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Le Premier Homme, un chef d'oeuvre inachevé

Publié le 30/12/2010

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Premier chapitre : un médecin accouche une jeune femme dans une ferme de l’Est algérien en 1913 et ainsi naît Jacques Cormery, fils d’Henry Cormery.  Le deuxième chapitre se passe, quarante ans plus tard, dans le cimetière de Saint-Brieuc où Jacques, le narrateur, s'incline sur la tombe d'un jeune homme tué le 11 octobre 1914 pendant la bataille de la Marne, d'un éclat d'obus : son père. Scène froide, propre, moment bizarre et poignant. Ce rendez-vous silencieux entre les deux hommes donne lieu à une double rencontre : celle de Cormery avec son passé (et l'absence du père à combler) mais aussi avec sa propre existence : «Quelque chose ici n'était pas dans l'ordre naturel et, à vrai dire, il n'y avait pas d'ordre mais seulement folie et chaos là où le fils était plus âgé que le père«. Cette folie, c'est évidemment la guerre, et le narrateur rapporte une conversation entre son père et ses camarades de combat : «Moi je suis pauvre, je sors de l'orphelinat, on me met cet habit, on me traîne à la guerre, mais je m'empêche«. Il s'empêche d'adhérer à cette morale de survie qui transforme les hommes en bêtes sauvages.   

« demi-sourde, grand-mère régnant en maitresse femme sur l'appartement d'Alger où la petite famille Camus se réfugieà la mort précoce du père...Camus se livre dans cette quête autobiographique qui culmine lors de la confrontation de Jacques, âgé maintenantdans le récit d'une quarantaine d'années, avec la tombe de ce soldat inconnu, ce père fauché à 29 ans : le choc deJacques est de comprendre que son père est plus jeune que lui.

Quête de l'identité, quête des fondements d'uneoeuvre aussi puisque la confrontation survient après le long parcours de Camus, la longue traversée de la vie en"étranger", la lutte contre l'absurde, le passage par la révolte et la solution de l'engagement au nom du sens...Dans le Premier Homme, l'inachèvement de l'oeuvre permet à la forme de refléter la quête identitaire fiévreuse deJacques Cormery, et en filigranes celle de Camus lui-même sans que l'achèvement du texte ne permette de fixer unsens définitif : c'est bien là toute la beauté d'une oeuvre publiée telle quelle, en gestation, sous forme de quête,emplie d'hésitations, de tâtonnements, de ratures, de contradictions...

elle ne peut que pousser le lecteur lui-mêmeà s'approprier de cette quête, bien plus qu'un essai philosophique sur la condition humaine, bien plus qu'un"bildungsroman" classique où le héros fait la découverte de son identité jusque là où l'auteur veut bien le mener, lePremier Homme est une expérience que le lecteur vit avec Camus, par le biais de Jacques Cormery...En hommage à Camus, mort sur la route de Sens...Albert Camus, Le premier homme, Folio Gallimard.Umberto Eco, L'oeuvre ouverte, Points Seuil 1979. Le Mot de l'éditeur :"Le 4 janvier 1960, une voiture de sport dérape sur la chaussée glissante et tamponne un platane.

L'accident faitplusieurs victimes parmi lesquelles Albert Camus, romancier, essayiste, dramaturge, journaliste, prix Nobel delittérature.

Dans les débris, on retrouve une serviette en cuir.

Elle contient un manuscrit, inachevé.

Ce projetautobiographique qui prend sa source dans une Algérie gorgée de soleil est entre vos mains, avec les notesd'intention de l'auteur, les phrases-aphorismes qui donnent le ton, les hésitations et les exaltations du livre à venir."Le premier homme" est le dernier Camus, émouvant et captivant." Très beau texte que celui-ci.

Un tete en forme d'autobiographie, Camus aurait sans doute lissé ces aspectsautobiographiques dans la version finale. On retrouve tout d'abord Camus en France sur la tombe de son père, une promesse qu'il avait faite à sa mère qui nefera jamais le déplacement.

Cela remue des souvenirs Jacques lorsqu'il retourne faire une petite à sa mère essaye derecueillir quelques éléments sur cet homme qui est son père, cet homme qu'il n'a pas connu et auquel on dit qu'ilressemble, difficile quête que celle-ci. Cette quête l'emmènera sur d'autres souvenirs, plus profonds, plus proches de lui: ceux de son enfance.

Enfancedans un quartier pauvre d'Alger avec une grand-mère au cheveu blanc qui régnait sur la maison et une mère d'unefragilité extrême, qui presque ne parle jamais, qui éreintée de ses ménages reste à regarder la vie qui passe par lecoin de la fenêtre. On revient sur ces moments de l'enfance, les pantalons trop courts, les souliers cloutés, l'école communale et puisle travail complémentaire en vue du lycée, la porte de sortie, l'avenir grâce à son instituteur qui a su déceler en luiquelque chose.

Sa passion avec Pierre pour la lecture tous types confondus, les périodes de retour à la maison à lanuit, les rêves, la cérémonie du lycée… tout ces souvenirs qui font de Camus ce qu'il est, ce qu'il a été. Premier chapitre : un médecin accouche une jeune femme dans une ferme de l'Est algérien en 1913 et ainsi naîtJacques Cormery, fils d'Henry Cormery.Le deuxième chapitre se passe, quarante ans plus tard, dans le cimetière de Saint-Brieuc où Jacques, le narrateur,s'incline sur la tombe d'un jeune homme tué le 11 octobre 1914 pendant la bataille de la Marne, d'un éclat d'obus :son père.

Scène froide, propre, moment bizarre et poignant.

Ce rendez-vous silencieux entre les deux hommesdonne lieu à une double rencontre : celle de Cormery avec son passé (et l'absence du père à combler) mais aussiavec sa propre existence : «Quelque chose ici n'était pas dans l'ordre naturel et, à vrai dire, il n'y avait pas d'ordre. »

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