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Le personnage de JULIETTE [Juliet].

Publié le 23/10/2017

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JULIETTE [Juliet]. Cette amoureuse. de quinze ans apparaît pour la première fois, ainsi que Roméo (aussi Montaigu), dans une nouvelle italienne de Luigi da Porto ( 1485-1529), Juliette et Roméo, elle-même inspirée du Novellino de Masuccio de Salerne, et le même thème fut repris dans les Nouvelles de Matteo Bandello. Mais il fallut attendre le Roméo et Juliette ( 1597) de Shakespeare, pour que la figure de l'héroïne acquière ses contours definitifs. Si l'on admet que Roméo trouve en Pyrame un devancier, Juliette peut être comparée à Thisbé — Pyrame et Thisbé. Leurs passions diffèrent cependant : alors que Pyrame et Thisbé, tendus vers leur mutuel sacrifice, s’aiment d’un amour qui défie la mort, Juliette et Romeo sont unis par l’émerveillement qu’ils éprouvent devant la révélation de l’amour. C’est pourquoi l’idee de mourir ensemble, loin de les effrayer, leur paraîtra à la fin toute naturelle. Juliette est, en effet, le type de l’amoureuse adolescente aux yeux de qui les attraits de l'aime palissent devant l'intensité d’un sentiment éprouve pour la première fois. Non moins ardente est la passion de Roméo, mais tandis que le jeune homme se complaît en un climat de rêve qui l’arrache aux réalités de la vie quotidienne, Juliette se montre, face au bonheur, dans toute sa plénitude et sa complexite de femme, avec sa finesse sa sensualité, son sens pratique, son intuition. Ainsi, lorsque Roméo surprendra l’aveu passionné que, de son balcon, elle fait a la nuit, Juliette dédaignera d’en rougir (II, 2, 88 suiv.). Cette santé qui est l’essence même du caractère de Juliette, sa façon tout instinctive de voir dans l’amour une joie parfaite qui se nt de tous les obstacles l’ont placée sous le signe du bonheur, et non pas de la pitié. Dans sa bouche les préciosités se muent en poésie subtile ; « Viens, gentille nuit !... donne-moi mon Roméo ; et quand il devra mourir / Prends-le et coupe-le en petites étoiles. / Et la face du ciel il la fera si belle / Que le monde sera amoureux de la nuit / Et ne rendra plus culte à l’éclatant soleil.» Il n’y a, en Juliette, nulle trace de ce pathétique larmoyant propre a tant d’héroïnes du romantisme qui se reclament d’elle. Sa mort tragique, loin qu’on la doive mettre au compte de ses malheurs, apparaît surtout comme ‘le dénouement fatal de la haine réciproque des Capulet et des Montaigu. Juliette, jusqu'à la fin, demeure souriante. Elle n’est faite que pour le bonheur.

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