Le Rivage des Syrtes de Julien GRACQ (Résumé & Analyse)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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dans une sorte d'univers carcéral.
La mer, force héroïque, représente pour lui le salut par l'action.
L'encerclementpar l'île, l'évasion par la mer, sont conciliés dans l'épisode médian de Vezzano : l'amour de Vanessa et d'Aldo, c'est lemariage de la terre et de la mer, la rencontre des forces-symboles de la mort et de la vie.Avant le Rivage des Syrtes, cette magie des lieux avait dans Au Château d'Argol ou dans Un Beau ténébreux cemême pouvoir d'envoûtement.
• L'écriture : Gracq sait peindre ces paysages intérieurs où se réalise l'équivalence totale entre les états d'âme etles mirages des lieux.
Il rend à merveille l'opaque, le laiteux, le spongieux, le fuligineux.
La beauté du style confère àce roman une étrangeté qui plonge le lecteur au sein même des ensorcellements morbides des héros.
Plus que de raconter une histoire, ce que Gracq tente de faire dans Le Rivage des Syrtes, c'est de suggérer ununivers étrange.
D'où un goût du détail, des descriptions précises de l'état intérieur du héros, ainsi que certaineslenteurs, très étudiées, dans le mouvement même du récit.Né en 1910, marqué par le surréalisme, Julien Gracq (pseudonyme de Louis Poirier), s'est volontairement tenu àl'écart de la vie publique, refusant par exemple que ses romans soient publiés en format de poche.
1 • LE CONTEXTE
Influencé par le surréalisme et la doctrine du « rêve éveillé » selon Breton, Louis Poirier signe sous le nom de « JulienGracq » des textes envoûtants, nourris d'images insolites et mystérieuses.
Entre le roman et la poésie, son oeuvrese tient à l'écart des modes, des théories et du négoce littéraires, de ce que l'auteur appelle « la littérature àl'estomac ».
Aussi refuse-t-il le prix Goncourt qui lui est attribué en 1951 pour son troisième roman, Le Rivage desSyrtes.
2 • LE TEXTE
Dans l'attente d'une guerre larvée qui ne se déclare toujours pas, Aldo, le narrateur, est envoyé comme observateurdans la province des Syrtes, dans un paysage d'eaux mortes et de sables mouvants.
De l'autre côté de la mer setrouve la « zone interdite » du Farghestan, le nid d'une guerre froide dont nul ne se soucie plus...
jusqu'au jour oùAldo retrouve sur le rivage des Syrtes la princesse Vanessa Aldobrandi, dont il s'éprend.
L'influence de cette femmepassionnée et altière pousse Aldo à naviguer vers la frontière interdite, déclenchant l'hostilité de l'ennemi.
Rapatriésur sa terre d'Orsenna, il y trouve une tout autre atmosphère : la guerre est désormais inéluctable.
3 • LES THÈMES MAJEURS
L'attenteTout le récit est construit autour de l'attente d'un événement qui n'arrive pas et qui n'est pas censé arriver.
Cette «attente de rien » s'exprime dans le sentiment — toujours frustré — de l'imminence d'une catastrophe.
Lespersonnages, comme l'intrigue, flottent dans une espèce de torpeur et de non-engagement, d'expectative qui,comme chez Beckett et Buzzati, prend une dimension métaphysique.• Le paysageÀ défaut de relater des événements, l'auteur s'attarde sur la description d'un paysage trouble et inquiétant, qui faitoffice de refuge contre l'Histoire (la menace de guerre).
Toujours observé dans la « posture du guet », ce décoroppressant envahit la narration, au point de reléguer les personnages et le récit au second plan.• La fascination de la mortLa seigneurie d'Orsenna, lieu de l'action, baigne dans une atmosphère quasi apocalyptique.
La fascination de l'auteurpour les marécages, le pourrissement et la forteresse en ruine de l'Amirauté en témoigne.
De même, l'envieirrésistible d'Aldo de franchir cette zone interdite du Farghestan correspond à un « saut dans le vide » dont il saitqu'il peut lui coûter la vie.
4 • L'ÉCRITURE
4.
Une prose poétiqueLe mélange du rêve et de l'action, la multiplication des symboles (le réveil du volcan, par exemple, préfigure lareprise de la guerre), les longues descriptions de paysages teintés d'une étrange luminosité, le recours à des imagesrémanentes (l'engloutissement dans les eaux profondes de la mer) confèrent au récit une dimension irréelle.• Un style obsédantDans une esthétique du « suspens », Gracq joue de l'indicible et irrite les nerfs de son lecteur, en sollicitant sonattention mais sans rien lui dévoiler.
Cette « rétention » du sens s'exprime par l'emploi fréquent d'italiques, commepour signifier que l'information, secrète, nous sera donnée plus tard..
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