Le personnage de HARPAGON

simple modification dans la mise en scène m’a permis d’atténuer le reproche fait à Harpagon, s’adressant à l’assistance, de lui faire prendre part à l’action. Harpagon, au paroxysme de son désespoir, congestionné par le sang qui lui monte à la gorge et dans l’effroi de disparaître sans son or, se voit trépasser et réellement mis au tombeau. Un bruit qu’il croit entendre le réveille de ce cauchemar, mais une nouvelle hallucination lui crée la vision de personnages imaginaires qui semblent se dresser devant lui et le poursuivre de leurs risées. De quelque côté qu’il se tourne, il sent se resserrer le cercle diabolique, et c’est de toutes parts une multiplication du visage de son voleur. Il fuit en menaçant ces fantômes ricaneurs de les faire pendre, et finalement disparaît en s’écriant : « Et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après. » Cependant, nous l’avons vu, Harpagon dispute à son fils la main de la jeune et jolie Mariane qu’il souhaite épouser. Pour ce faire, il a recours aux bons offices de l’entremetteuse Frosine, personnage renouvelé du théâtre antique. Vénale, à l’affut de tout profit, experte selon son propre dire «dans l’art de traire les hommes», elle mène de front l’intrigue du père et du fils, finit par opter pour la jeunesse et dresse à cet effet

un plan mirifique, avorté d’ailleurs avant d’être mis en pratique. Heureusement Harpagon, pour se faire rendre sa cassette dérobée,

HARPAGON. Quand une œuvre comme l'Avare (1668) de Molière, — également article « avare » dans le présent dictionnaire —, a survécu à l’épreuve de trois siècles, au choc de plusieurs révolutions littéraires, discutée sous tous ses aspects par les esprits les plus divers, il ne reste guère aux futurs commentateurs que le risque de répétitions inutiles. On a donc préféré ici, sans vouloir empiéter sur tant de judicieuses et savantes études, exposer le point de vue, peu sollicité bien que légitime, «de l’acteur».