Le personnage de ISEULT la blonde

ISEULT la blonde. Tristan et Iseult sont les héros d’une très ancienne histoire d’amour et de mort, la plus touchante que nous ait léguée le Moyen Age ; anciens et modernes l’ont racontée bien souvent. On en doit sans

doute la première version (depuis longtemps perdue) à Chrétien de Troyes ; vinrent ensuite, pour ne citer que les principales, celles de Thomas — Tristan (1170) —, de Béroul, de Gotfried de Strasbourg et le Lai (1180) de Marie de France, le Chèvrefeuille. Enfin Richard Wagner a fait revivre Iseult et, de nos jours, l’érudit Joseph Bédier a raconté son histoire en grand poète — le Roman de Tristan et Iseult (1900). Iseult introduit dans l’univers des héroïnes une Figure nouvelle, inconnue de la tradition classique de l’Antiquité, laquelle semblait pourtant avoir épuisé toutes les représentations imaginables de la femme. Iseult est l’épouse coupable de s’abandonner à la fatalité, à l’enchantement de l’amour, mais qui demeure anxieusement attachée à son honneur de femme et d’épouse, oscillant sans cesse entre l’ivresse de la passion et les remords. Un philtre a provoqué sa passion invincible pour Tristan ; c’est ce qui le lui a rendu subitement si cher, alors que ses sentiments étaient jusque-là partagés entre la haine et l’affection. On pressent déjà, dans cette alternance, l’amour que le philtre fera éclater magiquement (le philtre révèle symboliquement ce que contient le cœur des humains). Dès cet instant fatal, Iseult vit deux existences distinctes: celle de l’amante passionnée, toute en élans lyriques, en ardeur sensuelle et en abnégation sublime, allant jusqu’au sacrifice total de soi pour l’aimé, et la vie de l’épouse imbue du sens du devoir, de la morale et du respect traditionnel dû à l’époux. Iseult est très proche de Guenièvre