Le personnage de TESTE (Monsieur). Paul Valéry

TESTE (Monsieur). C’est très jeune, à Montpellier, que Paul Valéry éprouva le besoin de créer, comme pour son usage personnel, ce « personnage de fantaisie ». En une vingtaine de pages, la soirée avec M. Teste — Monsieur Test (1896-1929) —, il en donne les repères majeurs. Durant toute sa vie, à intervalles plus ou moins réguliers, il s’en servira, sans toutefois l’enrichir, tant ces quelques pages d’ouverture sont incomparables. M. Teste ressemble à un homme mais n’en saurait être un, d’aucune manière. C’est le sort de tous les personnages qui rassemblent en eux plusieurs moments exceptionnels d’une existence possible, sans en assumer, devant nous, les relais d’énergie. Valéry en retient les quelques paroles, la plupart incohérentes — il se parle —, certaines manies, un léger ronflement dans le sommeil. On voit M. Teste dans la rue, au restaurant, à l’opéra ; il s’intéresse aux cours de la Bourse. Bref, l’auteur l’humanise autant que nécessaire. Nous ne connaissons Teste, finalement, que par personne interposée : le narrateur de la Soirée, sa propre femme, un ami. Les quelques extraits de Log-Book qu’il nous livre nous renseignent plus sur Valéry que sur lui-même. En tait, il n’existe pas, à moins que ce ne soit le contraire : que tout le monde autour de lui ne s’agite, ne jouisse et souffre en vain.