Devoir de Philosophie

Le Rameau d'or de Frazer

Publié le 06/04/2013

Extrait du document

rameau

Pour l'ensemble des anthropologues, Frazer a la fâcheuse tendance de transformer les données qu'il utilise, afin qu'elles s' inscrivent parfaitement dans les théories qu ' il construit à priori. James George Frazer (1854-1941) est considéré comme l'un des plus grands anthropologues anglais. Ses travaux - dont la pièce maîtresse est Le Rameau d'or, publié en 1890, mais revu et augmenté par la suite - lui valurent notoriété et honneurs ; il fut notamment anobli en 1914. Il trouva une précieuse collaboratrice en la personne de sa femme, qui traduisit ses oeuvres en français.

rameau

« Tlaloc, dieu mexicain de la pluie ~---- --- - EXTRAITS Les personnes taboues Dans la sociét é primitive, les règles de pureté rituelle, observées tant par les rois et chefs divins que par les prêtres, ont une stricte ressemblance avec celles qui sont imposées aux homicides , aux endeuillés, aux accouchées, aux filles nouvellement pubères , aux chas­ seurs, etc.

Au sens . du civilisé, ces classes de personnes se différen­ cient absolument de caractère et de condi­ tion ; nous nomme­ rions les unes sacrées, les autres souillées ou impures.

Il n'en est pas ainsi du sauvage qui ne fait pas, entre elles, de distinction morale ; che z lui ne s'est pas encore dégagée la conception de la différence entre le sacré et le profane ; pour lui, il existe un trait commun entre toutes ces personnes : elles sont des sources de danger pour autrui tout en étant elles-mêmes en danger .

Ce péril au­ quel elles s'exposent et exposent les autres, c'est la malveillance et la malfai­ sance des esprits et des fantômes.

La véritable nature des dieux La date à laquelle on fête une divinité fournit souvent une indication pré cieuse sur la véritable nature de celle ·qu'on adore .

Si la solennité est fixée à la nou­ velle lune ou au mom ent de la pleine lune, nous sommes portés à croire que l'être divin ainsi honoré est ta lune, ou qu'il pos­ sède des affinités lunaires.

En revanche, si c'est au solstice d'hiver ou à celui d'été qu'on célèbre un dieu, nous supposons fa­ cilement que ce dieu est le soleil, ou qu'il est en étroit rapport avec cet astre .

En outre, si les fêtes ont lieu à l'époque des semailles ou à celle de la moisson, nous en inférons que la divinité personnifie . la terre ou le blé.

Ces arguments pris isolément ne sont pas concluants, mais lorsque d'autres indications viennent les confirmer, on peut en tirer une hypothèse plausible.

Devient-on comme l'animal que l'on mange ? Alors que beaucoup de sauvages craignent de manger la chair d'animaux aux pieds lents , de peur de devenir lents eux-mêmes, les Bushmen de l'Afrique méridionale mangent exprès la chair de ces créatures ; la raison qu'ils en donnent montre un raffinement curieux de philosophie sau­ vage .

Ils s'imaginent que le gibier qu'ils poursuivent sera influen cé , par sympa­ thie , par les aliments qui se trouvent dans le corps du chasseur ; de sorte que s 'il avait mangé des animaux aux pieds lestes, le gibier serait fugace et lui échap­ perait ; tandis que s'il avait mangé des ani­ maux aux pieds lents, le gibier aussi serait lent , et il pourrait le rattraper et le tuer .

Aussi, les chasseurs de l'antilope oryx évi­ taient particulièrement de manger de la chair du springbok, preste et agile ; ils ne voulaient même pas le toucher de leurs mains, parce qu'ils croyaient que le springbok était une créature très vive, qui ne dormait pas pendant la nuit, et que s'ils man­ geaient du sprin gbok , l'antilope 1 oryx qu'ils chassaient renoncerait au sommeil, même pendant la nuit .

Comment l' attra­ peraient-ils alors ? Traduit de l'anglais par lady Frazer , Éd .

Paul Geuthner, 1923 Dionysos recevant l'offrande de deux ménades NOTES DE L'ÉDITEUR « On nous permettra de signaler que les hauts sujets dont traite Le Rameau d'or : naissance, vie, mort, immortalité, religion, etc., ne sont pas seulement offerts aux études des spécialistes et aux savants, mais grâce à la limpidité du style de James George Frazer, à la fois érudit et maître écrivain , ce volume s'adresse à la méditation du grand public.

» Paul Geuthner, Le Rameau d'or, préface, Paris, 1923.

« Avec d'autres intentions que celles de Frazer, Wagner a construit un univers mythique comparable à celui du Rameau d ' or, en ce sens qu' il reconstruit un récit - en particulier dans L' Anneau du Nibelung - à l'aide de motifs empruntés à la mythologie germanique et scandinave ancienne sur la trame de la Chanson des Nibelungen.

Et!' on peut se demander si, depuis le XIXe siècle, moment où la culture occidentale prend connaissance à la fois de sa propre mythologie la plus ancienne, celle des peuples indo-européens , et de la mythologie des peuples qu'elle découvre comme sauvages ou primitifs , c'est là la façon qu'ont désormais les mythes de se transmettre: dans les œuvres d'art et dans les œuvres à visées scientifiques .

» Nicole Belmont, Le Rameau d'or, introduction, Robert Laffont, Paris, 1984.

1 1 Har lingue- Violle t 2, 4 illu stra tio ns tir ées du Grand Livre des mytho logies, E ls e v ier S eq uo ia éd ., Par i s.

1976 3 Londre s, British M use um 5 ca binet des M éd a illes.

Paris.

B.N.

FR AZER 02. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles