Le Pays où l'on n'arrive jamais
Publié le 30/03/2013
Extrait du document
Jusqu'où ira Gaspard, le petit forain, enfant épris d'aventure et conquis par celle que lui propose son étrange compagnon ?
«
« Gaspard aperçut un
petit bateau échoué.
»
EXTRAITS ~~~~~ ~ ~~
Un drame évité de justesse
Lorsque Gaspard eut dix ans, il fut le héros
d 'un
nouveau drame manqué.
C'était un
jeudi d'automne, et il s'était sauvé pour
aller cueillir des cham
pignons dans le bois voi
sin.
Il
avait jeté sur son
épaule un sac en poil
de chevreuil.
La feuille
n'était pas tombée et il ar
riva qu'un chasseur le
prît véritablement
pour un
chevreuil dans la confu
sion du taillis.
Le chas
seur était M.
Steille, un
avocat, hôte du notaire.
Il
chassait
en compagnie du
notaire et de deux amis
autour d'une vaste en
ceinte.
On avait lancé les
chiens,
sans savoir que
Gaspard avait pénétré
dans l'enceinte , et, lors
que l'avocat aperçut soudain le sac de
Gaspard, il épaula et tira.
Par bonheur, au même instant, le chasseur,
saisi d'un doute, avait relevé son arme.
Comme il pressait sur la détente , il eut l'idée
qu'il était impossible qu 'un chevreuil se tînt
immobile, alors que les chiens
jetaient déjà
leurs abois,
et ce pressentim ent le fit trem
bler juste assez pour dévier le coup.
La balle
effleura la tête
de Gaspard, où elle traça un
léger sillon sanglant.
Gaspard rencontre Théodule Residore,
un personnage excentrique
immensément riche.
En outre, ce garçon
veut m'envoye r à Anvers, par quels moyens,
mon Dieu ?»
-Si vous ne savez pas jouer, cela ne fait
rien, dit Théodule.
J'aime bien gagner.
A quoi bon répondre
puisqu 'il n'entendait
à peu près rien, malgré son assurance ? Le
soir venait .
Théodule Residore devait être
assez avare, malgré sa générosité, car il
n 'a lluma
pas l'électricité, et il fallut ache
ver une troisième partie, le nez
sur le damier
pour distinguer les pions noirs.
Gaspard se rend compte que Drapeur
est une fille
D'a bord Gaspard avait cru que les hommes
parlaient de la femme qui
accompagnait l'enfant sur
le bateau.
Les derniers mots
de Jacques Parpoil l'assu
raient avec une certitude
brutale que cet enfant à
l'allure sauvage et aux
beaux yeux était une fille.
Comment ne s'en était-il
pas douté ? Et vraiment ne
l'ava it-il pas pressenti sans
se l'avo uer, s urtout à ces
moments où il se souvenait
de ses yeux clairs ? L 'e nfant
avait tout à fait l'allure
d'un ga rçon et sa cheve
lure ,
plus longue qu'il ne
conv ient, ne lui donnait pas
un air de fille.
Ses lèvres,
son
front et tout son visage,
malgré la beauté des traits,
gardaient un accent fa
rouche et sans douceur.
«Dans quel monde suis-je tombé ? songeait
Gaspard.
Moi, que
ma tante vouait à la rou
tine, j'ai
été emporté par un cheval pie, en
voyé ici par un coiffeur baroque, et voilà
que je joue aux dames avec le fils d'un col
lectionneur de moustaches de chat,
qui est
Mais certainemen t les yeux trahissaient une
t e
ndr esse inconnue.
« Le cheval sauta par dessus un éventaire de lég um es.»
Éditions« J'ai lu », 1988
NOTES DE L'ÉDITEUR
André Dhôtel, né en 1900 à Attigny, dan s
les Ardennes, vit d'abord à
Paris pour y
étudier mais aussi y enseigner.
De 1924 à
1928, il occupe un poste de professeur
à
l'Institut d'études françaises à Athènes, puis
rentre en France où
il enseigne la
philosophie.
Il obtient en.1955 le prix Femina pour son
roman
Le Pays où L'on n'arrivejamais, qui
s'inscrit dans une œuvre variée comptant
plus de vingt-cinq romans, des récits, des
nouvelles, des contes, des poèmes et des préface
s.
Outre ses
romans -dont il faut
citer
Campements ( 1930), L e Village
pathétique
(1943), Nulle part (1943), Le
Plateau de Mazagran
(1947), David (1948),
Ce lieu déshérité (1949), Les Chemins du
l ong voyage
(1949), Les Premie rs Temps
(1953) -A ndré Dhôtel pratique d 'autres
genres littéraires comme la nouvelle :
Ce
jour-Là (1947), La Chronique fabuleuse
(1955), Idylles (1961 ) et l'essai : il en
consacre plusieurs
à Rimbaud : L'Œuv re
Log ique de Rimbaud (1933), Rimbaud et La
révolte modern e (1952), La Vie de Rimbaud
(l 965).
Les titres de ses livres sont
1 Lipnitzki-Violl et 2 , 3 , 4 illu str a tions de Je an Resc ho fsky, Hac he tte, 1956 / B .N.
évocateurs de la philosophie qu ' il professe
à l'égar d du monde : goût du vagabondage
et de la nature -
il se plaît à décrire les
plantes, les anjmaux, la terre -minutieuses
observations sur le cœur et l
'ave nture
hum aine .
Ses personnages baignent dans
un halo de mystère et semblent rêver
à un ailleurs toujours possible .
Cette
certitude du bonheur perdu, mais
toutefois à port ée de main, nous ouvre
le s portes du rêve et témoigne d'une
philosophie sage et confiante dans
la nature .
DHÔTEL 02.
»
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