Le personnage de Leopold BLOOM de James Joyce

petites annonces qui l’oblige à d’humiliantes démarches auprès des quotidiens, notamment l'Homme libre. Bien entendu, en réaction contre cette infortune, le personnage ne cesse de caresser des plans grandioses ; quand il ne verse pas dans les rêveries érotiques, il songe à retourner vers ses terres d’origine, vers l’Orient dont un prospectus, relevé par hasard, vante les plaines fertiles et les cultures d’orangers. A ces caractères grotesques, Bloom joint enfin une conscience aiguë de son judaïsme, qui se traduit pour lui par quelques qualités: l’esprit de spéculation, la curiosité, la gentillesse, l’humanisme utopique et le sens de l’économie, mais qui lui fait cruellement sentir, au milieu des Irlandais braillards et vindicatifs, sa permanente situation d’exilé.

Tout ce passé, toutes ces caractéristiques, nous ne les découvrons que peu à peu, à travers les monologues intérieurs, les avatars, rencontres et conversations du bonhomme, au cours de la journée du 16 juin 1904 que le livre entier a pris pour cadre temporel. Comme le héros se réduit, en somme, aux faits et gestes qui marquent ce « Bloomsday » et aux symboles qui les soulignent, il est important de suivre heure par heure ses pérégrinations. Mais il convient aussi, pour les comprendre, de se souvenir d’un autre personnage, Stephen Dedalus