge certes le mensonge initial d'une histoire vraie que l’on devrait a Marianne, mais surtout per- met de rappeler une des caracteristi- ques fondamentales du roman aux yeux d’un Marivaux qui se rappellerait les lefons de Montaigne. L’ecriture est avant tout un dialogue des pensees, un echange de points de vue : la vie de Marianne s’inspire de notre vie et reci- proquement.
ginaire, et non dans le reel. L'ami ne porte pas de nom, l’histoire de Marianne se trouve inseree dans une autre histoire et enfin le « reellement « parait ironique et antiphrastique. Le roman n’a pas besoin d’etre vrai pour etre vraisemblable. Le masque du vrai pour le faux etant revele au lecteur, celui-ci n'a plus qu’a comprendre que le faux est le masque du vrai. Pour Marivaux, le detachement par rapport au reel, la distance prise avec lui et la proximite etroite avec l’imaginaire fon- dent l’reuvre litteraire et sa pertinence quant au reel.
D’autre part, le roman n'est pas necessairement une simple juxtaposition de faits susceptibles d'« amuser le public«. Le roman est un ouvrage serieux. Les censeurs, incapables d’y voir un genre noble et litteraire, se voient meprises. «Dans un livre de ce genre«, il est possible de trouver du rai- sonnable. Et si le roman seduit, il doit le faire non par une accumulation de « faits « mais de reflexions. Au principe du divertissement par l’etourdissement de l'imagination — « on ne veut dans des aventures que les aventures «, auquel Marivaux s’etait prete quelques annees auparavant dans ses premiers essais romanesques — s’oppose l’idee d’un roman ou la part faite a l'action devient mineure.
Quels criteres nouveaux poseront la realite du roman? L’ouvrage devient serieux en devenant moraliste. Marivaux definit un nouveau type de fiction, qui aura droit a ses lettres de noblesse, qui ne respecte pas les regies etablies, qui introduit en force l’idee qu’un roman repose sur une fiction

«
UNE ESTHÉTIQUE
MODERNE
tion qui rend l'esprit sérieux et philosophe.
Enfin, voilà
son ouvrage tel qu'il est, à quelque correction de mots près.
On en donne la première partie au public, pour voir ce
qu'on en dira.
Si elle plaît, le reste paraîtra successivement;
il est tout prêt.
JEUX DE MASQUES
Premier masque, celui que prend
l'auteur Marivaux pour se déguiser en
éditeur.
La parole est investie par un
inconnu, je, qui se définit de prim e
abord comme c elui à qui on a confié
un manuscrit : «cette histoire( ...
) je la
tiens moi-même d'un ami ,,, un éditeur
donc, qui toutefois accumule bizarre·
ment les fonctions.
Détenteur d'un
manuscrit, il devient tour à tour le cor
recteur du texte, son commentateur et
son avocat; il finit par s'improviser le
biographe de l'auteur supposé du
roman, c'est-à-dire Marianne.
Ce je s'adresse à un on qui semble
recouvrir un groupe de personnes
volontairement peu identifiables : il
s'agirait d'un public scrupuleux, amou
reux des règles : « On ne veut dans des
aventures que les aventures mêmes.
»
La formule restrictive reflète la rigueur
et le manque de liberté qui entravent
la création littéraire.
L'ironie qui vise
ce on dans.
»
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