Le Roi Lear de Shakespeare
Publié le 22/02/2013
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Le Roi Lear fut sans doute représenté pour la première fois devant Jacques Ier au palais de Whitehall lors des fêtes de Noël 1606. Le Roi Lear fait partie de la quadrilogie des pièces désespérées, avec Ham/et, Othello et Macbeth, dans lesquelles on peut lire les peines secrètes de leur auteur et sa sinistre conception de l'existence.

«
« Elle est aus si morte
que la terre !.
..
»
~---- --- EXTRAITS
Le roi Lear erre sur la lande
et maudit ses filles
LE FOU.
-Ô mon oncle, de l'eau bénite de
cour dans une maison bien sèche vaudrait
mieux que cette pluie en
plein air .
R entre, b on oncle,
e t demande la c harit é à tes
filles.
Voilà une nuit qui
n'épar gne ni sages ni fous .
(Coups de foudre.)
LEAR , les yeux au ciel.
-Gr onde de toutes tes en
trailles! .
..
Crache,flamme ;
jaillis, plui e! Plui e, vent,
foudre,jlamme, vous n 'êtes
point mes filles : ô vous,
éléments, je ne vous taxe
pa s d' ingratitude ! jamais
je ne vous ai donné de
royaume, je ne vous ai
appelés mes enfants ! vous
ne
me deve z pas obéissance !
laisse z donc tomber sur
moi
l'horreur à plaisir : me voici votre souffre
douleur,
pauvre v ieillard infi rm e, débile
et méprisé ...
Mai s non ...
je vous déclare
serviles ministres, vous qui , li gués avec deux
filles pe1fides, l
ancez les légions d'en haut
co ntre une tête si viei lle et si blanche! Oh!
oh ! c'est affreux.
Lear meurt après
avoir appris la
mort de Cordélia
LEAR .
- P es te soit de vous tous, meurtriers
et traîtres ! J'aurais pu la sauver : mainte
nant ell e est parti e pour toujours ! ...
Cordélia !
Co rdélia ! attends un peu.
Ha !
qu'est-ce que tu dis ? Sa voix était toujours
douce, calme et basse ; c hose excellente
dans une femme ...
J'ai tu é le misérable qui
t'étranglait .
L'OFF ICŒR.
-C'est vrai, messeigneurs, il l 'a
tué.
LEAR.
- N'est-ce pas, camarade ? J'ai vu le
temps où, avec ma b o nn e rapière mordante ,
je les aurais fait to us sauter.
Je suis v ieux
maintenant , et tous ces trac as me ruinent ...
(A Kent.
) Qui êtes-vous ? Mes yeux ne sont
pa s des meilleurs ...
Je va is vo us le dire tout
à l
'he ure.
KENT.
- S'il est deux h ommes que la fortune
p
eut se vante r d'avoir aimés et haï s, l'un et
l'autre se regardent.
LEAR.
- C'est un trist e s pe ctacle ...
N'êtes
vous p as Ke nt ?
KENT.
- Lui-mêm e, K ent, vo tre serviteur.
Où
est vot re ser viteur Caïus ?
LEAR.
- C'est un b on garçon, je puis vous
l e dire : il sait
frapper , et vive ment e n core !
Il est m
ort et pourri.
KENT.
- Non , mon bon seigneur : cet
homme , c'est moi.
LEAR.
- Je vais voir ça tout de suite .
KENT.
-C' est moi qui , dès le co mmen cemen t
de vos revers et de vos malheurs,
ai suivi vos
p én ibl es
pa s.
LEAR .
- Vous êt es le bienve nu ici.
(.
..
)A insi ,
ma pauvre folle est étran glée ! ...
Non ,
non, plus de v ie ! ...
P ou rquoi un chi en,
un ch eva l, un rat ont -ils la vie, quand tu
n'as même plus le souffle ? Oh ! tu ne
reviendras plus ! jamais , jamais, jamai s,
jamais , jamais! ...
Défaites-moi ce bouton,
je vous prie.
Merci , monsieur! Voyez-vous
ceci ? Rega rdez, là, rega rdez ...
Ses lèv res !
R ega rdez, l
à! Regardez, là! (Il expire.)
Traduit de
l
'an g lai s par
Françoi s
Victor Hugo,
Garnier
Flammarion ,
1964
Le duel d'Edmond et d'Edgar
NOTES DE L'ÉDITEUR
Shakes peare tire son inspira tion d'une
vie ille histoire galloise de la chronique de
Holin shed.
Les événement rapportés font
référence
à un passé loint ain , huit cents ans
ava nt Jés us-Chri st.
Dan s la chronique, le roi
L ear, souffrant de l'in gratitude de ses filles ,
a
llait c hercher appui ch ez l'une d 'elles,
Cordélia , la cadette, en Gaule, et, avec l
'aide
d e
son armée, re pr en ait so n royaume.
Mais s
ur cette intrigue,
à laquelle Shakespeare a
pr éféré
un dénouement tragique , s'e n greffe
une autre , tiré e de
L'Arcadie de Sidne y :
« La scène où Je comte de Gloucester a les
ye ux arraché
s, dan s Le Roi Lear, est seule
de son espèce
.( ...
) Elle a paru barbare et
1 Roger- Viollet 2, 3, 4, 5 illu str a tions s.
n ..
L'lllu srrari on théâtrale.
1904
le comte de Glou cester a deux fils dont
un bâtard; ce dernier l'a tromp é et
dépo ssédé de so n comté .
C'est l'autre ,
Edgar , qui, nég
ligean t l'inju ste conduite
passée de so n p ère e nvers lui,
Je sauvera .
C es deux
histoire s mettent en évidence deux
thème s fondamentaux
du roi Lear :
l '
ingra titude des e nfant s et le ur c ruaut é.
d e mauvai s goût aux classiques français,
comme à ceux d'Angleterre , et même aux
premiers romantiques
.( ...
) Mais on résiste
difficilement à sa puissance d'envoûtement,
on ne cesse jamais
del' aimer, on revient
t o ujours à [la pièce].
»Germaine Landré,
Le Roi L ear, préface , Garnier-Flammarion ,
1964.
SHAKESPEARE 07.
»
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