Le personnage de BOUVARD et de PÉCUCHET

BOUVARD et PÉCUCHET. Héros du roman qui porte leurs noms (1881) et qui, dans les projets de Gustave Flaubert, fut parfois désigné par ce titre « les Deux cloportes », définissant assez bien les personnages, deux copistes que le hasard réunit sur un banc du boulevard Bourdon, un soir accablant de canicule. Ils se lient bien vite d’une amitié d’autant plus solide qu’ils ont les mêmes goûts et que, par leurs contrastes mêmes, leurs caractères se complètent en s’opposant. Ils rêvent tous deux de se retirer à la campagne. Bientôt la mort d'un oncle instituant Bouvard son légataire universel va leur permettre d’atteindre ce bonheur inespéré, Pécuchet, étant lui-même parvenu à l’âge de la retraite. Ceci se passe en 1839. Ils achètent un domaine à Chavignolles en février, s’y installent au printemps. Leur fermier ne leur donnant pas satisfaction, ils

premier, le second devant être la «copie », vraisemblablement faite de citations baroques, recueillies par les deux compères au cours de leurs lectures. Dans quel dessein, pour quel objet ? Flaubert nous les a présentés d’abord comme deux esprits incultes, mais au cours de son récit, il les montre acquérant petit à petit un sens critique qui leur manquait. « Ils constatent la bêtise de ceux qui les entourent et ne peuvent plus la supporter. » Les notes laissées par Haubert nous montrent une intention satirique évidente dans le choix des citations qu'ils assemblent. Il est possible aussi que le Dictionnaire des idées reçues fût incorporé à cette copie. Quant au dessein profond de Flaubert, ce n’est pas, comme on l’a trop dit, le proces de la science qu’il a voulu faire, mais bien le procès du faux savoir: il a voulu montrer le danger que font courir au monde les apprentis sorciers qui, croyant connaître ce qu 'ils ignorent, deviennent de ce fait infiniment dangereux.