Le Paradis perdu de Milton
Publié le 09/04/2013
Extrait du document
OEuvres de John Milton (1608-1674): L' Allegro et Il Penseroso parurent dans le premier recueil de Milton, en 1632. Nous savons que la première édition du Paradis perdu ( 1667), tirée à 1 500 exemplaires, rapporta au poète cinq livres d'avance et quelques droits sur la vente, et qu'en avril 1669 il s'en était vendu 1 300 exemplaires. La seconde édition parut en 1674, la troisième en 1678, la quatrième en 1688. Le Paradis reconquis, écrit entre 1667 et 1671, fut publié en 1671 en même temps que Samson le Lutteur.
«
« Mets sur ma langue
un peu de ce miel
séducteur /
Qu'en des
vers tout trempés d'une
amoureuse
ivresse/ Versait du sage roi la
langue enchanteresse ; /
Un peu de ces discours
grands, profonds
comme toi, /
Paroles
de délice ou paroles
d'effroi, / Aux lèvres
de Milton incessam
ment écloses, / Grand
aveugle dont l'âme a su
voir tant de choses
! »
(André Chénier, Suzanne).
« Tel est le lieu que
l'Éternelle Justice
prépara pour ces
rebelles ; ici elle
ordonna leur prison
dans
les Ténèbres
Extérieures ...
»
EXTRAITS
Et Dieu créa la femme
La forme toujours éclatante devant laquelle
je m'étais tenu éveillé ;
Et cette forme, se baissant, m'ouvrit le côté gauche, y prit
Une côte toute chaude des esprits du cœur
Et du sang de
la vie coulant frais ; large était la blessure,
Mais soudain remplie de chair et guérie.
Cette côte,
il la f arma et façonna avec ses mains ;
Sous ses mains créatrices grandit une créature,
Pareille à l'homme, mais
de sexe différent,
si agréablement belle
Que tout ce qui semblait beau dans le monde
maintenant semblait
Inférieur, ou réuni en elle, contenu en elle
Et dans ses regards qui depuis ce temps ont épanché
Dans mon cœur une douceur jusque-là inéprouvée ;
A toutes choses son air inspira
L'esprit d'amour et un délice amoureux.
Livre VIII
« Satan élève une si grande voix, que tout le creux de l'enfer en
rententit.
»
Fidèle à son dessein
Adam d'un baiser pur
Presse les lèvres de la mère des hommes.
Le démon détourne la tête
D'envie ; toutefois d'un œil méchant et jaloux
Il les regarde de côté et se plaint ainsi à lui-même :
« Vue odieuse, spectacle torturant ! Ainsi ces deux êtres
Emparadisés dans les bras l'un de l'autre,
Eden plus heureux, jouiront à plein
De bonheur sur bonheur, tandis que moi
je suis jeté en enfer,
Où ne sont ni joie ni amour, mais où le farouche désir,
De nos tourments non
le moindre,
Jamais rassasié , se consume dans la souffrance de la passion.
Mais que
je n'oublie pas ce que j'ai appris
De leur bouche.
Il paraît que tout ne leur appartient pas;
Un arbre fatals ' élève ici, appelé l'arbre de la science,
Auquel il leur est défendu de goûter.
La science défendue
! »
Naïf fruit de la tentation
Livre IV
De quoi donc ai-je peur ? ou plutôt sais-je ce dont je dois avoir peur
Dans cette ignorance du bien et du mal,
De Dieu ou de la mort, de la loi ou de la punition
?
Livre IX
Traduit de l'anglais par Pierre Messiaen.
NOTES DE L'ÉDITEUR mangeras ton pain à la sueur de ton front ;
tu déchireras péniblement le sein de
la
terre ; sorti de la poudre, tu retourneras en
poudre.
-Femme, tu enfanteras avec
douleur."
de termes, et l'art rentre dans le néant.
»
Chateaubriand, Le Génie du christianisme.
« Dieu envoie son Fils pour juger les
coupables : le
juge descend ; il appelle
Adam : " Où es-tu ? " lui dit-il.
Adam se
cache.
-
"Seigneur, je n'ose me montrer à
vous, parce que
je suis nu.
"
-" Comment sais-tu que tu es nu ? Aurais
tu mangé du fruit de science
? "
Quel dialogue ! cela n'est point d'invention
humaine.
Adam confesse son crime ; Dieu
prononce
la sentence : " Homme ! tu
l co ll.
Viollet 2, 3, 4 dessins de J.
Martin/ Explorer
Voilà l'histoire du genre humain en
quelques mots.
Nous ne savons pas si le
lecteur est frappé comme nous ; mais nous
trouvons dans cette scène de
la Genèse
quelque chose de si extraordinaire
et de si
grand, qu'elle se dérobe à toutes les
explications du critique ; l'admiration manque
« Par contre c'est l'accent épique de sa
poésie qui a retenu l'attention de
la plupart
des critiques qui, à travers le
xrxe siècle,
de Laharpe
et Mme de Staël à Villemain et
à A.
Pichot, de Saint-Marc Girardin et Vinet
à Taine, à Scherer,
et à Joseph Texte, pour
ne citer que les principaux, ont entrepris de
commenter
Le Paradis perdu.» Lattre ,
Milton, édit.
Montaigne, 1972.
MILTON02.
»
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