Le personnage d'HÉRODE dit le Grand

Dans la Mariamne  ( 1636), tragédie en cinq actes de Tristan l’Hermite, Hérode est un tyran balancé entre la crainte de perdre son trône et la passion qu’il porte à Mariamne. Maître de son corps, il voudrait pouvoir enfin disposer de son âme, mais le hautain refus qu’elle lui oppose et les sarcasmes dont elle le couvre le poussent presque à la déraison. Le soupçon qu’elle a pu le tromper attise sa colère au point de le décider à donner l’ordre de la faire mourir, mais il n’a pas plutôt donné cet ordre qu’il s’en repent et rêve de parvenir à fléchir Mariamne. Cependant, on vient lui annoncer que sa volonté, trop promptement obéie, a déjà été exécutée et que Mariamne est morte. Alors, dans un délire de remords et de passion où son esprit, bouleversé par le malheur, atteint les limites de la folie, il finit par

Auteur lui aussi d’une Mariamne (1724-62), Voltaire voit dans Hérode l’aventurier parvenu au pouvoir suprême grâce à une suite de crimes et de bassesses et hanté par la crainte d’être renversé par les mêmes moyens. Le ressort tragique du personnage est dans le conflit entre cette crainte panique et l’amour qu’il nourrit pour Mariamne, qu’il ne peut cependant s’empêcher de suspecter elle aussi.