Le Mémorial de Sainte-Hélène
Publié le 07/04/2013
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Il existe d'autres relations de l exil impérial : le Journal de Gaspard Gourgaud, les Cahiers de Sainte-Hélène d'Henri Gatien Bertrand, le Napoléon en exil du médecin de l'île, Barry Edward O'Meara, ou encore le récit du commandant du « Bellérophon. Ce livre historique, sous-titré Journal où se trouve consigné, jour par jour, ce qu'a dit et fait Napoléon, inspira Goethe lorsqu'il rédigea Conversations avec Eckermann, mais aussi des romanciers tels que Stendhal ou encore Musset dans ses Confessions d'un enfant du siècle.
«
Les am is fid èles de l'E mp ere u r cé lè b r ent sa fê te e n lui offr ant un portrait de son fils
La s C ases fait partie des quatre
compagnon s choisis
Au matin, le duc de Rovigo m'apprend que
je suis décidément du voyage de Sainte
Hélène ;
J' Empereur, en causant, lui avait
dit que,
si nous devions n'être que deux à
le suivre, il comptait encore que je serais
du nombre ; qu'il attendait de moi de J' uti
lité
et de la consolation.
Je dois à la bien
veillance
du duc de Rovigo la douceur
de connaître ces paroles de J' Empereur :
j'en suis reconnaissant ; sans lui, elles
me seraient tou
jours demeurées in
connues.
A
moi ,
J' Empereur n'avait
rien répondu quand
nous avions traité ce
sujet ;
c'est sa ma
nière : j'aurai plus
d'une fois l' occa
sion de le montrer .
Je ne
me trouvais de
véritable connaissance avec aucun de ceux
qui avaient suivi
l' Empereur, si j'en excepte
toutefois le général Bertrand et sa femme,
dont
j'avais été comblé dans ma mission en
Illyrie , où
il commandait en qualité de
gouverneur général.
Napol éon a m ême pensé à se suicid er
» Mon cher, a-t-il continué, j'ai parfois
l'envie de vous quitter et cela n'est pas bien
difficile ; il
ne s'agit que de se monter un
tant soit
peu la tête, et je vous aurai bientôt
échappé, tout sera fini,
et vous irez rejoindre
vos familles ...
«D'autant plus que mes principes intérieurs
ne
me gênent nullement ; je suis de ceux qui
croient
que les peines de /'autre monde
n'ont été imaginées que comme supplément
aux attraits insuffisants qu'on nous y
présente .
Dieu ne saurait avoir voulu un tel
contrepoids
à sa bonté infinie, surtout pour
des actes tels que celui-ci.
Et qu 'est -ce après
tout ? Vouloir lui revenir un
peu plus
vite.
»
Je me récriai sur de pareilles pensées.
Le
poète, le philosophe avaient dit que c'était
un spectacle digne des
dieux que de voir
J' homme aux prises avec /'infortune ; les
revers
et la constance avaient aussi leur
gloire ; un aussi noble
et aussi grand
ca ractère ne pouvait pas s'abaisser au
niveau des dmes les plus vulgaires ; celui
qui nous avait gouvernés avec tant de
gloire, qui avait fait
et/' admiration et les
destinées
du monde, ne pouvait finir comme
un joueur au désespoir ou un amant trompé.
L'E mp ereu r abord e to u s les s ujets
au hasard des con v ersation s
Cela a conduit l' Empereur à s'étendre sur
notre esprit léger,fu
gitif.
changeant.
« Tou s
les Français, a-t-il dit, sont frondeurs,
turbulents; mais non conspirateurs, encore
moins conjurés.
Leur légèreté est tellement
de nature, leurs variations
si subites, qu'on
ne pourrait dire qu'elles les déshonorent :
ce
sont de vraies girouettes au gré des
vents ; mais ce vice chez eux est sa
ns cal
cul; et voilà leur meilleure excuse.
Du reste,
il
est bien entendu que nous ne parlons ici
que de la masse ; de celle qui compose l' opi
nion ;
car des exemples individuels , au
contraire, ont fourmillé dans nos derniers
temps, qui couvrent certain es classes d'
un e
abjection dégoûtante.
»
C'est la mort qui
délivrera Napoléon
d e so n exil forcé
à Sainte -Hé lè n e,
leS mai 1821
,
NOTES DE L'EDITEUR Le mérite de Las Cases est d'avoir su enchaîné sur le rocher de Sainte-Hélène.
A
la colère et à l'indignation qui avaient suivi
l'effondrement
du régime impérial s'était
substitué
un s entiment de compassion pour
l'exilé dont on évoquait avec nostalgie les
victoires.
Dans ce renversement de
l'opinion, un livre a joué un rôle décis
if:
« L'Empereur est là, tel qu'il voulut être à
Sainte-Hélène , attentif à la fois " aux
regards de
l'Univers" et aux impressions de
son interlocuteur, p renant la pose pour la
postérité, assez li
bre pourtant, et sans doute
plus
vraimeqt l u i-même qu'au temps des
Tuileries et de Fontainebleau.
» André
Maurois, cité dans l'introductio n
du
Mémorial de Sainte-Hélène, Gallimard,
1956.
faire
parler
Napoléon: « Voici l'essentiel:
Las Cases, lorsqu'il n'est plus le seul à
écrire sous la dictée, ne se borne pas
à ce
journal de la captivité: il suscite d'amples
conversations à bâtons rompus ;
il
questionne, il dialogue discrètement.
»
Jean Prévost , introduction, op.
cit.
« Quinze ans après la chute de l'Empire, la
légende de
l'Ogre s'était en effet effacée
devant l'image du nouveau Prométhée,
Le Mémorial de Sainte -Hélène.
( ...
) Traduit
dans toutes les langues
de l'Europe, ce fut
le plus grand succès de librairie du début du
siècle.
» Jean Tulard, introduction du
Mémoria l, Le Seuil , 1968.
1.
»
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