Le Poème du Rhône de Mistral (résumé & analyse)

Le Poème du Rhône

Mistral l’a reconnu : ce n’est pas en courant après la mode qu’il a rencontré le « vers libre », c’est en lisant la Divine Comédie. Cette découverte rejoignait une lassitude : « Lorsqu’on a pondu vingt ou trente mille vers », écrit Mistral à un journaliste du Figaro, « on finit par s’apercevoir que les mêmes rimes vous rivent plus ou moins aux mêmes images et aux mêmes idées ». C’est donc de ce nouveau débat — intérieur — entre la rime et la raison que sont nés les vers tant admirés, décasyllabes féminins à césure épique, du Poème du Rhône.

Synopsis. — Patron Apian, élu « roi du Rhône » par la corporation des bateliers condrillots, descend le fleuve sur son Caburle, de Condrieu à Beaucaire. A son bord, il emmène un prince hollandais de la famille d'Orange, Guillaume, qui souhaite retrouver le berceau historique de ses illustres ancêtres. Personnage sensible et quelque peu poète, il rêve d'amour et de légende. Quand l'Anglore monte sur le bateau, il croit voir se concrétiser la grande aventure de sa vie. Cette jeune fille qui cherche des paillettes d'or dans le sable du Rhône, ravissante et mystérieuse à souhait, vit aussi de fantasmes, comme du souvenir de ce « Drac » (dragon), monstre du Rhône et séducteur de vierges, image amalgamée de ses craintes et de ses désirs. Le Prince et l'Anglore se berceront de leur mélancolique amour au fil des eaux du Rhône jusqu'à ce que le fleuve les unisse dans la mort : un bateau à vapeur coupe la voie au Caburle qui va heurter une pile du pont; l'équipage est sauvé du naufrage, mais les amoureux disparaissent, engloutis par le Rhône ou emportés par le Drac...